Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge (2019) Loïc Prigent
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Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge (2019) Loïc Prigent
Le retour de notre fashionista préférée
On a droit avec Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge à une nouvelle salve de « pépiements » de l'univers de la mode. Ces gazouillis, soit des petits messages de 280 caractères maximum diffusés publiquement sur Twitter, sont publiés sur le compte du journaliste Loïc Prigent. On le voit souvent sur les chaînes du groupe Canal Plus, mais aussi dans l'émission Stupéfiant ! de Léa Salamé. Ce qu'on sait moins, c'est qu'au delà de ces anthologies de répliques savoureuses que constituent ses deux ouvrages, il s'adonne à la mise en scène. Au-delà des nombreux documentaires qu'il a produit depuis une vingtaine d'années, il a aussi réalisé le clip de la chanson Je t'aime encore de Yelle. Place donc ici à la saison 2018 et 2019 des défilés, qui nous apportent encore une fois leur lot de saillies vachardes et bien souvent perchées.
« Si vous me demandez ce que j'aurais aimé avoir inventé, je dirais la chemise blanche » « Allô Docteur ? Oui alors j'ai reçu les résultats d'analyse pour mon pouce et il n'y a rien. Voilà. À bientôt au revoir » « À chaque fois que je suis avec elle je sens que quelque chose d'excitant se passe, mais ailleurs » « Comme je revends mes fringues j'ai moins l'impression d'être dingue parce que je ne suis pas tous les matins devant les 1 250 sacs que j'ai achetés depuis dix ans » « Elle est débile comme tu aimes et t'es débile comme elle aime, vous allez vous adorer » « Je vois que tu as encore choisi des souliers clivants » « Il ne m'offrait que des bijoux hideux donc maintenant pour les anniversaires il m'offre des diamants et je me débrouille » « T'es belle ! T'as vu cette tenue ? Budget Tati, résultat Vogue ! » « J'aime un sourcil très haut, ça donne cette idée que tout est possible »;
Quelques thématiques se dégagent de Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge. Déjà il y a beaucoup de name dropping. On peut y trouver par exemple une iconique actrice : « ARRÊTEZ TOUT !!! CATHERINE DENEUVE EST COINCÉE DANS L'ASCENSEUR !!!! ». Il y a aussi la contextualisation des intérieurs luxueux des protagonistes. Par exemple : « J'ai mis l'appartement sur Airbnb. Tu crois que j'enlève le Chagall ? ». Ou bien : « Elle a hérité de plusieurs Picasso mais c'est une servitude. Tu dois mettre quatorze alarmes à chaque fois que tu descends chercher du pain ». Les malheurs de la jet set ne s'arrêtent pas là : « Le jardinier s'est relevé trop vite, il a cassé un bout du Miró, on a dû le recoller ». Mais tout est bien qui finit bien : « Quand elle se fait sa couleur de cheveux, elle attend que ça prenne en s'asseyant devant son tableau de Rothko. Depuis que je sais ça, je la respecte ».
Et puis Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge est toujours aussi sexuel, et souvent orienté gay. Pour preuve : « Ce midi j'ai fait un plan cul en attendant mon taxi », ou bien « Avant-hier je suis tombé amoureux d'un plan cul. Aujourd'hui il m'a envoyé une photo de lui habillé et en fait non ». Une autre : « C'est pas un ex, c'est un plan cul avec qui j'ai un peu parlé ». Ou encore : « J'ai encore perdu ma virginité ». Les folles nuits berlinoises sont évidemment de la partie. Ainsi, « Je déteste Berlin. Tu dis ça parce qu'on ta refusé au Berghain avec ton jean neuf et ta chemise bleue » ou bien « Ce soir n'oublie pas de prendre tes antibios post-Berlin ». Encore une : « Mais tu as couché avec combien de gens à Berlin ce week-end ? Selon les organisateurs ou selon la police ? ». Tout ça avec bienveillance bien sûr : « Je te parles pas de son pénis, je veux que tu dormes bien ce soir ».
Car les bitches voire les folles furieuses sont bien entendu présentes dans Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge. Regardez voir : « Heureusement qu'il a ses lunettes pour lui donner de la personnalité », ou bien, pour rester dans le thème précédent :« Il ne met pas la main sur la barre de métro mais au Berghain il met sa bouche partout ». Encore quelques-unes : « En tout cas on apprécie tous que tu attendes le soir pour pleurer. C'est un super progrès », ou bien « Non mais je plaisantais je vais pas te jeter dans la poubelle ! » (à un enfant de six ans). Les persiflages sont de mise : « Ah si j'avais su que tu venais, je t'aurais invité », ou bien « Tu veux une clope ? J'ai arrêté il y a six mois. Justement, ça doit te manquer ». Allez, une dernière pour la route : « Elle a peur du vide, c'est pour ça qu'elle ne se regarde jamais dans un miroir ».