Chapitre 34
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Chapitre 34
Chapitre 34
Florence, dimanche 28 novembre
Assise dans les gradins, une écharpe autour du cou, un bonnet sur la tête et des gants aux mains, j’attends le départ de la course. Valentine est dans les starting-blocks, attendant le top départ. Son binôme est comme elle très concentré. Je les ai vus s’échauffer. Ils forment un duo parfait. C’est un grand jour pour Valentine car, si elle est qualifiée aujourd’hui, elle est assurée de pouvoir participer à une compétition nationale, son rêve actuel. Ca serait un premier échelon de gravi dans son ascension vers les jeux paralympiques.
Depuis que sa maman a accepté ma proposition de l’emmener en Laponie, nous nous sommes vues à plusieurs reprises pour apprendre à mieux nous connaître. Cela m’a permis de bien comprendre son handicap et de pouvoir me préparer au mieux pour ce voyage un peu particulier qui nous attend toutes les deux. Il paraît que Valentine a sauté dans les bras de sa maman lorsque celle-ci lui a confirmé qu’elle partait en Laponie et elle a aussitôt voulu me remercier. Je la revois débarquer au Hayon alors que j’étais en train de peindre. Elle m’a serré très fort contre elle sans rien dire, à part « merci ». Elle est bien loin la petite fille réservée que j’avais accueillie à Halloween.
Nous nous sommes ensuite retrouvées pour acheter tout l’équipement nécessaire pour affronter le froid polaire. Heureusement, l’agence de voyage nous avait dressé une liste qui nous a servi de guide dans le magasin. Aussitôt l’article choisi, Valentine le rayait sur la liste. Même si elle avait des difficultés évidentes pour lire, elle a tenu à le faire elle-même. J’ai donc pris conscience qu’il ne fallait pas la traiter différemment des autres enfants et que je ne devais en aucun cas faire des choses à sa place. Je respecterai donc autant que possible son besoin d’autonomie durant notre voyage.
Le coup de feu vient de retentir. Très vite, Valentine se retrouve dans la tête de la course avec une autre fille. A ce moment, alors qu’elle est la seule personne souffrant d’un handicap, rien ne la distingue de ses concurrentes, sauf le fait qu’elle soit reliée à son guide par le bras. La bataille est rude. Les deux fillettes sont au coude à coude.
- Allez Clara ! T’es la meilleure !
Je ne sais pas si elle m’a entendue, mais je la vois accélérer et prendre un peu d’avance sur sa plus proche adversaire, qui semble avoir du mal à tenir le rythme imposé par Clara. L’écart se creuse de plus en plus et moi, je suis épatée de voir que Valentine est encore capable de déployer autant de puissance alors qu’elle vient de dépasser les trois cents mètres. Mon cœur bat la chamade. J’ai les mains crispées et je retiens ma respiration alors qu’elle entame le dernier virage. Derrière elle, la bataille est rude pour les places sur le podium. L’écart diminue, mais Valentine ne lâche rien. Elle se met à sprinter et termine la course la première. Waouh ! Quelle belle montée d’adrénaline ! Je suis trop fière de ma petite protégée. Je sais ce que ça représente pour elle et ça me fait chaud au cœur pour elle. Je descends les marches pour la rejoindre. J’ai tout filmé et diffusé en direct sur Facebook pour que sa maman puisse l’admirer depuis l’hôpital où elle travaille.
- Bravo Valentine ! Quelle course ! Tu m’as donné la chair de poule. Ta maman doit être drôlement fière de toi.
- Elle a pu me voir en direct ?
- Oui, oui. Elle a mis plein de petits cœurs et elle vient d’envoyer un message de félicitations. Je suis persuadée qu’elle va regarder la vidéo en boucle maintenant qu’elle sait que tu as gagné.
Je reçois un appel vidéo.
- Tiens, justement. La voilà qui appelle.
Je décroche et tourne la caméra vers Valentine et moi. Sa maman apparaît en blouse blanche entourée de plein de collègues.
- Félicitations, ma puce ! Je suis si contente pour toi. Un jour, tu seras tout en haut de l’échelle. J’en suis persuadée.
- Merci Maman.
Ses collègues crient de joie toutes excitées :
- Superbe course !
- Bravo Valentine !
- Tu as assuré, championne ! dit l’une d’elles en s’approchant de la caméra pour lui adresser un bisou.
L’entraineur de Valentine vient à son tour la féliciter et un journaliste attend pour l’interviewer.
- Tu es une star, comme je vois, dit sa maman. On te laisse profiter. Bisous ! A ce soir.
- Bisous Maman.
Valentine accompagne ses paroles en envoyant plein de bisous volants à sa maman. Avant de raccrocher, je lui confirme que je vais faire un nouveau direct au moment de la remise des prix.
- Merci pour tout Florence.
Quand Valentine monte sur le podium, mon cœur résonne dans mes tempes. Je filme, puis immortalise l’instant avec mon appareil-photo, tout comme le journaliste de l’Avenir du Luxembourg, un journal local. Avec un petit pincement au cœur, je me dis que Clara aurait beaucoup aimé être là aujourd’hui. Si le paradis existe, y a-t-elle plein d’amis ? Elle a peut-être fait connaissance avec Justin, le fils de Bérengère. Cette dernière m’a expliqué qu’il s’est fait renverser par une voiture sous ses yeux. Il a suffi d’une minute d’inattention de sa part et le drame est arrivé. Je repense à Mistigri qu’Aline avait failli écraser et cela me fait froid dans le dos d’imaginer Justin à sa place. Mes amis du Hayon ont tous un passé douloureux apparemment. Je pensais que Mathilde était la seule à avoir perdu un enfant, mais j’ai à nouveau été bouleversée en découvrant l’histoire de Bérengère. Je ne peux que constater qu’elle aussi n’a pas eu une vie facile avec son compagnon qui l’a quittée à la naissance de leur fils en raison de sa trisomie. Elle l’a élevé seule, malgré les difficultés et les préjugés et il lui a glissé entre les mains, dix-sept ans plus tard. Quelle horreur ! C’était il y a trente-deux ans et elle m’a avoué que la douleur était toujours là, même si elle ne la montrait pas. Je ne sais pas si j’aurai autant de courage qu’elle, si je survivrai au départ de ma fille et si un jour, je revivrai en couple, comme elle et Cézanne. Il paraît qu’ils se sont rencontrés ici il y a une dizaine d’années et qu’ils n'ont pas l’intention de quitter le Hayon. Cézanne était arrivé quelques mois avant elle. Après son divorce et un travail à la chaîne qui ne lui plaisait pas, il avait choisi de se reconvertir dans l’élevage d’escargot après avoir suivi une formation. En discutant avec Thomas sur un marché, il a emménagé au Hayon et quitté l’usine de Valvert à Etalle où il travaillait comme opérateur sur la chaine de production des bouteilles d’eau.
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