Une autre époque (2011) Alain Claude Sulzer
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Une autre époque (2011) Alain Claude Sulzer
Pourquoi je me suis suicidé (ou ma vie adultère)
Neuvième roman de son auteur, Une autre époque n‘avait pas eu un écho retentissant à sa sortie en France. Il faut dire que des auteurs helvétiques, on en entend peu parler ici, d’autant plus s’ils écrivent en langue germanique. De ses trois romans parus en français, Un garçon parfait avait tout de même fait parler de lui. Le septième roman d’Alain Claude Sulzer avait en effet décroché le Prix Médicis étranger en 2008, dans une liste qui comprenait Thomas Pynchon ou Ian McEwan (excusez du peu). Une autre époque clôt une trilogie, débutée avec ce Garçon parfait, sur les secrets et les amours interdites.
Un après-midi durant les vacances d’automne, un adolescent regarde attentivement la seule photo qui lui reste de son père, mort juste après sa naissance, seize ans auparavant. Il sait que son père s’est suicidé mais ne s’est jamais vraiment penché sur la question. Sa mère ne l’aide pas vraiment, elle qui s’est remariée et rechigne à parler de ses choses là. En regardant la photo avec une loupe, il distingue une montre au poignet de son père qui le fascine tout particulièrement. Il se décide à aller chez un horloger qui lui dit que la montre, de modèle Seamaster, ne se fait plus de nos jours. Intrigué, le jeune homme remarque un nom au dos de la photo, celui du photographe qui l’a prise : il s’agit de son parrain, Alain, qu’il n’a jamais connu. Il se décide à partir à Paris à la recherche de ce parrain et des mystères qui entourent la mort de son père.
C‘est un voyage temporel que nous propose Une autre époque : la meilleure partie du roman se déroule dans les années cinquante. Pendant toute la première partie, on suit ce jeune homme paumé qui a soif de connaissance et est prêt à tout pour en savoir plus sur ce père inconnu. On suit son périple maladroit jusqu’à la capitale parisienne, un choc pour ce garçon qui n’a jamais quitté son village de Suisse Alémanique. Un peu flottante et longuette, cette partie a tout de même le mérite de susciter pas mal de questions chez le lecteur.
On a alors autant envie d’en savoir plus que le personnage principal sur ses origines. Le récit change soudain brutalement pour nous emmener dans les années cinquante, dans la vie d’Emil, le père du garçon, que l’on va accompagner à partir de ses dix-huit ans. C‘est là qu‘Une autre époque dévoile sa thématique principale. Emil est interné dans un asile psychiatrique ; on ne sait pas pourquoi, mais on devine que le jeune est perturbé et que ses parents, rigides, ne l’aident pas vraiment. Il écrit à un de ses amis, le fameux André : en fait on va vite apprendre que ses deux là sont plus que des amis.
Mais Emil refoule ses sentiments, et aspire à la « normalité ». Et c’est là une des qualités principales d'Une autre époque, qui nous plonge, sans jugement aucun ni analyse, dans l’esprit de ce jeune homme tourmenté, qui tombe éperdument amoureux de garçons mais n’ose pas dire la vérité à ses proches. Car à cette époque, et particulièrement quand on ne vit pas dans une grande ville, le modèle de la famille traditionnelle prévaut, et l’homosexualité est tue. Absolument pas militant, ce roman plein de fougue et d’une actualité encore vive pour certains, nous transporte malgré ses maladresses de style dans une histoire belle et tragique.