Jour 30
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Jour 30
"J'avais réussi à m'évader, le temps d'une larme."
L'artpenti ne touche toujours ni le sol, ni quoi que ce soit d'autre, mais se trouve face à l'établi. La phrase rougie posée en plein milieu. Youri s'affaire de son côté, faisant mine de ne pas s'en préoccuper.
Il fait jouer son martal sur les restes du texte afin de détacher soigneusement les lettres une à une. La cadence s’échappe peu à peu de son établi et rampe jusqu’à celui de l’artpenti. Il met les voyelles dans un panier à part. L’artpenti n’a toujours pas bougé.
Youri continue d'imprimer la cadence dans l'air, tranquillement. Tout-à-coup, un léger souffle s’émane de lui, comme un aveu d’impuissance. Hasard ? Le souffle se pose sur la phrase au bon moment de refroidissement pour que le mot « larme » se détache de la phrase. L’artpenti ne dit rien, et ne souffle plus.
Youri arrête ses gestes, semble se concentrer pour choisir soigneusement le prochain outil.
Il prononce une seule phrase.
Il l’a dit assez haut pour que chacun des mots se déplace à une vitesse donnée jusqu’à l’établi de l’artpenti. Sans aucune intonation, comme si tout son corps avait transformé la phrase en « unité mobile», l’avait lancé dans l’air pour en étudier la propagation et confirmer les calculs.
Les mots arrivent dans l’ordre, l’artpenti voit le « Tu » en premier. Puis tous les autres, mais ne les reconnait pas.
Au moment où tous les mots sont arrivés à destination et se sont évanouis, Youri reprend :
"Tu ..."
Au fur et à mesure que Youri prononce la phrase, encore et encore, les lettres se détachent les unes des autres et flottent doucement et lentement et dans l’air. Au fur et à mesure aussi, tout le reste s’efface aux non-yeux de l'artpenti.
Il ne voit plus que les lettres, détachées. Il joue avec elles dans l’air, sans se demander comment.
« T’es Taire, expuleo nnnn d’ci. »
-Tu t’amuses bien ?
-Je crois oui…mais ça ne veut pas dire grand-chose…
-C’est un début…pour la phrase sur l’établi, tu n’as qu’à faire pareil, utilise tes mains…
L’artpenti regarde les lettres. Il voit deux mains qui les manipule. Ce sont ses mains. C’est comme si elles avaient toujours été là, et qu’il les découvrait pour la première fois. En même temps.
Peu importe la phrase de départ. Pour l’instant.