

L'heure est venue
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L'heure est venue
« C'est une histoire tellement classique, tellement banale...
Je suis sûr que tout le monde vit cela au quotidien, simplement il y en a qui franchissent le pas, d'autres non.
Et moi j'ai franchi le pas; évidemment tout le monde dira que je n'aurais pas dû, et moi y compris, malheureusement l'être humain a ses faiblesses... et maintenant j'écris ces mots en attendant mon heure.
Il faut vous dire qu’il y a maintenant 5 jours, je suis allé consulter une voyante, et même si ce fut à demi-mots, elle m'a révélé quelque chose qu'elle même ne pensait pas me dévoiler : en l’occurrence, le jour et l’heure de ma mort.
Au début de la séance, quand elle tira les cartes, elle me demanda si elle pouvait "tout me dire" :
je n'ai jamais eu de réticences particulières, seulement quand les cartes apparurent sur la table, elle parut complètement décontenancée, elle ne savait plus quoi me dire ni comment réagir.
« Quelque chose ne va pas ? » lui avais-je demandé
« Euh.. je… non rien, rien, ce n’est rien »
Mais elle ne prononçait pas une seule parole, et ce n’en était pas moins inquiétant.
« Ecoutez, je vois bien que quelque chose ne va pas ; écoutez, le mieux c’est de m’en parler, comme ça au moins je saurai réagir en conséquence...
« Tout ce que je peux vous dire, c’est que d’ici 5 jours, méfiez-vous ; il pourrait vous arriver quelque chose vers les 2h le matin.
« C’est-à-dire ? un accident grave ? » je commençai à prendre peur.
« Je ne peux rien vous dire de plus, mais faites très attention, sinon dans 6 jours tout sera... »
Elle s’interrompit, se rendant compte qu’elle venait de commettre une erreur terrible.
« Ne retenez rien de ce que je viens de vous dire, oubliez tout et profitez bien de la vie, au maximum»
Elle rajouta :
« Mais faites quand même bien attention »
Je sortis de la séance complètement abasourdi.
Même voilée, cette séance me disait simplement que je n’en avais plus que pour 5 jours à vivre ; et ce n’était pas pour rien qu’elle me conseillait de profiter de la vie... au maximum.
Quant à faire attention… ai-je vraiment suivi ses conseils ? Je ne crois pas, non…
Après l’horrible déprime engendrée par cette nouvelle, il ne me restait plus qu’à vivre avec, c’est le cas de le dire, et attendre.
Et maintenant, alors que l’échéance approche de plus en plus, j’écris mon histoire, je n’ai plus que ça à faire, et cela me passe le temps.
Tant qu’à faire, je pourrais aussi essayer de la structurer un peu.
1) BLANCHE
Cela fait maintenant 4 ans que je vis avec Blanche.
Nous nous aimions, je l’aime toujours, mais comme dans beaucoup d’histoires qui durent, la routine prit le dessus et phagocyta de plus en plus les manifestations d’amour que nous aurions pu avoir l’un envers l’autre… c’est tellement compréhensible.
Au sortir de ma séance, j’étais rentré chez moi complètement déprimé, et Blanche l’avait tout de suite deviné.
« Quelque chose ne va pas ?
Evidemment, je n’osais pas lui en parler, d’ailleurs je ne lui avais pas dit que j’étais allé voir une voyante; elle si matérialiste, et tellement réfractaire à tout ce qui touche à l’ésotérisme.
D’ailleurs, si l’envie m’avait pris d’aller suivre une consultation, c’était avant tout pour raisons professionnelles : la société qui m’emploie commence à connaître de sérieuses difficultés, et je me demandais si je devais y rester ou commencer à postuler ailleurs.
« Non, non, ce n’est rien, juste un coup de fatigue »
Mais elle n’était pas dupe.
« Je vois bien, moi, que ça ne va pas »
Je lui parlai de mes craintes concernant mon emploi.
« Oui, je sais tout cela, mais tu devrais cesser de ruminer et de t’en faire avec ça »
Et comme à son habitude, elle me prit dans ses bras, et nous eûmes de longs et doux moments de tendresse.
