Comment pouvoir être dans l’amour si l’on n’arrive déjà pas à être dans l’empathie? Longtemps je me suis déconsidérée et maltraitée car je ne me sentais pas forte. Je pleurais facilement devant un film, à la lecture d’un livre, tout me touchait, la misère, la violence, toutes les causes humaines et environnementales remuaient en moi le désir profond de sauver le monde.

Je faisais de la sensiblerie, j’appartenais de plus à cette catégorie du sexe faible. Celle qui est qualifiée d’hystérique quand elle se rebelle, de commère quand elle partage avec ses semblables, de pute quand elle se refuse, de salope quand elle désire hors du cadre et le fait savoir. Me voilà femme douée d’une sensibilité exacerbée qui me dépasse.

Mal outillée pour ce monde de perfection, de force, de compétitivité. Rebelle par dessus tout, je choisis d’être artiste histoire d’exorciser une intériorité foisonnante et des blessures mi-secrètes. Cela ne suffit pas et la dépression tombe comme un couperet à 17 ans.

Le reste de ma vie sera de survivre, puis de construire toujours avec ce sentiment d’infériorité, de non adaptabilité à la société, de nullité, d’échec, un manque absolu d’estime de soi. Avoir une sensibilité exacerbée faisait de moi une handicapée, un être faible et souvent dominée par les forts, ceux qui sont de roc. Ceux qui ne s’encombrent pas avec les sentiments surtout s’ils ne les contrôlent pas. Ceux pour qui, le concept d’empathie n’a aucune résonance ni intérêt car il ne rapporte rien.

Aujourd’hui je bénis mes blessures, mes accroches, mes failles, mes moments de reliance avec ma communauté humaine. Je bénis mes larmes, mes désespoirs, je me considère avec amour et estime car je sais qui je suis tout au fond là où il ne reste que «l’essence-être ». Je sais que ce bref passage terrestre je l’ai voulu et j’y travaille mon incarnation pour que cela ne soit pas vain. Je revendique le droit d’être traversée sans honte et sans jugement par les émotions qui se présentent.

Et j’invite tous ceux et celles qui en lisant ces lignes se retrouvent dans mes mots à comprendre qu’être sensible et l’assumer est un cadeau du ciel. N’ayez plus peur. Oui des gens voudront vous blesser car votre lumière leur est insupportable. C’est la lumière qui les éclaire et les oblige à sortir de l’ombre. Mais ne vous laissez pas éteindre. Au contraire remettez de l’huile sur le feu sacré qui brille en vous.

Nous sommes sans doute les hermites à la lanterne, les guides pour ceux qui ont encore une longue route à faire. L’empathie est sans doute le premier pas vers l’autre sur la première marche du grand escalier de l’Amour. La dernière marche étant sans doute, en tous les cas pour moi la Compassion car elle est une forme d’amour «  neutre » et désintéressée. Mais peut-être que votre escalier à vous est construit avec une autre structure et cela est juste! L’essentiel étant le lien à soi même et aux autres de manière équilibrée.

Bénis celles et ceux qui ne craignent pas ni leur part d'humanité, ni leur part de sacré.