Marco Polo, Philippe de Dieuleveult, Mike Horn et les autres (3) : tout un mode de vie
On Panodyssey, you can read up to 10 publications per month without being logged in. Enjoy9 articles to discover this month.
To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
Marco Polo, Philippe de Dieuleveult, Mike Horn et les autres (3) : tout un mode de vie
Nous étions donc partis, en parlant de l'aventurier, de l'image un peu romantique et romanesque d'un grand rêveur très désintéressé et très peu réaliste, un peu tête brûlée, un peu trompe-la-mort, qui base toute sa vie sur le goût du risque et qui le fait, si l'on peut dire, pour l'amour de l'art...
... et voilà que nous nous retrouvons pratiquement avec celle d'un entrepreneur d'un autre genre qui prépare ses voyages encore plus en profondeur et avec plus de minutie qu'un voyageur d'affaires ou un touriste vacancier.
C'est donc ça en vérité, un aventurier : un préparateur de haut vol, un voyageur d'affaires ou un touriste vacancier dont la seule spécificité - et le seul comportement gratuit - consiste à rechercher exprès la difficulté là où il pourrait faire facile comme tout le monde ?
Le définir ainsi n'est pas non plus lui rendre justice. Pas plus que faire de lui une tête brûlée.
En fait, l'aventure, c'est un tempérament de base, bien sûr - le même que celui qui fait les inventeurs, les entrepreneurs, les créatifs en tous genres, et plus généralement tous ceux qui sortent des sentiers battus (et de ce que Skinner Layne décrit comme le parcours bien balisé d'un parc d'attractions comme Disneyland). Et c'est aussi tout un mode de vie, et toute une façon de penser, de vivre et d'aborder les problèmes. C'est une façon d'être qui, oui, il faut le reconnaître, diverge assez fortement de la vie active traditionnelle.
C'est tout d'abord un mode de vie dans lequel on ne tient pour acquis ni la présence des autres, ni leur bonne volonté d'aider, ni leur compétence en la matière, ni leur disponibilité, ni le confort et le filet de sécurité proposés par la société, par la culture et par la civilisation. C'est un mode de vie dans lequel on compte surtout, d'abord et avant tout sur soi-même et sur ses propres forces. Sur ses propres connaissances. Sur ses propres ressources. Sur ses propres capacités. Sur sa propre sagacité. Et aussi sur la nature environnante - la seule qui, si on la connaît bien, ne nous laissera jamais tomber.
C'est un mode de vie d'autant plus exigeant que l'on travaille sans filet de sécurité (ou dans le meilleur des cas avec un filet de sécurité extrêmement réduit) et que la moindre erreur d'appréciation peut avoir des conséquences extrêmement graves, voire ne pas pardonner du tout.
La nature même de l'aventure consiste à se lancer à soi-même des défis, à repousser ses propres limites et les limites en général, à aller là où personne d'autre n'est jamais allé, à faire ce que personne d'autre n'a encore jamais fait, à découvrir de nouvelles choses, à vérifier des hypothèses soupçonnées et à découvrir des choses insoupçonnées, à se frotter à d'autres lieux, à d'autres gens et à d'autres modes de vie. À d'autres époques aussi, parfois.
Certes.
Mais - et c'est là que l'aventure est souvent mal comprise - elle ne consiste pas pour autant à courir par plaisir des risques inutiles et inconsidérés, juste par bravade ou pour pouvoir fanfaronner. L'aventurier accepte certes de courir des risques parce qu'il accepte de quitter sa zone de confort, parce qu'il accepte de consacrer sa vie à faire des choses plus difficiles que la moyenne des gens et de faire des essais et des recherches dans lesquels le commun des mortels ne voudra jamais se lancer en tout premier lieu. Mais il ne court pas des risques juste dans le but de courir des risques, ni non plus pour le simple plaisir de le faire. Disons plutôt que l'aventurier a un but qui dépasse les ambitions ordinaires de la plupart d'entre nous, et que le risque est une composante collatérale de l'aventure, comme l'est aussi l'ampleur de l'entreprise. Le risque n'est pas un but en soi : il est plutôt un obstacle à surmonter et un passage obligé pour atteindre son but. L'aventurier a simplement des ambitions différentes, peut-être aussi plus grandes, que la plupart des gens. Dans cette mesure-là, on peut certes le qualifier de rêveur. Mais ce qui le distingue du rêveur à l'état pur, c'est qu'il a, lui, la détermination suffisante pour réaliser ses rêves et pour les vivre, et - contrairement à ce qu'on s'imagine généralement - le réalisme nécessaire pour pouvoir les concrétiser. Contrairement à l'image qu'on se fait généralement d'eux, les aventuriers sont des gens très réalistes qui, même s'ils ont la tête un peu dans les nuages, gardent les pieds bien sur terre. Et s'ils acceptent le risque comme une condition collatérale et inévitable de l'aventure, ils s'y préparent assez aussi pour pouvoir le minimiser et ainsi mieux l'affronter. Même s'ils savent qu'ils ne pourront pas tout en éviter. C'est justement parce qu'ils savent qu'ils ne pourront pas tout en éviter qu'ils s'y préparent : justement afin d'en minimiser les conséquences, éventuelles comme réelles. C'est pour cela qu'au final, ils affrontent le risque avec une certaine sérénité dans laquelle beaucoup voient du courage (celui des braves qui ont peur comme les autres mais qui vont au combat quand même parce qu'il le faut) voire une forme de témérité (parce qu'ils la croient issue de l'inconscience du danger).
Crédit image : ©️ Getty Images, pixdeluxe
Bernard Ducosson 1 year ago
Se dépasser, c'est la certitude de finir premier...
Jackie H 1 year ago
Dans un concours avec soi-même (dont certains disent que c'est le seul qui compte vraiment), c'est sûr !