Bien sûr, je ne pouvais pas m’en plaindre ; mais avec le temps, les échanges sexuels et intenses du début de notre relation s’estompaient de plus en plus au profit de ces moments câlins; bien sûr, nous avions toujours des rapports, mais cela devenait routinier et sans saveur, comme une sorte d’obligation que nous avions l’un envers l’autre, une justification du fait que nous soyons ensemble…
Bref, nous n’avions plus envie l’un de l’autre comme ce fut si souvent le cas au début.
Combien de fois nous étions-nous promis de ne pas faire disparaître cette flamme qui nous habitait, de ne surtout pas tomber dans une routine qui mettrait en péril notre couple.
Mais force était de constater, nous en étions arrivés à ce stade : une affection réciproque, un amour sûrement présent et réel mais qui semblait comme enfoui dans les méandres de nos 2 cœurs respectifs… tout cela engendrant la perte du désir.
Or cela commençait à me manquait ; tout amoureux que j’étais, je n’en étais pas moins homme, et le manque de relations intimes et sensuelles commençait à se faire ressentir en moi.
Seulement, comme souvent dans ces cas-là, on ne se dirige pas vers les personnes qui conviennent, on cherche à obéir à des pulsions qui ne mènent à rien ; dans mon cas, je pensais que je n’avais plus rien à perdre, vu le peu de jours qu’il me restait à vivre.
2) MARLENE
En réalité, cela faisait déjà longtemps que je ressentais une attirance envers cette fille, au boulot: Marlène.
Il est un fait que les hommes et les femmes y sont très souvent amenés à travailler ensemble, et cela entraîne forcément des tentations, des attirances, même si elles sont non avouées.
Pour dire la vérité, c’est Marlène qui en avait après moi ; une fille que je trouvais très jolie, très « charnelle », j’avais d’autant plus de mal à comprendre qu’elle s’intéressait à moi, moi qui me trouvais plutôt quelconque.
Elle venait régulièrement dans mon bureau, nous allions souvent boire un café ensemble.
Elle n’attendait qu’une chose : que je l’invite.
Mais j’aimais, et j’aime toujours Blanche, et dès que je pensais à Blanche, toute envie d’inviter Marlène disparaissait ; sans parler des complications que cela pouvait engendrer.
Il fallut ce « grain de sable », cette consultation extravagante pour prendre une décision qui allait changer ma vie si confortable, compromettre ma vie si tranquille et si rangée.
Mais compromettre quoi exactement? Puisque tout allait bientôt être fini…
C’est dans cet état d’esprit que je me décidai et que j’invitai Marlène à dîner.
Autant dire que la mine radieuse qu’elle afficha sur son visage traduisait pleinement le bonheur qu’elle éprouvait à cette nouvelle.
A l’origine, je pensais simplement l’inviter à dîner, je ne réfléchissais pas aux conséquences que cela pouvait amener, même si j’en avais conscience, et que je refusais de l’admettre.
Bien sûr, elle accepta, et je dus appeler Blanche pour lui dire que j’allais voir un ami ce soir-là.
Heureusement que je voyais cet ami régulièrement, ainsi elle ne fut pas très étonnée.
Marlène, elle, fut divine, ce soir-là.
3) SEXE
Ce soir-là, ce fut en effet un moment d’une rare intensité.
Autant que je me souvienne, je n’avais plus connu cela depuis le début de ma liaison avec Blanche.
Le repas fut excellent, je ne fus pas trop mauvais quant au choix du vin, et l’alcool aidant, nous commencions tous deux à manifester quelques ardeurs...
Comme à l’accoutumée dans cette situation (je vous l’ai dit au début, cette histoire est tellement et si tristement banale), je la raccompagnai chez elle.
Comme à l’accoutumée dans cette situation, arrivés près de chez elle, nous nous dîmes au revoir dans la voiture.
Comme à l’accoutumée dans cette situation, je dirigeai mes lèvres vers les siennes... et échangeames un baiser plein de fougue.
