Amplificateurs miniaturisés appareillant les personnes malentendantes.

La technologie de miniaturisation est telle que les contours d’oreille sont devenus peu visibles et les intraconduits presque invisibles.  

Sont concernées par la mise en place de telles prothèses, les surdités génétiques ou non, parfois rapidement évolutives et pour l’essentiel ce que l’on nomme les presbyacousies touchant les sujets âgés, traduction d’une atteinte progressive de l’audition où l’âge, les métiers exposés, les facteurs environnementaux, les atteintes métaboliques, l’hypertension artérielle interviennent pour mettre peu à peu à mal notre organe de l’audition.

Or, le nombre de cellules spécialisées dans l’audition est en nombre limité (environ 15000) et toute lésion de ces cellules fragiles diminue inexorablement le nombre restant, affectant les performances auditives du sujet.

Peu de presbyacousiques au début reconnaissent leur handicap. L’épouse est la seule personne (car l’homme est souvent plus précocement touché) qu’ils n’entendent pas toujours très bien, mais là, la raison en est bien claire. Mon épouse parle de sa cuisine en me tournant le dos avec sa hotte en marche… Comment voulez-vous que je l’entende !

Les patients doivent se passer le mot pour sortir cette phrase à l’infini.

Reconnaissons que dans une ambiance bruyante on entend moins bien les personnes qui s’adressent à nous, mais précisons que les femmes ont une voix qui joue dans les registres aigus par rapport aux hommes. Et ce sont précisément ces fréquences les premières touchées.

Je ne veux pas d’appareil, ça ne marche pas !

Combien de fois ai-je entendu cette phrase en consultation ?

Les patients comparent volontiers leur appareil auditif à leur paire de lunettes. Et si celle-ci corrige parfaitement la vue, les prothèses auditives le font très mal pour leur oreille déficiente ! Il y a donc une part de vrai dans cette condamnation ! Pourquoi ce résultat si médiocre, eu égard au coût ! Sont-ils mal appareillés ?

La perte d’audition concerne - dans les cas d’indication bien posée – l’oreille interne c’est-à-dire l’organe sensoriel de l’audition.

Si l’on voulait comparer avec les yeux, cela reviendrait à une atteinte de la rétine ou du nerf optique et ces lésions oculaires ne sont pas corrigibles.

Du reste l’appareil auditif ne corrige rien. Il apporte un gain auditif sur les fréquences auditives touchées.

Beaucoup de patients l’ignorent et l’information, indispensable, leur permet alors d’accepter un résultat qu’il convient de considérer comme moyen dans les meilleures des éventualités.

NON on ne retrouve jamais l’oreille de ses vingt ans donc prenez-en soin et évitez-leur des traumatismes sonores qui laissent une cicatrice.

J’ai entendu une fois cette phrase stupéfiante :

C’est bien fait les oreilles - les pavillons –, car c’est prévu pour mettre des appareils !

 C’est vrai que l’on peut se demander à quoi nous servent ces appendices très inesthétiques de part et d’autre de notre visage…

Perrault nous donne un début de réponse quand le loup répond au chaperon rouge : c’est pour mieux t’entendre mon enfant…

Effectivement le pavillon et le conduit amplifient le message sonore qui parvient à l’oreille moyenne (tympan et osselets) et le Professeur Tournesol le savait lorsqu’il adaptait un cornet acoustique à l’entrée dudit pavillon…

La grenouille à grande bouche après avoir achevé son tour du monde et s’être intéressée aux choses et aux êtres qui en peuplaient ses vastes contrés, s’en revint chez elle en passant par un archipel dont tous les animaux lui avaient vanté la beauté : l’archipel des Seychelles.

C’est là qu’elle rencontra un animal semblable en tous points à elle, mais s’aperçut, elle qui avait beaucoup voyagé et beaucoup appris, que son vis-à-vis était dépourvu d’oreille externe et d’oreille moyenne ! Elle possédait par contre une bouche encore bien plus grande que la sienne…  Intriguée et curieuse, elle lui demanda en articulant très fort et en haussant le ton, car elle avait compris que cette pauvre grenouille ne pouvait pas bien entendre, si elle était également une grenouille à grande bouche d’une variété inconnue pour elle…  

  - C’est inutile de crier si fort lui répondit cette étrange créature, je vous entends et je suis la grenouille Gardiner des forêts tropicales !

Cette grenouille bien réelle ne possède qu’une oreille interne. Une très fine membrane entre la bouche et l’organe auditif permet la transmission des sons à l’oreille interne remplaçant les oreilles externe et moyenne, absentes !

Sans le savoir, notre grenouille voyageuse venait de rencontrer une variété de grenouilles, isolée du continent africain par la séparation de l’archipel il y a plusieurs millions d’années et  dont l’évolution auditive était restée bloquée à ce stade d’oreille primitive.

L’évolution des espèces au cours de millions d’années nous a dotés d’une oreille externe (conduit et pavillon) et d’une oreille moyenne (tympan et osselets) et même si le son peut être transmis sans ces attributs, l’oreille primitive de la grenouille Gardiner ne peut rentrer en compétition avec notre système actuel !

Alors oui, dans un sens, les pavillons et les conduits, c’est bien fait, car on peut y adapter nos prothèses !  

Mais celles-ci posent un sérieux problème.

De nos jours, quatre patients sur cinq ne peuvent se permettre le luxe d’en porter une !

Une seule. Alors deux !

Le contexte économique a rendu plus difficile qu’auparavant l’achat de prothèses pour les retraités.  

Le coût bien sûr en est le principal responsable et loin de moi l’idée de dénoncer la politique pratiquée par les audioprothésistes chez qui rentre dans le calcul du prix de revient de la prothèse, les essais et réglages gratuits, le coût des boutiques, du personnel, etc.

Les premiers prix se situent aux alentours de 700€, mais, comme pour les lunettes, ce prix est très vite multiplié par 2 ou 3 pour peu que l’on veuille un appareillage un peu perfectionné !

Or ces prothèses n’étaient remboursées par la Sécurité sociale qu’à concurrence de 120€   pour UN appareil, le deuxième n’étant pas remboursé la même année.

Le gouvernement a fait, fort heureusement, un effort considérable en proposant le RAC-0 (reste à charge 0) avec la mutuelle. Mais attention ce RAC-0 offre un appareil de base qui, bien souvent, n’est jamais proposé par les audioprothésistes aux tenants d’une presbyacousie lambda pour de bonnes et parfois de moins bonnes raisons.    

On peut certainement vendre ces prothèses moins chères. Déjà des assistants d’écoute, comme on dit, apparaissent sur le marché à moins de 300€. Ce sont des appareils préréglés qui peuvent satisfaire les porteurs de perte moyenne ou faible… et beaucoup de Français s’y intéressent et s’en satisfont.

On peut certainement mieux rembourser ces appareils quand la sécurité sociale rembourse tant de choses inutilement… à commencer par les patchs nicotiniques, comme il a été dit.  Mais il est vrai que leur vente rapporte des sous à l’État…

Enfin pour conclure une pensée politiquement incorrecte : les bénéficiaires de la CMU, eux, sont remboursés en totalité pour deux appareils de base à 700€ leur permettant la stéréophonie et l’orientation spatiale. Avec un remboursement stéréophonique à 100% tous les deux ans quand on estime la vétusté d’un appareil à 5 ans environ (mais peu de gens changent si rapidement du fait du coût occasionné).

Tant mieux pour eux. Mais est-ce normal vis-à-vis de tous ceux qui ne peuvent s’offrir un seul appareil ?

Je pense que tout le monde à cette question peut répondre d’une seule voix.

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