On a découvert une nouvelle étoile,
ce qui ne veux pas dire qu'il fasse plus clair
ni qu'on ait comblé un manque.

L'étoile est grande et elle est très loin,
si loin qu'elle en est petite.
Elle est même plus petite
que des bien plus petites qu'elle.
Notre étonnement ne serait pas chose étrange
si seulement nous prenions le temps de nous étonner.

Son âge, sa masse, sa position
suffiraient
à une thèse
ou pour être prétexte à boire un petit verre de vin
au sein des sphères orientées vers les cieux :
astronomes, conjoints, familles, collègues.
Ambiance bon enfant et tenue décontractée.
Les conversations porteraient sur des banalités.
On croquerait des cacahuètes.

L'étoile est splendide
mais ce n'est pas une raison suffisante
pour ne pas boire à la santé de nos femmes
incomparablement plus proches.

Une étoile sans conséquence.
Sans effet sur le temps, la mode, le résultat des matchs,
les rotations dans les ministères, nos revenus ou la crise des valeurs.
Sans incidence sur les propagandes et l'industrie lourde.
Sans reflet dans le vernis des tables de réunion.
Une étoile surnuméraire si l'on compte les jours qu'il nous restent à vivre.

A quoi bon se demander
sous combien d'étoiles un homme naît
et peu de temps après sous combien il meurt.

Nouvelle ?
- Montre-moi au moins où elle est.
- Entre le bord de ce lambeau de nuage cendré 
et cette petite branche d'acacia un peu plus à gauche. 
- Ah bon, dis-je.

• Auteur : Wislawa Szymborska
• Langue : Polonais
• Traduction : Julien Ziemniak
• Photo d’entête : pixabay
• Version PDF et autres poètes, ici : https://jb-photographies.net/poesie/.