Méditaphysique
En Panodyssey, puedes leer hasta 10 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 9 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Méditaphysique
Ceci est une expérience de pensée. Un voyage apaisant pour le citadin stressé. Une manière de relativiser avec la relativité. Une méditation dans le tout. Un moment d’humilité: d’un côté l’infiniment petit, de l’autre l’infiniment grand. Nous ne sommes finalement qu’une toile tendue entre ces deux infinis.
Cette expérience, elle consiste à aller d’un côté à l’autre de la toile, prendre une bouffée de vide et de complexité. Il est devenu difficile pour l’Homme philosophe d’être maître des sciences pour embrasser ces infinis. Ne soyez pas inquiets, le monde est simple. Ce sont nos sciences qui le rendent complexe. Le scientifique est lui-même submergé. La connaissance jaillit sans cesse, comme des geysers, dans toutes les disciplines et quelques génies tentent d’en faire converger les flots pour nous donner LA loi absolue de l’Univers.
N’allons pas la chercher. Extasions-nous juste de la réalité dans lequel nous existons, dont nous sommes le centre. Moi, homme. Je suis le centre de cet Univers, parce qu’il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement. Je suis né centre de l’univers de la famille, j’ai grandi centre de l’univers de ma conscience. Je ne peux de toute façon prendre un autre point de vue que celui où sont posées mes pieds. Mais, en fermant les yeux, je suis libre d’aller où je veux.
Le petit monde est notre premier voyage. C’est le premier parce que c’est le plus drôle ! D’abord parce qu’il était sous nos yeux et que nous regardions vers le ciel. Ensuite parce que le plus petit des petits monde est un pied de nez à 30 siècles de certitudes savantes… Mais prenons notre temps. Il faut d’abord se laisser dériver avec une loupe.
Oui, je dérive en moi-même, je rentre dans mon corps, pénètre mes organes, voyage avec le globule et joue avec mes cancers. Par cet unique repliement, je suis déjà dans un autre environnement. Il fait chaud et humide et des colonies de cellules, de bactéries et de virus, champignons, parasites et autres organismes vivants sont … moi. Pas seulement les mille milliards de neurones dans ma tête et le long de ma colonne vertébrale. Non, tout est moi. Je suis le dictateur de ce monde. Je le bichonne, je l’entraîne, je l’empoisonne. C’est une rare liberté que de disposer de soi. Pas forcément acceptée par ses habitants. On les stresse, on les maltraite, on les rend malade, jusqu’au bout.
Moi, dans ce moment de méditation, je culpabilise. Je me replie pour rentrer dans une cellule. Je lui présente mes excuses pour la malbouffe, la pollution, le tabac, l’alcool, les médicaments. A chaque fois, ce sont elles qui souffrent, les pauvres, même quand je vole avec la fumée ou l’alcool, elles, elles dérouillent, elles mutent, elles meurent. Alors, il y a de quoi demander pardon. Elles ne m’en veulent pas, elles ne savent même pas que j’existe !
Bon, il ne faut pas faire trop d’intra-égotisme, c’est mauvais pour les autres. La cellule est faite de molécules, elle fabrique ces molécules avec une autre molécule, qui est messagère d’une super-grosse molécule qui contient plus ou moins les plans de tous les molécules utiles pour l’organisme. J’ai demandé comment elle pouvait s’y retrouver pour choisir laquelle il faut produire. Elle dit que cela dépend, qu’elle ne produit que ce qu’elle a besoin. Suivant là où elle se trouve, ce que veulent ses voisines, ce qu’il faut pour se protéger, se réparer et survivre. Il suffit qu’elle se coupe en deux pour survivre, elle se croit immortelle. Si elle savait !
La molécule, c’est un moment que peu de gens aiment dans ce voyage. Cela rappelle les cours de chimie. Les liaisons covalentes, les isotopes, le table périodique des éléments. Non ne partez pas ! En se repliant encore un peu plus, on peut croire être Dieu qui se balade dans un système solaire. Des électrons qui orbitent autour d’un noyau, un atome. Démocrite faisait déjà cette méditation. Toute matière est simplement plus ou moins de ceci (proton, neutron) et de cela (électron). Moi, j’aurais été physicien, je me serai arrêter là. C’est une vision belle du petit monde. 3 particules et c’est marre, allez 4 avec le photon, ne soyons pas obscurs. Mais non, il faut qu’ils aillent plus loin ces messieurs (peu de dames, mais remarquables cela dit). Il faut qu’ils friment; c’est à celui qui a le plus gros zoom; et que je t’accélère tout cela dans des tunnels en ronds qui coûtent des milliards, et que je t’explose tout comme un gamin qui joue avec des amorces. Ils ont cherchés, ils ont trouvés, un bestiaire sans fin de particules étranges, charmantes, véritables ou belles (strange, charm, beauty et truth sont des “saveurs” de quark).
