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COUP D'ÉTAT - Épisode 4
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COUP D'ÉTAT - Épisode 4
Il sortit à l’aube de la chapelle, l’air défait. Clémence n’avait pas arrêté de l’assaillir de ses propres doutes. Et si Maxence avait instrumentalisé le cheval afin qu’il se retourne contre son père ? L’un comme l’autre tentaient de chasser cette sombre pensée de leur esprit, mais elle revenait sans cesse les hanter. Maxence réapparu dans la matinée, comme si de rien n’était. Lorsqu’il mit pied à terre dans l’écurie, il s’étonna tout haut du désordre qui y régnait, imputant la faute à ce jean-foutre de Jean. Et il gagna la salle commune. Les domestiques tiraient une triste mine. Il invectiva l’un d’entre eux en lui demandant pourquoi tous se complaisaient dans cette attitude. Un autre lui apprit le décès de son père. Maxence reçut au même moment une injonction mentale de Clémence, lui ordonnant de les retrouver immédiatement. Il s’exécuta sans hâte, montant lentement les marches qui menaient à la chambre de leurs parents. La porte était ouverte. Gabriel et Clémence se tenaient de chaque côté du lit où reposait leur mère, plongée dans un sommeil peu naturel et agité de soubresauts.
— Que se passe-t-il ici ? Et pourquoi mère est-elle encore au lit à cette heure ? demanda-t-il d’une voix blanche.
Clémence lui jeta un regard assassin.
— Elle avait grand besoin de dormir. Je lui ai fait prendre du laudanum, il faut impérativement qu’elle se repose. Où étais-tu passé ?
— En quoi cela te regarde-t-il ? Je suppose que si elle est dans cet état, c’est qu’il est arrivé quelque chose à Père. Vous avez érigé vos barrières tous les deux, pourquoi ne pas partager avec moi ce que vous savez ?
— Tu veux que nous partagions cette vision d’horreur ? Tiens, la voici !
Un flot d’émotions et d’images déferla en Maxence. Gabriel et Clémence ressentirent son dégoût et ce qu’ils interprétèrent comme du désarroi.
— Quelle tristesse. Périr sous les sabots de son fidèle destrier. Notre père n’aura même pas eu la fin d’un vrai soldat, j’en suis navré pour lui…
— C’est tout ce que cela t’inspire ! cracha Clémence.
— Ma foi, au vu de ce qu’il m’a infligé, je ne vais pas chercher à faire semblant avec vous et à passer pour un fils éploré. Mais il va sans dire que je ferai plus d’efforts lors des obsèques.
— Tu n’éprouves donc aucune peine ?
— Disons que je me soucie davantage de notre mère et comment elle va faire puisqu'elle est seule désormais. Vois-y le comportement d’un fils indigne si tu le veux, mais comme je viens de te le dire, je ne vais pas vous jouer la comédie…
— Mais si, tu nous la joues ! s’exclama Gabriel. Ose dire que tu n’es pas pour quelque chose dans ce qui vient de se passer !
— À quoi penses-tu donc ? Ah oui, bien sûr… Tu crois que c’est moi qui ai pris possession de ce maudit canasson et qui l’ai poussé à attaquer notre père. C’est une idée ignoble. Clémence, ma chérie, ne me dis pas que tu partages son avis ?
Les trois Beauregard lisaient dans leurs esprits mutuels, mais Clémence continuait à douter, Maxence leur dissimulait quelque chose. Créant dans l’instant un mur l’empêchant de lire ses pensées, elle s’adressa à Gabriel par ce même biais.
— Je ne parviens pas à le croire. Unissons notre pouvoir pour tenter de voir s’il n'essaie pas de nous cacher quelque chose.
Ils n’avaient jamais tenté jusque-là une telle intrusion. Ils n’avaient eu aucune raison de le faire, même si le comportement de leur jumeau les avait plus d’une fois indisposés, chacun respectant l'intimité des trois autres.
— Qu’est-ce que vous êtes en train de faire tous les deux, qu’avez-vous à fouiller dans mon esprit ?
— Comment faire autrement ? Tu ne sembles guère touché par la mort de Père !
— Gabriel, je m’entête à vous le dire ! Je vous répète que je n’ai nul besoin, ni même l’envie de vous mentir. Et comment aurais-je pu manipuler ce cheval alors que je n’étais même pas présent !
— Tu as très bien pu le faire hors des douves et t’être esquivé ensuite.
— Tu m’en veux de t’avoir fait passer pour un suiveur, un faible. Mais c’est pourtant bel et bien ce que tu es !
— Assez ! Ouvre-nous totalement ton esprit, c’est la seule manière de dissiper nos doutes.
Maxence demeura un temps interdit devant la détermination de sa sœur. Mais il se reprit.
— Ma douce, comment peux-tu penser une chose pareille ? Ton attitude me brise le cœur.
Gabriel sentit le lien qui l’unissait à son frère disparaître comme par enchantement. À l’air éberlué de Clémence, il comprit qu’il lui arrivait la même chose. Et comme elle, il sentit son corps échapper à son contrôle. Maxence les toisait, un air de fausse commisération sur le visage.
— Vous vous pensez capables de me dominer tous les deux ? Sachez qu’en tant que premier-né, je vous suis bien supérieur. Vous ne me croyez pas ? Soit ! Je m’en vais donc.
L’étonnement qu’il perçut chez Clémence et Gabriel, plus persistant encore que la rage qu’ils éprouvaient à son encontre, le fit rire.
— Quoi ? Cela vous surprend que je renonce à mes droits en tant qu’aîné ? Ne vous inquiétez pas, je saurai les réclamer en temps venu. Le trépas de notre père n’a fait que hâter mon envie de partir, j’ai tant de choses à découvrir. À conquérir ! Mais je reviendrai pour toi, Clémence. Quant à toi Judas, je te conseille d’avoir pris ton envol du nid d’ici là et d’aller croasser ailleurs comme le corbeau que tu es.
Il se retourna et franchit la porte de la chambre de leur mère, sans le moindre regard pour elle. Clémence et Gabriel restèrent sous son emprise durant le laps de temps qu’il prit pour quitter le château. Gabriel voulut se lancer à sa poursuite. Clémence lui intima de n’en rien faire. Leur frère était aussi mort à ses yeux que l’était leur géniteur. Il ne comptait plus pour elle, qu’il aille au diable. Il leur fallait enterrer dignement leur père et prendre soin de leur mère. Gabriel s’était incliné.
La suite dans l'épisode 5
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