Mémoires d’Hadrien (1951) Marguerite Yourcenar
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Mémoires d’Hadrien (1951) Marguerite Yourcenar
L’amour comme fil rouge d’une existence exemplaire
Commencé en 1924, alors qu'elle avait à peine plus de vingt ans, ce n‘est que trente ans plus tard que Marguerite Yourcenar va publier l‘un de ses plus beaux livres, Mémoires d‘Hadrien. Elle hésita un temps à écrire sur le poète et astronome persan Omar Khayyam, qui vécu en Iran au Xe siècle et dont on ne sait que très peu de chose de sa biographie. Mais finalement c’est sur la figure de l’empereur romain Hadrien (76-138) que se porte le choix de la romancière. Un choix qui lui est dicté par la personnalité même de l’empereur, un pacifiste éclairé qui, en ces temps troublés pour une Europe sortant de la Seconde guerre mondiale, semblait un exemple à suivre pour l’écrivaine née en Belgique et morte aux États-Unis.
Depuis sa villa de Tibur, Hadrien, à la fin de sa vie, se décide à écrire une longue lettre à Marc-Aurèle, qui a 17 ans et prendra plus tard la succession de l'empereur, les mémoires de sa vie. Il commence par ses premières années de militaire et les liens qu’il noua avec l’empereur Trajan, épousant une de ses nièces. Trajan le choisira finalement comme son successeur et Hadrien devint ainsi l’un des empereurs romains les plus influents. Il voyaga beaucoup en Asie et étendit l’empire romain, n’hésitant pas , malgré les nombreuses guerres qu'il a menées, à unifier les peuples plutôt qu’à les combattre. C’est lors d’un de ces voyages qu’il rencontre Antinoüs, un jeune berger bithynien qui deviendra le grand amour de sa vie.
La vie d‘Hadrien est tout à fait passionnante, et on comprend tout à fait ce qui a plu à Marguerite Yourcenar pour consacrer tant d‘années de sa vie d‘écrivain à ces Mémoires d'Hadrien. L’homme en lui-même est intéressant : il est plein de sagesse et de culture, mais c’est aussi un être charnel et plein de contradictions. On ressent tout cela dans l’évocation que fait la romancière à travers ce récit à la première personne. Hadrien, au crépuscule de son existence, a besoin de coucher sur le papier cette existence qui lui échappe : il le fait tant pour Marc-Aurèle, qui aura bien besoin de ses préceptes, que pour lui-même qui n’a plus que ses souvenirs pour le rattacher à la vie.
C‘est avec beaucoup de justesse que l‘homme d‘état évoque ses aventures et ses faits d'armes, n‘hésitant pas, et avec une grande lucidité, à mettre en avant ses faiblesses comme ses qualités. On imagine parfaitement grâce à l’écriture imagée de Marguerite Yourcenar quel valeureux guerrier Hadrien a pu être, mais aussi l’époux infidèle et peu aimant qui délaissait sa femme Sabine. On ressent surtout à travers tout le roman l’amour inconditionnel qu’il a pu ressentir envers le jeune éphèbe qu’était Antinoüs. En cela, Mémoires d’Hadrien peut être considéré comme un roman d’amour, qui plus est entre deux hommes. Et quand bien même l'un était bien plus âgé, cela demeure un amour éternel, qui transcende les genres et les années.
À l’évocation du culte que lui voue Hadrien, on pense à toutes ses sculptures qui ont été façonnées au fil des siècles à l’image d’Antinoüs, et on remercie Marguerite Yourcenar. On la remercie aussi et surtout de rappeler à notre mémoire de quel bois se chauffe un homme d’état véritable, éthique, juste et pacifiste. Invoquant la philosophie, l'ouvrage est solidement érudit et très documenté, et en même temps fictionnalisé de manière tout à fait assumée. Ainsi Mémoires d'Hadrien s'attache à nous dépeindre cet homme aux fortes convictions, et en sous-texte l'autrice nous indique-t-elle qu'en de nombreux points Hadrien est un exemple à suivre pour de nombreux autres.