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Je t'écris une lettre...

Je t'écris une lettre...

Publicado el 3, jun, 2025 Actualizado 3, jun, 2025 Drama
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Une bonne vieille lettre à l’heure du tout-numérique. Le toubib m’a dit que ça me ferait du bien. Écrire. T’écrire. Quelle connerie, putain. À quoi bon ? Qu’est-ce que tu pourrais bien en avoir à foutre de mes pleurnicheries ? Et puis, je te l’envoie comment ? T’as une adresse ? Une boîte aux lettres là-haut ? Y’a pas de bureau de poste dans l’au-delà. Je ferais aussi bien de m’arrêter là. Qu’est-ce que j’ai à dire qui vaille la peine d’être couché sur du papier ? Des banalités, rien d’autre.


Ici, rien ne change vraiment. L’appart est juste… plus silencieux. Non, en fait, tout a changé. J’ai commencé à ranger un peu. Enfin, pas partout. Juste les pièces où tu… enfin tu sais. Certaines sont moins imbibées de souvenirs que d’autres. J’ai repris l’écriture, doucement. Ça met du temps à revenir. Ce n’est pas l’inspiration qui manque. C’est juste qu’il y a un peu trop d’idées noires sur ma feuille blanche. Trop de charbon dans la neige.


J’ai mis du temps à prendre cette idée de lettre au sérieux. Au début, je me demandais juste pourquoi je continuais à filer ce qu’il me reste d’économies à ce foutu toubib. Vu le peu d’aide qu’il m’apporte… Un an de thérapie et j’ai toujours l’impression de faire du surplace. Je pense à toi, tout le temps. Et je m’oublie, souvent. Je m’oublie dans les vapeurs éthyliques, dans les brumes cancérigènes… et dans le café. Beaucoup de café. Et des médocs. C’est pas bon les mélanges. On a vu des régimes moins douteux. Mais j’te jure que je m’en fous. Y’a plus grand-chose qui compte aujourd’hui.


Dehors, le monde continue de tourner. Moi, je gerbe un peu de ma vie chaque matin dans le tourbillon majestueux de la cuvette en faïence. Mais je vais mieux. Je t’assure. Je ne m’endors plus tout habillé sur le canap’. Maintenant, j’prends le temps d’enlever mon jean. Par contre, la chambre… J’avoue, je ne me souviens même plus de la couleur des murs. Le lit est-il défait ou bien au carré, comme tu l’aimais ? Grenouille partage ma couche, berce mes nuits de son ronronnement. Ça ne me dérange pas trop, vu que c’est l’épuisement qui me borde. Et les médocs, évidemment. Les petits cachetons du toubib. Ce trop cher toubib.


Ah, Grenouille… Je suis au regret de t’apprendre que ton absence ne le perturbe pas le moins du monde. Les chats sont vils et ingrats. Je te l’avais dit. Rien ne vaut un poisson rouge. Ça ne cherche pas les papouilles, l’interaction est nulle, mais au moins, ça ne ment pas. Pas d’illusions, pas de fausses promesses. Un chat, tant que la gamelle est propre et la litière pleine — ou l’inverse, je sais plus — il est heureux. Mais t’en fais pas, je m’en occupe du mieux que je peux. Ta plante, par contre, elle n’a pas survécu. Ne m’en tiens pas rigueur. Tu sais bien que moi et les fleurs, ça fait deux. Jamais eu la main verte.


Tu me manques. Voilà, j’y suis. Le passage larmoyant. Tu me manques. Si tu savais à quel point… Chaque jour. Chaque heure. Chaque putain de seconde. J’en crève de ne plus te voir, te toucher, te sentir. De ne plus t’entendre. La vie sans toi est chiante à mourir. Triste et fade. Et ce qui arrive… Le calendrier. Le temps qui file. Il n’y aura pas de sapin cette année. Je vais rester seul. Éteindre le téléphone. Regarder nos vieux films. Feuilleter nos photos. Raviver ma mémoire défaillante. Remuer le couteau dans la plaie. Te redonner vie, un peu.


Je n’y arriverai pas sans toi. Je le sais. Je sombre, lentement. Je ferais peut-être mieux d’en finir. Mais je n’ai pas ton courage, apparemment… Était-ce du courage, ou de la connerie ?


Voilà. Je t’ai écrit une lettre. Le toubib va être content. Pas sûr que ça ait servi à grand-chose. J’ai réfléchi, un peu. Je vais la poster dans la cheminée. Comme ça, où que tu sois, tu devrais la recevoir. La fumée pour le ciel. Les cendres pour la terre.

Pourquoi tu m’as abandonné, putain…


Je t’aime.


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