Était-ce inévitable ?
Je ne sais pas,je n’ai pas la réponse, mais ce baiser déchaîna toute la passion qu’il pouvait y avoir entre nous, une passion dévastatrice qui ne nous laissait même pas le temps de respirer.
Evidemment, inévitablement, je me retrouvai chez elle.
Vivant seule, nous pouvions profiter pleinement de son appartement.
Et ce qui arriva à ce moment-la, c’est que je me permis tout ce que n’osais pas faire à Blanche, sans réfléchir je me laissai aller à mes pulsions purement sexuelles, et mon plaisir allait grandissant.
A ma grande honte, le fait de penser que je la trompais, augmentait en moi le désir, tout en augmentant également mon sentiment de culpabilité.
Marlène n’avait aucun tabou particulier, elle se laissait complètement aller à nos échanges intimes, et nos deux corps enlacés se déchaînaient l’un l’autre dans une frénésie sexuelle intense, où le mot retenue n’avait plus droit de cité.
Ma tête me tournait, le plaisir était si grand que j’aurais voulu que cela dure toute la nuit.
Tout comme elle, j’eus plusieurs jouissances, et le plaisir obtenu par ces orgasmes était encore décuplé par le sentiment de honte qui ne cessait de me hanter.
Mais cela ne pouvait pas durer : je n’avais pas dit à Blanche que je découchais, et une fois que nous fûmes rassasiés de tous nos ébats, j’eus un sentiment terrible.
Je ne pouvais pas renier le plaisir que je venais d’éprouver, mais j’avais trompé Blanche; en quatre ans c’était la première fois que je le faisais, et je n’en étais pas fier.
De plus, tout cela n’était pas réfléchi, et pas un instant je n’avais envisagé les conséquences que cela pouvait avoir… pour Marlène.
Car Marlène avait apprécié cette soirée, et elle n’avait pas l’intention d’en rester là.
« Marlène, il faut que j’y aille, tu connais ma situation… »
« Oui, mais tu as vu comme c’était bien ce soir, j’ai envie qu’on se revoie »
« Ecoute, peut-être, mais pas tout de suite.
« Ca veut dire quoi, pas tout de suite ? »
Je n’avais pas oublié mon échéance, et je pensais que d’ici quelques jours je ne verrai plus jamais Marlène..
« Laisse-moi quelques jours »
Elle ne parut pas vraiment réjouie, mais elle se résigna.
« De toute manière, on se voit demain au boulot »
« A demain », et je partis en l’embrassant une dernière fois.
4) PARFUM
Seulement, lorsque je rentrai chez moi, je me rendis compte d’une chose qui me mit en sueur.
Je sentais son parfum ; le parfum de Marlène, qui avait largement contribué à stimuler nos ébats, imprégnait complètement mes vêtements.
Que devais-je faire ? Rentrer chez moi et tout avouer ? Ou inventer une histoire à dormir debout ?
Ne pas rentrer ? Dormir à l’hôtel ? Faire croire que j’avais dû soutenir le moral de mon ami qui traversait une passe difficile ? Alors qu’il venait juste d’avoir un enfant et nageait dans le bonheur ?
Je me sentais complètement perdu, sans parler du remords qui me rongeait et me tenaillait l’estomac.
Que faire ?
Je ne pouvais pas rester des heures à réfléchir ainsi sans prendre de décisions.
Une telle odeur de parfum n’allait pas disparaître ainsi.
Pourtant ne pas rentrer risquait d’être encore plus suspect.
Non, la seule chose à faire c’était de rentrer malgré tout ; et puis, à cette heure, Blanche devait certainement avoir déjà sombré dans le sommeil.
Je fis bien attention de faire le moins de bruit possible.
Même s’il ne me restait plus que quelques jours à profiter pleinement de la vie, je n’avais pas envie que Blanche sache quoi que ce soit ou ait le moindre doute sur Marlène, je ne voulais pas lui faire de mal, pour rien au monde.
Je gagnai la chambre.
Comme prévu, elle s’était déjà couchée.
Je la regardai; pour la première fois depuis longtemps, je la vis différemment.
