La Petite Dernière (Hafsia Herzi, 2025)
La Petite Dernière (Hafsia Herzi, 2025)

C'est le premier film réalisé par Hafsia HERZI que je vois. Enfin plus exactement son premier long-métrage de cinéma. Elle a également réalisé un téléfilm "La Cour" (2022) pour Arte que j'avais regardé à l'époque où il était disponible en replay. Mais en ce qui concerne le cinéma, "la petite dernière" est son troisième long-métrage. C'est un film auquel j'ai trouvé des qualités mais également des longueurs. Au titre des qualités, le cheminement de Fatima (Nadia MELLITI) vers l'âge adulte est raconté avec une sensibilité qui fait défaut par exemple à un autre film sur un sujet voisin "Bande de filles" (2014). Le point fort de "La petite dernière", ce sont en effet toutes les scènes intimistes. Pas tellement celles avec son copain qui semblent assez convenues (on aurait tout à fait pu s'en dispenser de ce copain conventionnel qu'elle voit en cachette le temps de deux ou trois scènes vite expédiées, comme un passage obligé) mais celles avec son amoureuse coréenne, Ji-Na (PARK Ji-Min) que l'on aurait aimé voir encore plus développées. Parce que au-delà de la question de l'orientation sexuelle, c'est aussi la tension entre identité et altérité dans une métropole mondialisée que traite la réalisatrice. Hafsia HERZI montre la souffrance que cela représente pour Fatima comme pour Ji-Na qui fonctionne comme une sorte de miroir. Fatima est écartelée jusqu'à la schizophrénie entre son milieu d'origine, musulman pratiquant, traditionnel et pudibond et une société consumériste qui lui offre un accès à l'assouvissement sans limites de ses désirs. C'est dans ce deuxième aspect que Hafsia HERZI se montre la plus maladroite avec des scènes redondantes de fêtes dans lesquelles l'héroïne semble tourner en rond (même si ça fait toujours plaisir de retrouver la talentueuse Mouna SOUALEM dans un rôle quand même un poil "over the top" de lesbienne allumeuse déchaînée). Autre moment maladroit (parce que encore traité comme un passage obligé), la scène avec l'imam, évidemment trop didactique. Mais Hafsia HERZI se rattrape dans la scène finale entre la mère et la fille dans laquelle la première lui fait part de son amour inconditionnel. Là encore, comme pour Ji-Na, on aurait aimé que ce personnage de mère soit encore plus développé tant il exprime d'émotions et d'humanité au travers du peu de temps qu'il a à l'écran (un simple accrochage du diplôme du baccalauréat en dit plus long que tous les discours!). En bref, Hafsia HERZI est une dentellière du sentiment et cette finesse dans l'approche de ses personnages dès que l'on sort des conventions est tout à fait remarquable.
Colaborar
Puedes apoyar a tus escritores favoritos

