Interview : Patrick Bard, écrivain
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Interview : Patrick Bard, écrivain
Nous vous offrons des entretiens passionnants avec des gens qui le sont encore plus ! Nous lançons une série d'interviews de professionnels de l'écrit et qui sont inspirants pour ceux qui aimeraient les imiter et vivre de leur plume. Nous cherchons à connaître leur parcours et la façon dont ils voient leur métier aujourd’hui, et nous leur demandons des conseils au sujet de leur activité. Bonne lecture !
Quel métier exerciez-vous avant de devenir écrivain ?
J’étais et je suis toujours photographe. J'ai même trois métiers puisque j’enseigne en M2 écriture créative. Je n'ai jamais illustré mon propre roman ; en tant qu’écrivain-voyageur, j'ai beaucoup illustré mes livres, mais pas en tant que romancier. Pour moi photo et roman sont deux formes d’écriture.
Lors de l’écriture de votre premier livre, avez-vous l’impression d’avoir beaucoup progressé entre le moment où vous avez commencé à écrire et le moment où vous vous êtes dit qu’il était temps d’envoyer le manuscrit à un éditeur ?
Oui, au début j’avais une histoire à raconter mais pas le début d’une idée de comment on écrit un roman. J'ai donné mon premier manuscrit à lire à un ami écrivain, Thierry Jonquet, hélas décédé, qui m’a dit que c’était dommage, que ce n'était pas aussi bien que ça pourrait l'être, et m'a suggéré de commencer par le milieu. Je l’ai détesté parce que je ne savais pas comment faire, et en même temps il avait complètement raison. Ça m’a pris pas loin de 3 ans pour tout démonter puis remonter.
Qu’est-ce que c’est, pour vous, « bien » écrire ?
Question difficile. Je pense que le vrai sujet caché du roman c’est l’écriture. Si on prend, par exemple, Madame Bovary, le pitch rappelle celui d'une telenovela. Si ça n'avait pas été écrit par Flaubert, ç'aurait pourrait en être une. Tout ça tient par l’écriture qui est son vrai sujet, et c’est vrai pour tout roman. On vit époque de dictature de l’histoire, alors que les personnages sont plus importants dans un roman. Leur cohérence, leur complexité, tout ce qui les rend humains. Un roman c’est des personnages à qui il arrive quelque chose, c’est pour ça qu'on peut s’identifier à eux et être marqué parfois à vie par un roman. Il y a quatre questions essentielles : de quoi c’est l’histoire ; de quel point de vue je la raconte ; quel est le fil conducteur ; et quel protocole d'écriture je vais appliquer.
Où trouvez-vous l’inspiration lorsque vous écrivez ?
Le réel a mille fois plus d’imagination que n’importe quel écrivain. C’est le réel autour de moi qui m’inspire. Pour tous mes romans, je fais un long travail de recherche. J’ai une formation de journaliste qui m’a beaucoup aidé. Ce n’est pas très différent du travail de recherche qu'on fait pour un article. Après, il ne faut pas trop alourdir le récit en y mettant toutes nos recherches.
En deux mots, qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Avec rien ou presque, on peut lever une armée de dix mille hommes, faire ce qu’on veut, c’est absolument extraordinaire. C’est un bonheur de raconter des histoires, de faire vivre des personnages et faire œuvre d’empathie. Tous les bons écrivains sont empathiques, mais de l’autre côté le lecteur éprouve la même chose. Un roman, c'est un transmetteur d’empathie entre auteur et lecteur et j’adore ça.
Merci à Henry Be pour la photo de couverture