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Chapitre 15

Chapitre 15

Publicado el 5, oct., 2024 Actualizado 5, oct., 2024 Chick-lit romance
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Chapitre 15

 

C’est le week-end et je récupère avec mes poussins de la fatigue de la nuit. Nul besoin d’imposer de temps calme après le déjeuner, Peter dort et ses frères jouent tranquillement dans leur chambre. Ils installent une grande nappe sur le sol pour amortir le bruit des billes dans le circuit. Rien de plus irritant pour un voisin que d’entendre une bille tressauter jusqu’à l’agonie. La fatigue à l’âme, je vogue sur l’interface de Beethoc, l’envie au creux de la vague. A la fois dans les starting blocks du site et passive .

Je consulte mes messages, à point nommé un petit mail d’Ana me met à distance des événements de la nuit.

Coucou,

Suite du feuilleton sur les déchets indiens. Je découvre qu’il y a beaucoup d’argent dans le circuit des déchets. Pleins de gens y travaillent. Je vais écrire une espèce de carnet de route pour le journal des étudiants de la fac. Ce sera publié tous les mois à l’université de Capcity-le-Soubresaut.

La poubelle montre le niveau de vie de son propriétaire. On peut y voir les très fortes différences de culture, de religions et de castes. C’est une classe sociale fermée de la société indienne qui en comporte quatre, les hors-castes étant intouchables.

Promis, je n’ai pas été fouiller dans les poubelles ! Si on veut, y a qu’à regarder, tout est éventré et en plein air. D’ailleurs, il n’y a pas de poubelles au coin des rues, encore moins pour chaque maison. Les habitants marchent pour aller jeter leurs ordures dans les dalaos. Ce sont des sortes d’enclos cimentés et ouverts sur un flan. L’endroit pue à plusieurs lieues à la ronde. Les habitants ou les domestiques des familles aisées vont rarement jeter leurs détritus au dalao même. Ils s’en débarrassent quelques mètres avant. Ça élargit carrément la zone insalubre. C’est une infection. Ensuite des camions ramassent les ordures mais la fréquence varie d’un quartier à un autre, j’imagine que ça dépend des taxes payées par les habitants, peut-être aussi de la localisation. Les vieux camions de ramassage ont leur carcasse rouillée. Ils sont tout défoncés. Leur cargaison pleine à ciel ouvert embaume grave les environs. Imagine-toi en train de doubler un de ces camions fous et pestiférés. Tu te prends en pleine face les déchets du dessus. Ces camions poubelles s’enfuient à une vingtaine de kilomètres de la ville pour décharger leur butin. Ensuite les déchets sont transformés en compost ou en cendres. Voilà ce que je viens de décoder mais je peux encore me tromper.

Il paraît que les cours vont reprendre. Je ne comprends rien. Y en a qui disent que les vacances sont finies, d’autres que la grève sert à rien et que les cours reprennent bientôt. On attend de voir. Je ne suis pas vraiment pressée de voir comment les cours se passent ici !

Bisous empuantis des poubelles indiennes

Ana

Je m’y reprends à trois fois pour me mettre dans ses pas et lui répondre en m’épanchant sur les frissons de la nuit passée. Décidément, je ne me vois pas vivre avec des micro-décharges au coin de la rue. Le système est plutôt rodé à Capcity-le-Soubresaut. Quand les poubelles restent un jour de trop sur un bout de trottoir, les citoyens de la ville râlent et refusent absolument toute soumission.

C’est le moment où Ogron passe à l’action. J’entends une musique à l’extérieur, vers le balcon. J’ouvre grand mes yeux devant la scène. Ogron  est à genou devant sa femme. Il se lance dans une sérénade. Se lève pour remuer le wok qui fume sur le gaz. Revient s’agenouiller. Rechante. Se relève. La cuisine d’été tremblote dans ses fumerolles piquantes. C’est le grand jeu. Ogron demande sa femme en mariage, après dix ans de vie commune. C’est beau. C’est mon couple idole. Au moment où Femme d’Ogron s’apprête à lui répondre, le couvercle du wok explose. La bouteille d’huile ouverte se renverse sur le brûleur. La flamme atteint sans demander son reste le plafond qu’elle se met à lécher avec vigueur.

Hurlements. Bacs d’eau jettés de bas en haut à la verticale. Ogron et sa future, car elle a répondu oui pendant la montée de la flamme, s’activent. Une couverture trempée dans les toilettes étouffe définitivement le feu. Mur et plafond sont noirs. Ils se reconfirment le oui. Ils vont se marier. Je suis témoin  de la scène et, le serai à n’en pas douter,  le jour de leur mariage.

