Bonjour, l'autre : c'est moi !
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Bonjour, l'autre : c'est moi !
Je n'arrive plus à respirer : tu es là et pourtant je ne te vois pas. Tu me parles et pourtant je ne t'entends pas. Tu m'aimes et pourtant je ne le sens pas. Je suis morte, enterrée sous tes projections, suffocante. Je ne peux pas m'échapper et toi non plus. Toi aussi tu souffres, tu suffoques, je t'enterre sous mes projections. Nos manteaux nous mentent haut, ce n'est pas de la haute voltige, c'est plutôt de bas étage. Ce sentiment qu'il y a quelque chose de profond qu'il nous reste à découvrir. Mais voilà. On s'enterre.
Un jour, la matière autour de nous se densifie, et on suffoque encore plus.
Un jour, on trouve dans la Terre des insectes désagréables qui viennent commencer à manger nos parties. On s'amenuise, on tombe malade, on meurt. Qui peut entendre mon cri de désespoir ? Dès que j'ouvre la bouche, les monticules s'amassent dedans et tombent dans mes poumons. Je suffoque et toi aussi. Je ne vois plus que le haut de ton crâne, je ne te reconnais même plus. Ô, l'Autre. Qu'a-t-on fait pour en arriver là ? A-t-on seulement conscience des conséquences de nos choix qui nous ont menés jusque-là ?
Je dors maintenant. Je me désensibilise pour ne plus sentir la pression extérieure. Il n'y a plus que les battements de mon coeur et mes tympans remplis des flots tonitruants de mon sang. Une rivière déchaînée qui me laisse ivre morte sur le banc de sable d'un continent inexploré, celui de ma psyché.
Tiens, c'est bizarre ? Je sens une bise, un vent doux et agréable sur mon crâne resté en dehors de la Terre. Ce doit être un rêve. Je me rendors encore plus profondément.
Quelques instants plus tard, je te sens. Maman. Tes huit pattes frôlent mon épiderme à mesure que tu t'avances, dessinant des sensations linéaires qui me permettent de comprendre où tu veux aller : sur mon front, là, entre mes deux yeux. Tu postes tes huit jolis miroirs devant, et tu me piques.
Aïe !
Le réveil est brutal. Je me retrouve dans mon lit, à côté de toi. Je te regarde. Tu dors paisiblement.
Mon Amour, cela fait trop longtemps que ça dure. Tu es là, près de moi, et pendant toutes ces années je ne t'entendais plus, je ne te voyais plus, je ne t'aimais plus. Et voilà que par la morsure d'une sage araignée, je perce ton secret : je suis toi.
Je regarde mon intérieur, et pour la première fois de ma vie, je l'aime.