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Le crédit social inversé contre la délinquance

Le crédit social inversé contre la délinquance

Published May 15, 2025 Updated May 28, 2025 Society
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Le crédit social inversé contre la délinquance

La prison est une sanction facile, mais souvent absurde et décrétée faute d'une autre possibilité. Et pour ceux qui y vont, la réinsertion est compliquée en raison d'un manque de contrôle et une distance trop grande entre la justice et le concerné qui est puni en cas d'erreur mais pas --ou peu-- récompensé en cas d'effort. Et la solution pour rapprocher les personnes des institutions, d'en garder le contrôle et de les récompenser pour leurs efforts, c'est le crédit social inversé.

On sous-estime largement les conditions de vie des jeunes dans les quartiers défavorisés

Habitués à une absence d'espoir, confinés dans leur condition, souvent parqués dans des cités, stigmatisés et d'autant plus en raison de leur comportement asocial, les moins aptes à s'extraire de leur situation font ce qu'ils peuvent pour exister. Comment reprocher à des jeunes, à qui la vie refuse tout, leur rébellion ? Bien sûr la majorité a la force de s'en sortir par elle-même et fort heureusement, mais pas tous. Et l'Etat ne peut pas offrir à tout le monde des conditions de vie princières. Alors notre société agit de manière binaire : il y a les bons jeunes et la racaille et la place de la racaille est en prison, se durcissant, se renforçant, s'enfonçant dans la délinquance, de plus en plus stigmatisée et restreinte à sa condition. C'est notre jeunesse que l'on brime ainsi du glaive vengeur de la justice, trop laxiste pour les uns, injuste pour les autres. Notre société aussi est déviante, oubliant que le rôle de notre système judiciaire est de rendre la justice, pas d'apporter la vengeance à la vindicte comme notre responsabilité collective à l'égard des autres. Un dicton dit « il faut tout un village pour élever un enfant ». Le rôle de la justice n'est pas de sanctionner le déviant pour satisfaire la vindicte mais de rendre justice, c'est-à-dire sanctionner à hauteur de la faute, mais également de rendre justice au coupable lui-même, dont la faute est largement partagée dans le cas de cette jeunesse éloignée des joies de la vie, dont, pour certains, la seule possibilité d'exister, au moins dans leur communauté, est le repli identitaire et la violence qui démarque. Et le rôle de la société, collectivement, est d'éviter d'en arriver là simplement en apportant de la considération, pas forcément de l'amour, juste de la considération.


La délinquance a certes toujours existé, mais la politique qui a installé progressivement les communautarismes par la ghettoïsation progressive des cités où l'on s'est débarrassés de ce qu'il faut bien appeler des indésirables n'a pas amélioré les choses. On ne savait qu'en faire, étrangers, pauvres, non qualifiés, alors on les a entassés. C'est donc à la politique de résoudre ça, ce qui ne se fera pas d'un coup de baguette magique, c'est un travail de longue haleine, mais qu'il est possible de faire. Seulement la première étape avant toute autre chose, c'est de commencer par montrer de la considération à cette population, en ne jetant pas la pierre à pleines poignées à ses jeunes. Tous ne naissent pas racaille, nous en fabriquons notre part, littéralement. Par notre absence de réponse légale autre que l'ignorance, ressentie comme du mépris, ou la dureté, perçue comme de la méchanceté d'une société malintentionnée. Et lorsqu'un jeune va en prison, c'est désormais perçu comme une validation, une étape de son développement, il en ressort digne d'appartenir à sa caste. Ils n'avaient d'ailleurs pas autre chose à faire que d'exploiter, c'était ça ou subir. Dès lors chacun de ces jeunes n'aspire qu'à la prison et commettra ce qu'il faudra pour y aller et être reconnu par ses pairs. Celui qui commande c'est le caïd, et le caïd, c'est celui qui sait, celui qui a plongé, qui a vécu.

Il manque clairement un système pénal adapté

Les juges se retrouvent contraints à libérer ou emprisonner, l'alternative à la sanction est laxiste et lorsque la peccadille ne justifie pas la sanction, alors c'est la libération, autrement dit, la démission, l'abandon. Emprisonner, ce n'est pas la solution, c'est même exactement ce qu'il ne faut pas faire dans la plupart des cas, la vacuité du concept de détention est démontré par la présence des téléphones dit « cellulaires », comme de juste. Un combat inégal tant les détenus sont organisés. Valider le jeune en tant que caïd non seulement ne va que le renforcer, l'introduire dans sa carrière criminelle, mais n'a de surcroît que de caractère didactique. Et s'ils mettent du sursis, c'est perçu par le coupable comme une remise en liberté et donc qu'ils ont gagné, qu'ils n'ont pas eu de sanction. Bien souvent on voit que ces jeunes ont des casiers longs comme le bras, généralement avec des faits relevant plus du parasitisme social tant qu'ils sont mineurs et une fois majeurs ça s'aggrave, on les retrouve à 24 ans avec une litanie de faits criminels. Concrètement, quand un jeune a été condamné 12 x c'est au moins 8 x de trop. Quand un jeune est passé 3 x devant la justice, il est clairement en phase de déviance et à ce moment-là la République devrait pouvoir, aurait du pouvoir, faire son travail. Les parents n'ont plus aucune emprise sur leur progéniture qui se fout de tout, ce qui ne signifie pas que son sort les indiffère. Il est ado et arrogant comme tous les ados. A ce moment-là il faut se donner les moyens de les accompagner, parents et enfant. Les possibilités de le faire existent, la technologie nous y aidant en facilitant considérablement les choses. On parle volontiers des parents démissionnaires, mais que dire de la République démissionnaire ?