La sorcière ardéchoise, femme du voisin du palier, s’inquiète de la tragédie de la cuisine d’été. Elle craint pour sa sécurité. Celle d’Ogron également.

Presque plus rien ne me déconcerte. Je prends ce que m’offre la vie. Calmer la rythmique cardiaque de tous. Recouvrer la santé devant la langueur intrépide du temps qui se délie à toute vitesse. Les jours s’avalent, leur amour-propre aussi.  La garde des enfants s’organise. Je me retrouve face à une liberté inédite.

Pendant la semaine, les enfants me voient toujours avec un bloc et un stylo. Lire, écouter, corriger, suggérer et écrire. Vadrouiller  dans la capitale tout en étant à l’écoute de leur rythme d’écoliers. C’est bon.

Première semaine des vacances de la Toussaint, les enfants partent chez leur père. Berniqueji a rebondi et s’est trouvé une colocation qui lui permet de recevoir ses enfants régulièrement. Confirmation de la stérilité d’un sentiment de culpabilisation, l’autre sait se débrouiller.

Sans enfants, je prends le temps. Le temps d’être. Apprendre. Ou plutôt réapprendre à être. A respirer avec application.

Profond soupir de bien-être. Le travail sans gestion quotidienne d’enfants, c’est comme du travail en vacances. Le lâcher-prise de l’adulte qui ne pense plus qu’à lui. Cela commence par l’observation comme bon me semble de ce qui m’entoure.

Sur la place du marché, la campagne pour les élections municipales pointe son groin. Chaque parti politique sort son ciré de couleur pour alpaguer l’électorat.

Maire sortant en violet social.

Rose pour les écologistes, le vert se fait chahuter!

Des cirés bleus répandent des humeurs divergentes.

Bleu azur pour la poubelle locale de l’extrême qui s’acoquine aux partis au gré des vents.

Bleu matelot pour le parti représenté par un bandit notoire de grand chemin.

Bleu-blanc indiquent leur envie de respiration contre les cinq mandats successifs du maire violet social

Sans ciré mais avec costards, ceux qui défendent leurs fronts, imperturbables avec leur cravate.

Chacun fait comme il peut en fonction de ses moyens.

Aujourd’hui, les bleu-matelot et les bleu-blanc s’agitent en distribuant des sucettes de propagande.

Dans un même souffle et autour d’un thé parfumé au jasmin sur mon balcon, nous suivons les avancées d’Ana sur ma tablette. Je crois qu’aucune de nous deux ne comprend vraiment ce qu’Ana est en train de vivre dans cet ailleurs si exotique et dense.

Coucou,

C’est à nouveau moi avec mes poubelles ! C’est pas une obsession mais c’est que ça fait partie de la vie de tous les jours, alors ça me turlupine de comprendre comment ça fonctionne.

La municipalité est visiblement débordée. Parfois les déchets des dalaos sont ramassés au bout de trois semaines. Tu peux imaginer les odeurs de décomposition ? Du coup elle accepte volontiers l’aide du secteur informel. Sinon la ville serait un véritable dépotoir ambiant. Ce secteur officieux donne beaucoup de taf. Les déchets redeviennent presque utiles. Une dinguerie ! Je me rends compte maintenant que les petits métiers font vivre des quartiers entiers.

Les cours ont commencé. Pour le moment on a décidé de suivre un cours sur l’histoire médiévale de l’Inde et un cours de sciences politiques. On s’accroche, mais franchement c’est hyper dur de prendre des notes en anglais. Donc, on potasse de notre côté !

Bisous dégueux

Miss Poubelle

Dune est sceptique quant au sérieux du programme universitaire d’étude d’Ana. Elle me dit aussi que cette année a des chances d’apporter à Ana bien plus de connaissances du monde que des siècles passés en apnée dans un amphithéâtre d’ici.

– Mais quand même, rajoute Dune en soupirant, je ne pourrais pas vivre dans ce pays. Ça me donne des frissons de penser aux rats et aux poubelles !

– S’il n’y avait que ça, Ana aussi aurait aussi du mal. Je suis certaine qu’elle s’y plaît. En ce moment, elle est à fond dans son sujet hygiénique pour le carnet de bord de la fac, c’est pour ça qu’elle insiste.

– Oui et heureusement qu’elle envoie des nouvelles régulièrement, je me sens plus détendue.

– Je la trouve très à l’aise et enthousiaste.

Je profite de ces quelques jours sans bambin pour m’offrir une virée dans la grande capitale. Capcity-le-Soubresaut appartient à la petite couronne de Paris.

 

 

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