Mireuse
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Mireuse
Je t’en prie, n’en remets pas une couche,
Mets à mal toutes ces retouches,
Toi qui défends les droits de la femme,
Tu es vraiment tombée dans l'infâme,
Qu’en est-il du droit de vieillir ?
Comme un bon vin, embellir,
Un droit naturel, ne penses-tu pas ?
Crois-en mes sens, tu feras toujours un tabac.
Gonflée à l'hélium, tu ressembles à un vilain ballon.
Perchée sur tes hauts talons.
Je t’envoie une fléchette
Jet d’une idée de la vieillesse.
Refuses-tu d’avoir consommé ?
Te détestes-tu à ce point ?
Est-ce des piqûres de maringouins ?
Ou collectionnes-tu des miroirs déformés ?
La peau mature est bien plus belle
Que l’illusion d’un Nobel,
Qu’une chimère de jeunesse,
Elle crie haut et fort de sa forteresse :
“Je n’ai pas eu peur, j’ai vécu.
Mais j’avoue aussi, avoir eu
Beaucoup de chance,
Durant mon enfance”.
Celles qui n’ont connu qu’une peau de bébé,
On te l’a bien souvent répété,
Loin de cette terre désormais,
Payeraient cher pour avoir ta peau et un autoportrait.
Enfin tu daignes te regarder
dans une vraie glace,
C’est sûr, un peu relâchée,
Mais rien de dégueulasse.
Une ride de trop pour avoir trop dormi,
Que c’est joli !
Voire un souvenir de couche-tard,
Telle une rockstar,
Des rides au coin des lèvres,
Que tu as ri !
Même la Mona Lisa, ce chef-d’oeuvre,
Te jalouse du regard.
Il n’est d’oeuvre d’art,
Sans tourmente ni écart.
Ta peau factice
Couvre bien des insécurités,
Et une vie qui rapetisse,
Mais ma chère maturité,
Sois honnête, tu sais bien,
Que c’est en toi, que tu détiens,
La clef de la liberté.
Car pour être libre,
Ta peau doit l'être aussi.
Évite le déséquilibre,
Ouvre grand tes pupilles,
Écoute ma philosophie,
et défais-toi, cousine,
De tels assouvissements puérils,
Clame haut et fort devant ton nouveau miroir,
Celui de la réalité, pour enfin te voir,
“Je suis libre et je m’aime”, et pardessus,
Ressens en toi le plaisir d’avoir vécu.