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Symbolique du papillon (5) Gourmandise contrastée

Symbolique du papillon (5) Gourmandise contrastée

Published Aug 4, 2025 Updated Aug 4, 2025 Young Adult
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Symbolique du papillon (5) Gourmandise contrastée

Premier regard : elle

Une douceur énergique


Alors que le bus roulait, l'adolescente finit par s'endormir, la tête posée sur le côté, face aux montagnes et à la mer d'un bleu onirique. Juste derrière elle, le garçon rêvassait, appuyé sur le rebord de la fenêtre.


  1. Ah, je crois que tu es amoureux, lui lança son voisin d'un air taquin, tandis qu'il semblait contempler le paysage.
  2. Hein quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?


En réalité, il l'admirait comme on regarde l'arrière plan d'un tableau ou le décor d'un théâtre pendant la représentation d'une pièce, car ce qui captait le plus son attention, c'était le reflet de la jeune fille endormie devant lui.


Il avait déjà remarqué chez elle, qu'à une énergie débordante se mêlait un tempérament rêveur.


« Au premier abord, on voit d'abord son énergie, mais quand on l'observe un peu plus, on s'aperçoit qu'elle est souvent ailleurs. »


Et lorsqu'elle dormait, il pouvait discerner une douceur, posée tel un voile fin sur son visage, douceur qu'il ne pouvait que deviner au fond de ses prunelles brunes et chaudes, où se logeaient des éclats de vert.


Elles semblaient tournées vers un ailleurs inaccessible, et ses lèvres légèrement entrouvertes témoignaient également de la sérénité de son sommeil. L'adolescent n'avait jamais saisi tant de contrastes sur une personne.


Il la trouvait belle, et ne parvenait pas à s'en détourner, comme si cette douce fragilité inatteignable, qui paraissait noyée dans son regard quand elle était éveillée, pouvait être captée pendant son sommeil.


La jeune fille bougea, entrouvrit doucement les paupières et sourit, comme ravie d'un rêve qu'elle venait de faire ou d'une pensée cachée qui avait germé au fond de son esprit. Elle s'extasia devant la mer Égée, avec l'énergie d'un enfant découvrant le monde pour la première fois.


Et son camarade venait d'interrompre sa contemplation par cette remarque qu'il trouvait absurde et intrusive.


  1. Tu es amoureux, non ? répéta celui-ci.


  1. Je ne vois pas ce qui te fait dire ça.


  1. Tu...tu regardes la vitre depuis tout à l'heure. Et tu ne dis pas un mot. Comme si tu pensais à quelqu'un.


  1. Parce que c'est beau. Et puis ce n'est pas la vitre que je regarde, mais ce qu'il y a derrière.


  1. Oui enfin, t'es bizarre aujourd'hui.


  1. Je suis tout le temps bizarre, plaisanta-t-il.


  1. Non mais tu vois très bien ce que je veux dire !


  1. Pas du tout, répondit-il en toute sincérité.


Premier regard : lui

Une assurance maladroite


Cette boutique comportait toutes les douceurs sucrées possibles et imaginables. A droite s'étendait un rayon entièrement rempli de pots de miels de toutes tailles et formes. Derrière se trouvaient tous les gâteaux à base de miel et de graines.


A gauche, des lycéens regroupés autour des tables se régalaient de loukoums : tantôt ces friandises étaient trempées dans du sucre, tantôt s'y glissaient une noisette coupée. L'adolescente salivait devant ces pâtes carrées rouges, roses, vert clair et foncé, jaunes, orange, disposées dans des grands paniers selon leur sorte.


Finalement, elle accompagna sa copine vers les pots de miel, et comme cette dernière hésitait sur son choix final, chacune partit en quête de son côté.


Le bois clair et les pots créaient une atmosphère douce et dorée. A travers l'étagère, l'adolescente aperçut le garçon marcher dans le rayon de derrière. Elle sursauta de surprise, croyant qu'il était resté avec les autres au stand des loukoums. Craignant qu'il ne la vit à son tour, elle se redressa et continua sur sa droite en faisant mine de s'intéresser au miel.


« C'était moins une. Un peu plus, et il me prenait pour une folle ! Oh mince mais qu'est-ce qu'il fait là ? »


Il avançait dans sa direction. Elle avait peur qu'il la rejoigne. Elle ne voulait pas croiser son regard. Doucement, la jeune fille revint vers sa copine tandis qu'il marchait vers elle d'un pas décidé.


Elle s'arrêta, figée devant le miel, en voyant qu'aucune retraite n'était possible.


  1. Tu trouves le bonheur ici ? l'accosta-t-il avec une assurance teintée de réserve.


Elle écarquilla les yeux sans les lever vers lui, surprise qu'il l'ait abordée d'une manière qui lui parut si naturelle.


  1. Euh...


  1. Je parle du miel. Tu trouves ce que tu veux ? ajouta-t-il en souriant d'un air gêné par l'ambiguïté de sa question initiale.