Je me rendis compte à quel point elle était belle ; ou plutôt, à quel point, je la trouvais jolie.
Je ne voulais pas la perdre ; je venais de la tromper ; et bientôt, tout serait fini.
Je quittai la chambre, je m’installai dans le canapé, et ce fut plus fort que moi, je me mis à sangloter.
Je me retins toutefois, je ne voulais pas me laisser aller à pleurer à chaudes larmes, je ne voulais pas que Blanche se réveille ou me voie dans cet état.
Une fois calmé, je m’installai dans le lit conjugal ; Blanche dormait toujours.
Ce n’était pas sans m’étonner, d’habitude le moindre bruit la réveille.
Ou alors elle se sentait très fatiguée.
Il ne me restait plus qu’à dormir.
5) DOUTES
a) Au réveil
Le lendemain matin, nous prîmes notre petit déjeuner habituel.
Blanche ne manqua pas de me demander comment allait mon ami.
Je lui dis que tout allait bien pour lui, sur ce point au moins je ne mentais pas.
Visiblement, Blanche ne semblait pas avoir le moindre doute, mais après tout, pourquoi ne m’aurait-elle pas cru ?
Pourtant je ne pouvais m’empêcher de penser : « et si elle se doute de quelque chose mais qu’elle ne me dit rien ? Mais pourquoi ne dirait-elle rien ? »
De toutes façons, je ne pouvais pas rester là à attendre que Blanche manifeste un signe qui me mettrait sur la voie (mais quel signe ? quelle voie ?), et la routine étant ce qu’elle est, comme tous les matins de la semaine, je devais partir travailler.
« Bonne journée »
Quand elle prononça ces paroles, je me demandai si c’était avec sincérité, ou avec une ironie malveillante.
Et si elle savait ?
Mais comment aurait-elle pu savoir ?
En attendant, même s’il n’y en avait plus que pour quelques jours, la vie continuait, et même si c’était avec un esprit profondément perturbé, je me rendis à mon travail.
De plus je commençai à me demander si la voyante avait vraiment raison.
En réalité, je m’étais mis cette idée en tête que j’allais bientôt y rester, mais sans trop y croire non plus ; c’est quand même cette idée-là qui m’avait poussé à commettre cet « adultère » (je n’aime pas ce terme) à la fois intense et culpabilisant ; ma mort annoncée, j’y croyais sans y croire.
Je m’installai dans mon bureau.
b) Au travail
Ce matin-là, à peine arrivé dans mon bureau, le téléphone sonna : Marlène m’invitait à boire un café.
C’était quand même étrange, à peine arrivé, le téléphone…
M’espionnait-elle ? Elle ne m’avait quand même pas suivi ?
« Ok, on y va »
Je rejoignis Marlène à la cafétéria.
En la voyant, je ne me sentis pas complètement à l’aise, je me disais « pourvu qu’elle ne m’embrasse pas »
Mais elle n’en fit rien, elle me gratifia plutôt d’un joli sourire.
« Ca va ? » me demanda-t-elle
« Oui et toi ? »
« On fait avec »
Nous restâmes silencieux pendant un moment qui me sembla interminable.
Marlène me regardait d’une façon étrange, son regard exprimait de la douleur, du moins il me semblait.
Elle se décida enfin :
« Quand est-ce que nous pourrons nous revoir, alors ? »
J’eus un moment d’hésitation, je ne savais pas comment lui dire, quoi lui répondre.
« Ecoute, Marlène, tu sais que j’aime Blanche ; tu sais que je ne veux pas la quitter; essaie de me comprendre ; hier, je ne sais pas ce qui m’a pris, je voulais simplement t’inviter à dîner, et puis...
« Tu m’as embrassée.
« Oui, mais n’importe quel homme en aurait fait autant.
« N’importe quel homme… il s’agissait de toi, et tu sais très bien que tu me plais.
« Oui c’était physique, on a passé un bon moment.
« Physique… pour toi ce n’était donc que physique ? Les mecs vous raisonnez tous pareils.
