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C comme Chirurgie ambulatoire   

C comme Chirurgie ambulatoire   

Publicado el 15, ene., 2022 Actualizado 15, ene., 2022 Salud
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C comme Chirurgie ambulatoire   

Ce qui me bouleverse ce n'est pas que tu m'aies menti, c'est que désormais je ne pourrai plus te croire - Nietzsche-

Acte opératoire court qui permet au patient de retourner chez lui le jour de son intervention.

Elle est largement utilisée dans des spécialités telles que l’Ophtalmologie et l’Oto-Rhino-Laryngologie.

Mais attention ! Chirurgie ambulatoire ne rime pas avec petite chirurgie ou chirurgie sans danger.

Des gestes en ambulatoire peuvent être de haute technicité et il n’existe pas de petite chirurgie dès l’instant que l’on est opéré.

Dans notre monde moderne où l’on a largement étiré l’espérance de vie jusqu’à repousser les limites de la mort, où l’on considère que le risque « zéro » est le seul acceptable, on a pipé les dés. Et cette chirurgie ambulatoire ne peut être qu’une chirurgie sans risque puisque l’on sort le jour même…

Pourtant rien n’est anodin dans ces actes techniques qui requièrent une courte anesthésie, une certaine célérité de la part de l’opérateur et de l’équipe opératoire et, comme toujours, une grande vigilance. RIEN D’ANODIN… sauf peut-être ce simple mot… ambulatoire !

Fort de ce terme rassurant, certains patients accommodent à leur sauce les consignes données qu’il n’est malheureusement pas dans notre pouvoir de contrôler.

Toute anesthésie générale, aussi courte soit-elle, nécessite un jeûne absolu de six heures pour le patient.

Ce n’est pas toujours évident pour un enfant qui avant de partir à la Clinique avec ses parents peut avoir bu de l’eau à leur insu… ou une maman bien intentionnée peut lui avoir donné un petit verre de jus d’orange pour éviter une longue attente, le ventre vide…

Le résultat ce jour-là fut immédiat quand l’enfant régurgita son liquide en partie sur l’alèze et en partie dans son poumon. Passage en réa de quelques heures et parents sévèrement tancés qui n’avaient pas compris la gravité potentielle de leur geste…

Car l’inhalation de liquide (acide a fortiori) dans les poumons détruit la muqueuse pulmonaire pouvant laisser de lourdes séquelles sur l’arbre respiratoire.

À qui la faute ?

À nous, toujours !

On a beau avoir insisté sur l’importance du jeûne (TABAC INCLUS), l’anesthésiste a beau mettre ce que l’on appelle un masque laryngé pour les actes très courts, moins traumatisant que la sonde trachéale où gonfler un ballonnet n’est pas toujours insignifiant chez le tout petit, nous ne sommes pas à l’abri de ces régurgitations malgré toute notre vigilance. Le masque laryngé empêche le sang de descendre dans le poumon lorsque l’on travaille dans la bouche, mais pas le liquide gastrique de remonter et de partir dans les poumons…

Le tabac de son côté augmente ce que l’on appelle le péristaltisme intestinal. En d’autres termes il augmente les contractions gastriques et favorise la remontée de liquide gastrique dans la bouche, profitant du relâchement du sphincter d’entrée de l’estomac, le cardia. Et on imagine les dégâts que peut occasionner un tel produit sur l’arbre pulmonaire !

Peut-être comprend-on maintenant mieux ce que signifie ce dialogue singulier entre le médecin et les patients, fait d’une confiance réciproque où le but recherché est le même. Soigner nos patients du mieux possible, faire confiance en nos patients comme ils nous font confiance…

Car on a beau demander aux parents juste avant l’anesthésie si l’enfant est bien à jeun, ceux-ci peuvent nous mentir, ne croyant pas mal faire et l’on ne peut compter sur l’enfant pour nous avouer qu’il a bu un verre d’eau avant de venir.

Et les conséquences peuvent être effroyables !

Puis le départ a lieu…

Pas de soucis pour les enfants qui repartent avec leurs parents entourés de tout leur amour…

Mais pour les adultes qui viennent en ambulatoire ?

On insiste pour qu’ils repartent accompagnés, car on déconseille de conduire une voiture pendant les 24 heures qui suivent l’anesthésie.

Là encore, hélas, certains patients repartent seuls avec leurs véhicules, nous cachant la vérité, n’ayant pas pu ou voulu solliciter un accompagnant qui travaille…

Ils sont bien, détendus, ils vont conduire doucement… Ils ne risquent rien !

C’est vrai que les progrès de l’anesthésie actuelle sont fantastiques et la demi-vie des drogues administrées pour dormir est très brève. Quand on laisse sortir nos adultes, ils sont parfaitement bien… trop bien !

Ils se trouvent dans l’état où l’on est lorsque l’on a un peu trop bu sans être saouls…

Une forme de détachement et de bien-être qui fait dire que l’on est bien. Mais les réflexes sont émoussés et le danger est bien réel. C’est pourquoi, devant ces manquements, certaines cliniques font signer une décharge s’ils conduisent pour rentrer.

Méthode certes contestable, mais elles ne peuvent être tenues pour responsables de décisions… irresponsables !

Je rappelle, s’il en était besoin, que le risque zéro est une plaisanterie de notre époque. Au XVIIe siècle déjà, notre pays avait été confronté à cette question. Et, encore une fois, dans la logique de Port-Royal, les logiciens soutinrent que la notion de précaution ne devait pas guider l’action en ce monde. Chacun devant assumer ses responsabilités et ne pas tout attendre de la « partie adverse ».Vaste débat surtout en ces périodes troublées où l'on accuse bien facilement certains individus jugés "irresponsables" mais où l'on se garde pourtant d'édicter des règles claires, précises, indiscutables.

  Nous sommes dans un monde d’adultes responsables. Et quand l’information est clairement donnée avec ses conséquences possibles, elle doit être logiquement suivie, le simple bon-sens prévalant. 

Ces discussions de philosophes que l’on considérait il fut un temps comme nos maîtres à penser, mériteraient d’être réactualisées de nos jours.

Dessin de Serre - L'humour chronique, les grands classiques des années 80 - Chez Glénat.

 

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