Le lendemain, à l’aéroport, il avait espéré que Zeina vienne ou que Rosa passe, pour lui dire adieu. Ne faisait-il pas partie de la famille dorénavant ? Apparemment non. Il fallait dire qu’il n’avait pas clairement dit à quelle heure il partait. Puis, il n’aimait pas ces adieux qui n’en finissaient plus. Là, il savait gré à ses proches de ne pas trop en faire. Puisqu’ils ne firent rien.

Il passa les différents portiques et attendit une heure pour embarquer. Il s’installa le plus confortablement possible dans son fauteuil. A côté de lui, une grosse femme d’une trentaine d’année tenait un bébé de quelques mois. A peine le décollage effectué, ce ne furent que des hurlements que les « shhh, shhh » de la mère n’apaisaient pas. Ce n’était pas encore cette fois qu’Isidore parviendrait à finir Neige noire, tant pis.

Arrivé à Paris, quelle ne fut pas sa joie d’être accueilli par Véronique qui lui sauta au cou et l’embrassa avec empressement. «Tu m’as manqué, tu sais ! J’espère que tu n’as pas fait le fou à Beyrouth, j’ai vu des reportages sur les nuits libanaises, c’est vraiment pas ce que je croyais… Ils sont chauds ! » Isidore ne dit rien, se contenta de la serrer dans ses bras et d’avancer vers la sortie. Ce voyage lui avait fait un bien fou. Il savait maintenant où allait. Où était sa vie. Dans le taxi qui les ramenait à Paris, sous une pluie d’orage typique de la saison, Véronique, la tête posée contre son épaule, chuchota « j’ai un couple d’amis qui a un chouette appartement dans le 18e arrondissement. Comme ils ont un gosse, ils déménagent. Ils vont en banlieue. Est-ce que ça te dirait qu’on le visite ?»

Jamais réponse ne lui parut aussi évidente qu’à ce moment là. Il l’embrassa tendrement, ce qui valait toutes les affirmations.

FIN