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Vous faites du tourisme ou c'est pour affaires ? (2)

Vous faites du tourisme ou c'est pour affaires ? (2)

Published Jun 2, 2023 Updated Jun 2, 2023 Travel
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Vous faites du tourisme ou c'est pour affaires ? (2)

Quoi qu'il en soit, une chose qui ne peut que plaire au sédentaire (mais beaucoup moins à l'aventurier pur jus) dans le voyage d'affaires (dans lequel je range le voyage d'études) tout comme dans le tourisme vacancier, c'est qu'il s'agit d'un parcours balisé et tout à fait prévisible

Certes, il n'est pas toujours possible de tout prévoir à l'avance autant qu'on le souhaiterait. La vie dépend d'un grand nombre de circonstances, la plupart desquelles échappent à notre contrôle, et pour cette raison-là, on n'est jamais tout à fait à l'abri d'un imprévu : un vol annulé en dernière minute à cause de la météo ou d'une éruption volcanique (Eyjafjallajökull, ça vous rappelle quelque chose ?), une panne, un accident, une grosse grippe qui se déclare trois jours avant le départ (ou bien le SRAS, le MERS ou le covid qui se déclarent pendant le vol, ça s'est déjà vu), un détournement... entre bien d'autres choses. Il est littéralement impossible de prévoir absolument tout à cent pour cent, et c'est sans doute pour cela qu'aussi balisé qu'il puisse être, tout voyage gardera toujours pour un vrai casanier quelque chose des frissons de l'aventure. 

Mais tout ceci mis à part, et surtout parce qu'il est indispensable de pouvoir les intégrer dans une vie qui ne laisse que très peu de place à l'imprévu, voyage d'affaires et tourisme de vacances sont des processus soigneusement planifiés. On les prépare longtemps à l'avance (ou on les fait préparer par un(e) secrétaire de sa boîte), et tout y est prévu jusque dans les moindres détails : la destination, le moyen de transport, son prix, les conditions, le nombre de voyageurs, les dates, les horaires, les billets, les cartes d'embarquement, l'hôtel, sa situation, la chambre, ses équipements, son niveau de confort, le nombre d'hôtes qu'elle peut abriter, les conditions d'annulation, les assurances et recours en cas de maladie, d'accident, de vol, et jusqu'à la possibilité d'un rapatriement d'urgence... rien, véritablement rien n'est laissé au hasard

C'est ce qui en a amené d'aucuns à comparer cette façon de voyager à un séjour dans un parc d'attractions. Dans sa publicité, un parc d'attractions promet à ses visiteurs les frissons de l'aventure et de la découverte, mais en fait ce n'est qu'une illusion d'optique parce qu'en réalité, je n'irai peut-être pas jusqu'à dire que tout est sous contrôle - il y a déjà eu des cas de défaillances des attractions, dont certains ont même fait des victimes - mais ces quelques (heureusement !) rarissimes exceptions mises à part, on peut dire que tout ce qui est matériellement et humainement prévisible est bien prévu et provisionné, de telle sorte que le visiteur est pris en charge en permanence par le personnel du parc d'attractions dès qu'il n'arrive plus à se débrouiller par ses propres moyens. Ce qui n'est pas forcément le cas dans la vraie vie. C'est ce que souligne quelqu'un comme Skinner Layne dans son article "Life is not Disneyland" ("la vie n'est pas un parc d'attractions") dans lequel il se permet justement cette comparaison, pas seulement au niveau du voyage mais à celui de la vie en général (dont tout est fait pour nous faire croire dans nos pays développés qu'il s'agit d'un parcours bien balisé et sécurisé alors qu'en fait il n'en est rien). C'est justement ce côté "parc d'attractions" qui fait que même quand la destination est nouvelle et encore personnellement inconnue de soi, on peut quand même se sentir pleinement en sécurité dans son voyage tout en bénéficiant malgré tout des frissons de la découverte et de l'illusion de partir à l'aventure. 

Une illusion que les puristes en la matière ne manqueront pas de taxer d'"aventure au rabais".

 

 

Image de couverture : © soopareuk - Getty Images/iStockphoto

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Comments (2)

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Jackie H 1 year ago

Merci également pour le coup de cœur 🙂

C'est en effet l'un des grands paradoxes du voyage : on part avec l'intention de se reposer et de se ressourcer, mais on se rend compte à l'usage que c'est beaucoup de fatigue et aussi de stress - à moins d'avoir vraiment tout son temps devant soi, ou alors un pied-à-terre là où on va qui est comme un deuxième chez-soi, ce qui n'est pas vraiment le cas de tout le monde 😒. On veut échapper pour un temps à ses obligations et à son train-train, mais on s'aperçoit en cours de route qu'on s'est créé d'autres contraintes et qu'on a remplacé les unes par les autres... Y a-t-on vraiment gagné au change ? On peut s'estimer en droit de se poser la question... Mais la plupart d'entre nous ne redoutent-ils pas la réponse ? Dur dur en effet d'accepter la possibilité de se dire qu'on a peut-être investi tant de ressources pour... rien, finalement... Même si ça ne doit pas être la réponse finale, rien que l'envisager est en soi déstabilisant...

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Julien Ziemniak 1 year ago

Tout d'abord, merci pour cette avalanche de pouces-petits-coeurs

Je me suis beaucoup déplacé, pour le travail ou pour aller à la rencontre de ceux qui me sont chers. Très peu pour le tourisme. Je n’en ai donc pas trop l’expérience, mais j’ai celle du voyage. Pour paraphraser Marta, l’un des personnages d’Olga Tokarczuk dans « Maison de jour, maison de nuit » : « Quand je voyage je ne suis occupée que par moi-même. Quand je suis à la maison, je suis. »

Quand je voyageais pour mon travail, le temps passé au travail c’était du travail, le reste du temps je ne m’occupais que de moi : ne pas rater un train ou un avion, ne pas rater le dernier service au restaurant, ... Voyager est une activité égocentrée.

Quand je suis chez moi, il me suffit d’être. Le monde entier concourt à mon bonheur et à mon confort. L’été le jardin m’offre sa fraîcheur, l’hiver les radiateurs leur chaleur. Les jours de pluie, la musique de Mahler, mes chiens leur douceur, Bozena sa lumière. Toujours.

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