  1. Ah... non. J'accompagne juste ma copine. Elle est en train de... choisir la taille de son pot, dit-elle en la désignant un peu plus loin en train d'en saisir deux pour les comparer.


  1. Je vois. C'est vrai qu'elle a l'air plus absorbée par les pots que toi, s'amusa-t-il.


  1. Le choix du pot est tout un dilemme, en imitant un air sérieux.


Il rit doucement puis reprit plus sérieusement.


  1. Elle est gentille, je trouve.


  1. Oui elle l'est.


A ses yeux, cela devenait de plus en plus évident qu'il avait un faible pour sa camarade.


« Il est juste venu pour me parler d'elle ! »


  1. Tu sais, je crois qu'elle pense la même chose de toi. Que tu es gentil, je veux dire, continua-t-elle.


  1. Ah oui ?


Il la fixa. Elle sentit son regard mais n'osait pas le croiser et baissa les yeux, n'ayant aucune envie qu'il commence à lui faire des confidences sur sa copine. Elle se mit alors à parler très vite, peinant à respirer.


  1. Oui elle est très sociable. Elle est attentive aux autres. Elle trouve que c'est galant de ta part de nous tenir la porte quand on va quelque part, que tu es drôle. Elle adore qu'on lui parle. Oh tu vois, elle commence à nous regarder...


La jeune fille voulait le faire aller vers sa compagne de voyage pour éviter qu'il ne lui parle d'elle davantage, et regretta d'avoir abordé le sujet.


Or elle ignorait comment se dépêtrer de cette situation. D'un côté, elle ne voulait pas qu'il s'en aille, de l'autre sa présence lui créait une drôle de sensation au creux de l'estomac qu'elle ne savait définir. C'était agréable et dérangeant à la fois, du fait qu'elle n'en comprenait pas la cause, d'où sa gêne.


Il la dévisageait avec une intensité qui lui brûlait la peau.


  1. Et toi ? demanda-t-il, de plus en plus intrigué alors qu'elle prit une profonde inspiration pour reprendre son souffle.


  1. Oui ?


Il s'approcha d'elle. Elle se hasarda à tourner la tête vers lui tout en prenant soin d'éviter ses yeux qu'elle sentait toujours braqués sur elle.


  1. Toi, que penses-tu de moi ?


  1. Eh bien, je...je suis du même avis qu'elle...je te trouve...gentil...et...


« Que t'arrive-t-il ? Ressaisis-toi ! »


Elle ne voulait pas donner l'impression que quelque chose pouvait l'intimider chez lui. Elle avait horreur de ne pas maîtriser une situation. Ainsi, durant le temps que dura cette seconde, elle tentait de se persuader que cette sensation bizarre n'était que le fruit de son imagination.


Partagée entre une envie irrépressible de soutenir son regard et de se défier elle-même, elle leva finalement les yeux vers lui et fut encore plus abasourdie, car elle ne s'attendait pas à ressentir une émotion aussi vive.


  1. Et puis...


Elle s'interrompit au milieu de sa phrase, perdant le fil de ce qu'elle disait. Ce fut comme si le temps s'était arrêté. Leurs prunelles se croisèrent véritablement pour la première fois.


Personne n'avait jamais regardé la jeune fille de cette façon. C'était profond et doux, comme une caresse qui ne passait que par la puissance d'un regard.


La jeune fille se perdait dans les yeux bleus et brillants de ce garçon. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement et le rouge lui monta aux joues. Cette sensation étrange qu'elle éprouvait, s'empara entièrement d'elle.


Son cœur battait plus vite, et semblait se cogner contre sa poitrine. Sans s'en rendre compte, elle fit un pas vers lui, prête à effleurer sa joue, ses grains de beauté, voulant voir de plus près le coin de sa bouche où s'achevait son sourire. Pourtant elle n'en fit rien, à la manière d'un fil magique qu'elle ne voulait pas rompre par un mouvement brusque. Elle se mit à sourire aussi.


  1. "Et... je ne sais plus, murmura t-elle.


  1. T'as d'beaux yeux tu sais". lança-t-il, ce qui rappela immédiatement à l'adolescente la réplique de Jean Gabin dans le film Quai des brumes, lorsqu'il s'émerveille devant ceux de Michelle Morgan.


Élisa rit. Personne ne lui avait jamais parlé de cette manière. Mais sitôt après son compliment, lui-même éclata de rire et détourna ses yeux d'elle.


« Ah d'accord. En fait ce n'était que pour plaisanter qu'il a fait cette référence cinématographique... », pensa-t-elle avec une pointe de déception.


En songeant à la réponse de Michelle Morgan, elle reprit son aisance habituelle, et répliqua avec défi, en fronçant légèrement les sourcils :


  1. Contrairement à l'actrice du film que tu viens de citer, je ne te dirai pas de m'embrasser !


  1. Oui, bien entendu.



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