Vous avez aussi remarqué ?

Quand on lance son activité, tout le monde y va de son petit conseil.

Un des premiers conseils est "il faut que tu trouves ta niche".

C'est un des pires conseils qu'on puisse donner.

Voici pourquoi.

"Trouve sa niche" signifie "rentre dans une case"

Quid de ceux qui ne veulent pas ressembler à une tarte ?

Plus sérieusement, ceux qui se démarquent ne rentrent dans aucune case.

Dans quelle case mettez-vous Léonard de Vinci ? Peintre ? Inventeur ? Ingénieur ? Sculpteur ? Architecte ? Poète ?

Dans quelle case mettez-vous Gandhi ? Activiste ? Homme politique ?Intellectuel ? Guide spirituel ?

Même si vous n'avez pas l'ambition de devenir Gandhi ou De Vinci, rentrer dans une case est une mauvaise stratégie business.

Plus vous rentrez dans une case, plus vous êtes interchangeable.

Plus vous êtes interchangeable, moins vous avez de valeur.

Moins vous avez de valeur, moins vous aurez de pouvoir de négociation.

Or le but quand on lance son activité est d'avoir plus de liberté et/ou une meilleure rémunération.

"Trouve ta niche" favorise la compétition

Je n'ai passé que quelques mois en école de commerce.

Cela a suffi à me rendre obsessionnelle de la compétition.

Bon il faut dire que mon expérience en conseil n'a rien arrangé.

À une époque, je passais mon temps à comparer ce que les autres faisaient.

Puis, j'ai intégré une startup qui se fichait éperdument des concurrents.

"Do your own shit" - voilà le leitmotiv.

Cette expérience m'a ouvert les yeux sur les méfaits de la compétition.

Notre société part du postulat que la concurrence est positive.

Elle aboutirait à de meilleures prestations.

On prend souvent le cas des régimes communistes comme contre-exemple.

Or c'est faux.

La compétition est un poison.

René Girard, un anthropologue, historien et philosophe français l'a montré.

Selon lui, qu'on le veuille ou non, nous imitons sans cesse les autres.

Nos comportements s'expliquent par ce désir mimétique.

Ce désir a des aspects positifs, mais il a aussi des effets destructeurs.

Il nourrit la violence et la jalousie.

On le voit dans les grandes entreprises et/ou les administrations.

Les gens se battent pour le même poste ou statut social.

Ils ne se battent pas parce qu'ils sont différents.

Ils se battent parce qu'ils se ressemblent trop.

C'est ce que Freud appelait le "narcissisme des petites différences".

Le problème ne vient pas de l'individu mais du système.

Un système où les gens se ressemblent nourrit le mal.

Conclusion : "trouve ta niche" entretient cet état d'esprit compétitif.

Les créateurs qui créent leurs règles coulent des jours heureux.

L'excellent article "L'économie de la création a besoin d'une classe moyenne" montre à quel point créer sa catégorie est nécessaire.

Aujourd'hui, le secteur de la création est très inégalitaire.

1,4% des 43 000 artistes qui figurent dans le TOP de Spotify captent 90% des royalties.

Ce que l'article ne montre pas c'est que créér sa propre catégorie permet de capter 76% de la valeur.

Or le but n'est pas de créer beaucoup de valeur mais d'en capturer beaucoup.

C'est ce que font Google, Facebook, Amazon et Apple.

C'est ce que font les artistes : J.K Rowling, Amélie Nothomb ou Lindsey Stirling.

Trouve ta niche est un très mauvais conseil.

Par contre, créer sa niche est un défi bien plus excitant.

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