La solution, c'est le crédit social inversé

Ce système serait fonctionnel tant pour les jeunes que pour les adultes, ayant connu ou pas la détention, avec les mêmes conséquences, mais dans l'objectif d'éviter la prison. Pour le premier, lorsqu'il dévie, mais que la gravité des faits permet encore d'éviter la prison, ce qui doit être préféré absolument, il faut une alternative. Aujourd'hui la prison est un endroit inadapté pour un tiers des détenus, un tiers n'a rien à y faire, ça ne laisse qu'un tiers qui y a sa place, tous âges, genres, nationalités, couleurs, religions, confondus. Aussi un système sanctionnel plus fastidieux mais moins astreignant, garantissant la liberté d'agir et de corriger la trajectoire, est un moyen efficace. Le juge attribue un nombre de points, 1000, 5000, 10 000. Ces points sont valides à vie et tant qu'il en subsiste un seul, le concerné est pris dans un système correctif coercitif, souplement adaptable, par le juge. Il n'est pas libre, il a des contraintes. S'il a un peu de peine à répondre aux convocations, il porte un bracelet électronique, ce qui permet de le suivre en temps réel, avec l'IA c'est désormais facile. Il ne peut pas quitter le pays, ou seulement dans un cadre défini avec des conditions précises, il n'a d'ailleurs pas de passeport, éventuellement pas de permis de conduire. S’il veut quitter la ville il doit se signaler au commissariat, il ne peut pas manquer l'école ou ne pas se présenter à son travail. Ces points lui restent jusqu'à ce qu'ils soient épuisés, à vie, libre à lui de faire en sorte qu'il en soit soulagé aussi vite que possible. S'il se conduit bien, chaque jour, chaque mois, chaque année, on lui enlève des points. Chaque jour 1 point, chaque semaine 10 points, chaque mois 100 points, chaque année 1000 points. Si le JAP estime qu'il le mérite, il peut lui enlever autant de points qu'il veut en cadeau. A contrario, chaque fois qu'il commet une faute, on lui en ajoute. Il a quitté la ville sans se signaler ? >> 500 points. Il a manqué l'école ou ne s'est pas présenté au travail ? >> 500 points. Et tout peut ainsi être codifié : petit trafic, petit larcin, vol à l'étalage, trouble à l'ordre public dans son quartier, etc. La famille ou les parents sont bien évidemment là pour jouer les intermédiaires, trop contents qu'on ne leur mette pas leur enfant ou proche en prison et qu'on les aide dans leur parcours. Ils peuvent éventuellement devenir référents de confiance si les circonstances s'y prêtent.


En échange, le concerné a accès à des possibilités de réduire de manière volontaire ses points en agissant par lui-même. Pour le jeune, on créé des camps, comme des camps de redressement, mais ouverts, de caractère non pénal, où il se rend de son propre chef, à sa demande. Pour qu’il le fasse, il faut que ces camps lui proposent des avantages sexys et des contraintes supportables. Ils sont non militaires, mais fonctionnant comme à l'armée avec des petits avantages. Celui qui se lève avec les premiers a des croissants, de la confiture, du miel, du cacao, quand il n'y a plus de croissants, il reste le pain et le beurre et on enlève tout le reste, il boira du thé. Il y va donc de manière volontaire et dans ce camp, non seulement il est scolarisé, mais il suit des cours de citoyenneté et, aussi, on lui offre la possibilité de faire des choses qu'il ne pourrait pas forcément faire dans la vie, on lui fait découvrir ce qui lui était inaccessible. En interaction avec les pompiers, le SAMU, l'armée, l’ONCFS, la Fédération de chasse, la police, les collectivités, des associations, etc... Chaque jour passé dans ce camp, où il n'est là que de sa propre volonté, lui enlève des points s'il se comporte correctement et il en prend dans le cas contraire. Des actions possibles sont mises en place pour accélérer la baisse de son stock de point : nettoyage des locaux, assistance aux autres moins favorisés dans le centre, coup de main aux cadres, participation aux décisions de la part d’autogestion du centre, participation volontaire à des cours non obligatoires, etc… Il gère son stock de points en fonction de son comportement en s'éduquant à la citoyenneté et la vie tout en découvrant des perspectives qu'il ignorait. S'il empathique, on peut lui confier de s'occuper d'anciens, ou d'invalides ou d'assumer la responsabilité des plus jeunes. Pour l'adulte, études rémunérées, engagement militaire, pompier volontaire, protection civile, accompagnement des anciens ou des invalides, exploitation des expériences professionnelles au service des autres...

