A Jamais.
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A Jamais.
j’ai un goût de fer dans la bouche le fluide empoisonné qui dégouline de mon crâne et imprègne mon âme les membres fatigués teintés d’un désir furieux : la caresse froide de l’oubli éternel tandis que je marche dans les brumes de ton amour
*
dernières braises
le grand brasier n’est plus qu’un tas de
cendres fumantes
mais il a brûlé jusqu’aux étoiles si
lointaines
si haut si fort il a englouti chaque bûche
de la forêt commune jour après jour & nuit après nuit
maintenant c’est la brume
&
envahit mon
cerveau fatigué
j’ai la Foi : elle s’est encrassée
je m’engage sur un nouveau sentier je ne
sais pas quand il s’est glissé sous mes pas un nouveau sentier sans l’odeur
rassurante de l’âme douce amie un sentier hors de ton sentier il me semble que
j’aimerai tant qu’ils se croisent encore & encore & qu’ils fusionnent
encore & encore & qu’ils vivent ensemble & encore & encore
& le spectre de nos corps de nos esprits
le parfum magnifique de Notre Vie les souvenirs de nos bonheurs
je les garde comme les plus précieux des trésors ancrés à jamais dans les anfractuosités perdues de mon âme éreintée d’aimer mais j’aimerai toujours sans pitié
à jamais
*
Cassiopée
parmi toutes les étoiles embrasant nos
rêveries nocturnes, parkings en couture de nos corps, constellations de nos
mémoires mêlées, tu te rappelles ?
tu te rappelles de Cassiopée ?
sous son regard, évanouis sur les chemins de
l’extase
Cassiopée veille sur les nuits des amants gardienne
sauvage de leurs amours éphémères si beaux nous nous sommes aimés sous le
regard de Cassiopée, au moins autant qu’Orphée et
Eurydice
(seule dans les Enfers perdu-e-s sous la hache du monde)
Adonis et Aphrodite,
la Lune
et le Soleil,
ou Suffolk et Marguerite,
et tous les amants sublimes depuis l’aube
naissante de la Terre qui nous porte
mais nous, les poètes ne nous raconteront pas : le temps des mythes est révolu, dissous dans le voile morne de la réalité quotidienne
l’éternité n’est bonne que pour les dieux et
les rêveurs – les idiots naïfs
mais qu’importe
qu’importe les poètes et la mémoire des livres
qu’importe, puisque Cassiopée nous a contemplés
& c’est une richesse si précieuse gravée à jamais dans mon corps
avec la lame inébranlable de nos vies qu’elle balaie jusqu’aux mythes les plus
lointains
c’est la lumière extatique de ces souvenirs
et de ceux
avenir
qui m’extirpe des ténèbres et éclaire l’à venir
aujourd’hui les étoiles s’éteignent lentement
mêlées à cet au revoir acide aux effluves aigre-doux
voilà ma maison plongée dans le silence
à jamais.