La rue m’appelle
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La rue m’appelle
La rue m'appelle, j'entends ses rires, ses cris, ses larmes. Elle m'interpelle par son vacarme impersonnel qui ne manque pas de charme. La rue m'appelle, entre les tours, nuit et jour, elle fait la belle et m'ensorcelle sous les projos des réverbères ; jeu de lumière comme une parure de précieuses pierres. La rue m'appelle, m'arrache à cette vie en sommeil sans soleil ni merveille. La rue m'appelle, résonnent les klaxons des bagnoles et leurs sirènes. Les cylindrées ronronnent, comme des lionnes apprivoisées vautrées sur le bitume, et enfument les éveillés. Ça sent l'huile et la friture, la street-food et ses ordures... ça sent la poudre, la foudre et la luxure. La rue m'appelle, du haut de ses talons aiguilles, collants effilés et bas résille, elle tend les bras en mâchant du chewing-gum, le sac en bandoulière, dégainant comme personne sa coquetterie vulgaire ; le maquillage en cache-misère. La rue m'appelle, café en terrasse, je bois la tasse et me noie sous la surface. La rue m'appelle, j'entends ses clameurs, taguées par des rêveurs et des branleurs, à la volée sur les murs et les pavés ; l'écrit du cœur d'une génération d'écœurés. La rue m'appelle, baskets aux pieds, jogging pression, je me laisse emporter, dodelinant de la tête au milieu des pigeons.