Les partenaires lui offrent des possibilités

En fonction des points gagnés dont le coût est fixé d’entente avec le système, chaque partenaire peut proposer des choses susceptibles d’intéresser le concerné en lui « vendant » sa prestation. Tout simplement des vacances ? >> 1000 points. Un séjour sur le Charles de Gaulle en opération ? >> 1000 points. Un séjour où il conduira des véhicules tout-terrain et tirera au fusil d'assaut ? >> 3000 points. Des pompiers sur un incendie ? >> entre 100 et 500 points suivant la taille de l'incendie. plus c'est excitant, plus c'est cher, mais plus il fait des trucs qu'il ne pourrait pas réaliser et qui l'excitent habituellement : voler dans un avion de chasse, conduire une jeep en tout-terrain, tirer au fusil d'assaut ou la mitrailleuse en terrain découvert, Intervenir sur un incendie et participer à son extinction, intervenir sur les lieux de graves accidents et dans les services d'urgence des hôpitaux, participer aux activités dans les infrastructures publiques, comme les réservoirs, les abris antiatomiques, les centrales énergétiques (barrages, centrales nucléaires), le métro, les catacombes, etc., etc., tellement de choses sont inaccessibles ou invisibles ou simplement méconnues du public, surtout celui-là. Et comme le système est ouvert, il peut très bien aller dire bonjour à sa famille ou la recevoir dans le centre, librement en individu responsable, il n'est pas détenu, il n'est juste pas totalement laissé à lui-même, mais il fait lui-même ses propres choix.

Quand il a épuisé tous ses points, il est libre, on peut même lui donner un diplôme et un certificat pour ça qu'il pourra présenter plus tard en disant : « j'ai merdé, j'ai dû gagner tant de points, c'est fait ».

Le jeune déviant comme l'adulte est ainsi accompagné pour s'extraire de sa condition

Tant qu'il ne change pas de comportement, sans réelle contrainte, sans humiliation, mais il ne dispose pas de sa vie comme il l’entend. A vie, tant qu'il ne change pas, il est suivi électroniquement, tout lui est interdit partout sans autorisation. Il veut retrouver sa liberté, il change de comportement. On ne l'humilie pas, on ne le sanctionne pas, on le récompense, on ne fait que ça. On fait appel à son intelligence et on lui donne des moyens de communiquer, de manière à en faire un lien avec les autres jeunes de sa cité, il est le moyen de pénétration idéal pour des médiateurs qui vont aller à leur rencontre non plus imposés par l’Etat, mais en tant qu’invités de leurs pupilles. Et il y a fort à parier que ça générerait des vocations, devenir garde-forestier, pompier, militaire, ambulancier, etc...


Parce qu'il y a une chose qu'il ne faut pas oublier chez ces jeunes : c'est qu'ils sont solidaires, tiennent à leurs familles, ce sont des gentils avec leur environnement. Et donc si on les sort de leur milieu, qu'on leur offre des vacances, des possibilités, de l'espoir, leur besoin d'aider les autres peut très bien prendre le pas.

Ce serait facile à mettre en place, bien plus économique que la prison, donnant des moyens à la justice. Et de faire preuve d'empathie à leur égard, ça c'est quelque chose qui n'a jamais été tenté. Ou alors dans des systèmes tellement contraignants qu'ils sont perçus comme de la prison par ceux qui en bénéficient. Dans les CER (Centre d'Education Renforcée), les camps de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), les jeunes ont accès à des activités fantastiques, vie à la ferme, kayak, voile, humanitaire en Afrique, mais ils y sont en tant que détenus, c'est une alternative à la prison : « tu vas en CER ou en prison, tu choisis ». La bonne utilisation du concept serait que le jeune sanctionné par des points qui vont l'empêcher de passer son permis, d'aller voir sa famille dans son pays, puisse dire : « je souhaiterais aller dans un CER », où en fonction de son comportement on lui réduirait ses points. Et lui-même décide de ce nombre de points perdus, par son comportement, son assiduité aux cours éducatifs et scolaires. On fait la même chose, mais le contraire, sévir est toujours facile, faire preuve d'empathie nécessite un peu plus d'abnégation.


*************************


🧡 Je rappelle que j'accepte les dons. Cela fait maintenant des décennies que je consacre ma vie à mes frais à la transition écologique et sociétale, adoptant une posture oblative littéralement sacrificielle. Ca n'a pas été vain, j'ai réalisé une oeuvre monumentale, offrant une qualité d'information exceptionnelle, ainsi qu'une vision de transition systémique intégrale pour le 21e siècle. Néanmoins, tout ceci m'a mis dans une situation vraiment critique, pour ne pas dire désespérée. J'ai vraiment besoin de vous, merci. 🙏

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