« Non, c’est sûr qu’il y a toujours une part de sentiments, je t’assure ; mais j’aime Blanche, je suis vraiment désolé, je n’aurais rien dû faire hier »
Pendant tout ce dialogue, je ne pensais même plus à mon échéance de vie, je ne pensais plus qu’à cela : Blanche était tout pour moi, il ne tenait qu’à moi de raviver cette flamme perdue, et que j'étais donc con de ne m’en rendre compte que maintenant, après avoir commis un « adultère» que Blanche ne me pardonnerait pas…
« Excuse-moi, Marlène, excuse-moi pour tout »
Marlène me regarda à nouveau ; mais cette fois, son regard fut inquisiteur, et je crus y percevoir une forme de haine teintée de tristesse ; les yeux peuvent être si expressifs.
« Tu es vraiment sûr d’aimer Blanche ? Après tout ce qui s’est passé hier ? »
« Oui, tu es magnifique, et j’ai craqué, mais c’est Blanche que j’aime, je t’en prie, ne m’en veux pas »
« On ne se revoit plus alors ?
« Non, il ne faut pas »
Elle eut une sorte de sourire figé, presque narquois.
« D’accord, on en reste là alors ; salut »
Elle quitta la table.
Et voilà : après des moments extraordinaires de sensualité, nous en étions arrivés à ces échanges glacials, qui compromettaient largement une bonne entente future entre Marlène et moi.
Car j’étais malgré tout amené à travailler avec elle…
En regagnant mon bureau, les paroles de la voyante me revinrent à l’esprit.
« Profitez bien de la vie..
« Faites attention…
Et si Marlène ruminait sa vengeance ?
Heureusement, Marlène ne pouvait pas appeler chez moi ,elle ne connaissait ni mon adresse, ni mon numéro de téléphone… en aurait-elle été capable sinon ?
c) Pendant l’amour
Le soir, après une journée de travail où je passai plus de temps à penser à tout cela plutôt qu’à me concentrer sur mes affaires courantes, je n’avais qu’une hâte : être dans les bras de Blanche.
Et Blanche ce soir-là m’accueillit à bras ouverts.
« Blanche, je t’aime, je t’aime, je t’aime »
Je n’avais de cesse de le répéter, je t’aime, je t’aime, je t’aime…
Moi qui croyais que tout l’amour que j’avais envers elle, s’était enfoui en prenant l’apparence de la tendresse et de l’affection, je me rendis compte qu’il refaisait surface avec plus de vigueur encore.
Je perdais pied, la réalité n’existait plus.
Plus rien n’existait.
Seulement, Blanche...
Je fis l’amour avec elle comme jamais auparavant, et comme avec Marlène, je me laissai aller, je ne voulais pas, je ne voulais plus, de retenue, cette retenue qui aurait pu tuer notre couple.
« Je t’aime, je t’aime, je t’aime »
le plaisir montait en nous irrémédiablement, inexorablement.
Blanche soupirait.
Je ressentais un bonheur indicible.
Blanche criait.
Un bonheur indescriptible.
Blanche jouissait.
Etait-ce possible ?
Blanche rayonnait.
Blanche rayonnait….
Elle rayonnait… Etait-ce bien normal…. ?
Ne trouvait-elle pas curieux que soudainement, nous avions à nouveau un rapport aussi intense ?
Blanche, le regard perdu dans le vide…que pensait-elle ?
Et si, une fois, j’avais parlé dans mon sommeil ?
Si malencontreusement, lors d’un de mes rêves, j’avais prononcé le mot « Marlène »?
« Je t’aime Blanche, je t’aime, je t’aime, je t’aime »
Ce soir-là, je re-découvrais Blanche, c’était comme si je l’avais «perdue» depuis longtemps, et que je la «retrouvais» enfin ce soir.
« Je t’aime Blanche, je t’aime, je t’aime, je t’aime »
« Moi aussi, je t’aime, serre-moi fort »
d) Après l’amour
Je la regardai, étendue à côté de moi, nue, sublime.