C’est amusant, je vous dis. On se replie et on tombe dans un monde qui perd tout contact avec les lois établies depuis des siècles. On navigue dans un océan de possibilités aux frontières de la causalité. Il est probable que je vois ce quark étrange qui spinne, ce photon qui suit deux chemins simultanément, ce neutrino qui traverse en fantôme. Ou pas. Si je veux le vérifier, la réalité se dérobe car elle est réduite par cette action à MA réalité. Tout le reste n’est que potentiel, univers parallèles et infinis.
Ne va-t on pas se perdre à méditer ainsi dans les infinis probabilistes ? Cela n’a plus aucun sens. Sommes nous sûr que ce monde existe ? Absolument, pas de smartphone, de laser, de technologie n’existe sans la mise en oeuvre de ces lois étranges. Il faut donc l’accepter. Toutes cette immense architecture, belle, complexe, que je regarde par mon nombril repose sur des mondes parallèles instables. Pas très rassurant.
Heureusement, on parle du plus petit monde, celui qui peut subir une catastrophe biblique comme un rayon gamma ultra-énergétique venu du fin fond du cosmos qui me déchire de part en part et qui détruit peut-être une poignée de milliards d’atomes. C’est impressionnant, n’est ce pas. Mais en fait, ces milliards d’atomes, mutent et ne disparaissent pas. Peut être quelques uns vont provoquer une réaction en chaîne dans quelques cellules. Les cancers seront probablement annihilés par le temps et si, d’aventure, un venait à grossir, il y a encore une bonne probabilité pour que l’organisme soit emporté par une autre cause. C’est moins amusant, mais ces probabilités quantiques nous gouvernent aussi, à notre échelle. Les physiciens ne l’ont juste pas vu. On l’appelle le hasard ou le destin.
Bon on flotte dans le quantique, mais on a de la route. En dehors de constater par cette méditation que notre temps est gouverné par le probable et le chaos, il ne faudrait pas oublier aussi notre insignifiance. Déjà, une fois entièrement déplié, à mon échelle donc, suis-je signifiant ? Pas à l’ échelle de la terre, non, à l’échelle, disons, de mon quartier ?
Je dois compter un peu, on me connait. Je ne suis plus le dictateur de mon peuple de cellule. Je suis cellule du peuple de l’humanité. Enfin, de mon quartier déjà. Et c’est compliqué ! Tellement, qu’on va pas y rester longtemps, pas bon pour le karma, méditer c’est s’élever. Il faut éviter de regretter son insignifiance locale. Il faut s’émerveiller devant ce que représente l’humanité.
Déjà s’élever au niveau de la Terre. Elle est belle notre Terre. Bon, là, elle brûle de partout. Mais normalement, c’est un système en équilibre lent. Elle aussi elle a un problème de cancer. Voilà deux siècles qu’elle est sous chimio. Mais elle en a vu d’autre. Des cataclysmes, des séismes, des tsunamis, des volcans, c’est son quotidien. Elle a été façonné par eux. Le temps géologique se rira de nous une fois le ménage fait.
Plus sérieusement, la vraie méditation est celle de nos ancêtres. Sans télé, sans twitter, ils regardaient le ciel. C’est l’exercice d’humilité. Etre insignifiant, c’est déprimant, mais être humble, c’est prier. Prier Dieu rien qu’en en regardant l’Oeuvre. Notre ancêtre était humble devant un si grandiose spectacle (il avait pas les lueurs modernes pour le gêner). Nous nous voyons tout et nous ne regardons plus. Ce spectacle des nébuleuses de gaz, le voile de la voie lacté, les centaines de types de cailloux et de bulles, plus ou moins gigantesques, plus ou moins denses, plus ou moins visibles.
Je ne vois pas étoiles de chez moi. Alors je ferme les yeux pour les visiter. Il y a des quasars qui tourbillonnent et font de la musique, des explosions monstrueuses qui peignent des toiles multicolores, le rayonnement de nouveaux atomes. Une symphonie incroyable de chaos et de reconstruction.
Approchons nous d’un trou noir pour une petite séance de stretching. Le temps ralentit et les effets quantiques prennent le dessus. La gravité infinie à l’horizon du trou noir est un voyage à lui tout seul. Sur le fil probabiliste de la singularité, je me désintègre et me réintègre. Je ne suis plus que méditant dans l’antre du chaos. Allez, hop, on saute. On est pas digeste, on se fera bien éjecter en rayon gamma pour parcourir le temps jusqu’au Big Bang.
Ah, c’est là que je voulais vous emmener : au temps de Planck. A l’instant où la matière se révèle. C’est un temps très petit qui contient le grand. Il est le fugace bord de notre bonne vieille toile tendue entre nos deux infinis. Il est le moment où rien est encore et tout est déjà décidé. Quelle est la pichenette qui fait passer notre réalité à une alternative où nous ne serions même pas ? C’est un temps idéal pour méditer, car il n’y a rien pour nous déranger.
Je vous laisse repartir vers la furie de vos égos présents, je reste un peu pour voir si je vois passer Dieu.