Jouer à changer le monde : les (re)jouets solidaires
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Jouer à changer le monde : les (re)jouets solidaires
Issu de La Newsletter #10 🧩"Jouer à changer le monde" - 11 février 2021
L’éducation que nous proposons aujourd’hui déterminera l’économie de demain.
Claire Tournefier en est persuadée, si nous voulons arantir un avenir meilleur à nos enfants, il faut arrêter de penser « court terme ». C’est par l’éducation que l’on changera le monde, et l’éducation, ça commence souvent par les jouets.
@rejoué
Claire, c’est la fondatrice de « Rejoué », une association inclusive de production de jouets de seconde main de qualité.
L’organisation récupère des jouets dont les propriétaires ne se servent plus, les trie, les nettoie puis les remet en vente à bas prix dans ses boutiques.
Derrière cette activité apparemment très simple, se trouve en réalité une réponse extrêmement efficace à une série de problématiques sociales et environnementales.
* * *
Insertion professionnelle & Économie circulaire
Une des grandes caractéristiques des projets d’innovation sociale c’est leur capacité à inventer un modèle qui fait “d’une pierre 2 coups” (et parfois plus).
Notre activité est nécessairement manuelle. Lorsqu’un travail est aussi minutieux et irrégulier que le nôtre, une machine n’est pas envisageable.
Chez Rejoué, les employé.es en charge du tri, du nettoyage et du réassemblage sont au cœur de l’activité.
Alors pourquoi ne pas faire en sorte que ces emplois aussi apportent une solution à une problématique sociale ?
Parce que j’avais vécu cette période, je voulais travailler principalement avec des femmes en charge de famille.
Lorsque l’on devient mère et que l’on prend la charge d’une famille, bien souvent cela provoque une rupture avec le monde professionnel. Pour beaucoup de mamans, cette rupture peut durer et le retour à l’emploi devient très complexe.
Alors Rejoué a décidé d’employer principalement des mères de famille, en contrat d’insertion. Les postes ont donc été adaptés à leurs besoins : horaires adaptés (9h30–17h), repos le mercredi et accompagnement pour un retour vers un emploi durable.
@rejoué
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Claire Tournefier, 10 ans de jouets
Rien ne prédisposait Claire Tournefier à devenir entrepreneuse sociale, à la tête d’une association pour le recyclage de jouets. Il faut dire que ça n’est pas commun.
Claire ne vient pas du monde du social mais plutôt de celui de « la com » et du marketing.
Elle a découvert le marché du jouet grâce à son fils. Très vite elle s’est rendu compte de la consommation excessive de jouets.
À Noël, aux anniversaires et parfois même à l’improviste, les amis et la famille offrent des jouets. Ils veulent bien faire … mais ça fait beaucoup de jouets.
En France, la durée de vie moyenne d’un jouet est de 8 mois.
En France, 120 000 tonnes de jouets sont jetés chaque année.
Le voilà le problème.
Alors qu’elle était bénévole à la Croix-Rouge, elle a également remarqué que les dons de jouets étaient très nombreux, mais qu’il manquait cruellement de mains pour pouvoir les revaloriser et les redistribuer.
Alors, en 2010, elle a décidé de s’inspirer de modèles déjà existants (comme Carijou à Strasbourg) et d’en faire une activité à part entière.
J’ai surtout apporté une exigence de qualité et de beauté aux jouets sortants.
Les premiers mois, elle a été aidée par des ami.es proches (notamment des mamans) qui lui ont permis de structurer l’association.
Et puis s’en sont suivis 2 ans de développement : étude de faisabilité, entrée à l’incubateur social de l’ESSEC, accompagnement par la région Île-de-France, victoire du prix d’entrepreneuriat social SFR.
Tout cela lui a permis de recruter toutes les compétences essentielles qui lui manquaient.
En 2012, Rejoué est lancée.
Un développement remarquable
Au début, Rejoué s’est appuyée sur les associations de collecte de dons pour se fournir en jouets usagés. Aujourd’hui ce sont principalement des dons directs d’entreprises ou de distributeurs.
En s’adressant directement à des entreprises, c’est l’occasion de toucher des publics plus larges et de faire de la pédagogie sur l’économie circulaire et l’insertion par l’emploi.
Au bout de quelques années, il a fallu penser plus grand pour suivre la quantité croissante de jouets collectés. En quelques années, Rejoué est passée d’un lieu de 300m2 à un entrepôt de 3 000m2 et de 16 à 70 employés.
En 2019, leur impact a été impressionnant :
- 62 personnes accompagnées individuellement vers l’emploi durable et 61% de succès
- 55 tonnes de jouets et livres collectés et 55 000 rénovés
- 3 500 clients dans leurs 3 boutiques en Île-de-France
Aujourd’hui, il est temps pour Rejoué de passer à une nouvelle étape d’expansion : l’essaimage.
La nécessité de l’essaimage
L’essaimage, c’est l’étape où une organisation se réplique et s’installe sur de nouveaux territoires. Elle a prouvé l’efficacité de son modèle (économique, opérationnel, d’impact, …) et décide d’accompagner la création de nouvelles structures similaires afin d’étendre rapidement son impact.
Nous sommes à l’aube d’un grand changement dans l’industrie du jouet.
Grâce à l’encouragement de l’économie circulaire par le gouvernement, les distributeurs seront désormais responsables de la « fin de vie » de leurs produits. C’était déjà le cas pour l’électroménager, ça l’est maintenant pour les jouets. Dans les prochaines années, la quantité de jouets à revaloriser va exploser.
Rejoué est donc en train de créer un programme d’accompagnement à l’implantation de structures similaires et locales.
On veut développer les territoires et créer un maillage très fin. On veut créer des emplois locaux et diminuer notre impact sur l’environnement.
Le programme inclura le choix des acteurs et des territoires, des conseils pour la duplication, un calculateur pour les projections financières et un « kit métiers ».
Conclusion
C’est certainement Claire qui est la mieux placée pour conclure cet article :
« Il faut mieux consommer ET mieux produire.
Il faut que ce soit un effort collectif, que toutes les parties prenantes travaillent ensemble, dans le même objectif. Après tout on vit tous sur la même planète.
Même si les citoyens sont beaucoup plus informés et sensibles à ces problématiques, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour que la réutilisation des produits devienne la norme !
Habituer très tôt nos enfants à réutiliser et à recycler, c’est participer à changer le monde. »
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