Ce corps que j’adorais inonder de mes caresses, ce visage d’ange qui me faisait craquer, ce regard légèrement espiègle qui me faisait fondre.
Que pouvait-elle bien penser ?
Elle ne disait pas un mot, elle était là, simplement, et elle me regardait… je l’entourai de mes bras, je lui fis de tendres bisous.
Au fond il n’y avait rien à ajouter.
Pourquoi gâcher des instants magiques avec des paroles ?
Que pouvait-elle penser ?
Elle devait m’aimer, mais ce silence n’était-il pas suspect ?
Et si elle préparait quelque chose ?
Si elle se laissait faire dans le seul but de gagner ma confiance, alors qu’elle prépare une vengeance implacable ?
Blanche, si douce, en était capable, j’en étais convaincu.
L’eau qui dort…
Je la regardais, nue, étendue à côté de moi.
Et si je racontais n’importe quoi ?
Nous avions tous deux du plaisir.
Je la regardais.
Elle était là, nue, offerte, je l’aimais plus que tout.
J’eus à nouveau envie d’elle.
Cette nuit fut magnifique.
6) SUITE LOGIQUE
Les journées qui suivirent se ressemblèrent, Marlène glaciale au boulot, Blanche comme je ne l’avais plus connue depuis longtemps, torride et sensuelle.
Je ne savais quoi penser de leurs attitudes, à toutes deux.
L’une qui ne cache pas une haine manifeste (pourtant je ne voulais pas en arriver là), l’autre qui ne cache plus un amour démesuré (mais pourquoi je dis : démesuré, je devrais plutôt dire : un amour fort et réel)
Etait-ce l’effet de mon imagination, ou Marlène me semblait de plus en plus distante ?
c’était tout juste si elle arrivait encore à me dire bonjour, et je ne parle pas de ses regards, je n'aurais pas pu imaginer pouvoir déclencher une telle haine en elle.
Mais Blanche m’inquiétait encore plus.
Ses regards me semblaient trop doux, elle était trop prévenante, cela cachait quelque chose.
Il fallait que je reste sur mes gardes, l’échéance approchait.
7) ECHEANCE
Et voilà, j’ai écrit toute l’histoire, et maintenant j’en suis là.
5 jours sont passés, il est 2h30 le matin, il devrait donc me rester une demi-heure, et je suis toujours en vie.
Avec Blanche, ce soir-là fut encore plus intense que les soirs précédents, cela devait être le dernier, alors il fallait bien « en profiter un maximum » comme le disait si bien cette « chère » voyante.
Mais l’échéance approche.
Il ne se passe rien, et pourtant il doit se passer quelque chose.
Tout-à-l’heure, je regardais Blanche, nue, étendue à côté de moi… elle me regardait de ses yeux doux et rêveurs..
Et si elle avait dissimulé quelque objet contondant sous le lit, de son côté ? Ferait-elle maintenant semblant de dormir?
Blanche et son apparence frêle…
Ou si Marlène avait retrouvé mon adresse, et si elle allait débarquer chez moi ?
A l’improviste, en pleine nuit, une arme blanche à la main…
Non ce n’était pas possible, pas possible…
Tout à l’heure, quand Blanche s’était apparemment endormie, je m’étais levé.
Je n’étais pas tranquille, je ne pouvais pas fermer l’œil.
J’étais descendu au salon, j’avais allumé la télé, avec le son au minimum, mais je n’y prêtais pas attention, j’avais pris du papier, un stylo, et je suis en train d’écrire ces lignes.
Voilà voilà…
Deux heures passées, un quart d'heure avant trois heures... et toujours pas le moindre signe…
Il ne peut pourtant plus rien se passer…
J’ai peur…
J'ai fini d’écrire, il n’y a plus que cette attente...
Si je n’écris plus rien, c’est que ces lignes auront été les dernières de mon existence...
Me revoilà !!
Il est plus de 3 heures,…
Plus de 3 heures… vous comprenez ?
Je suis en vie, je revis !
Tout cela n’était donc que fadaises, idioties, et j’ai prêté foi à une fausse voyante acariâtre !
Mais tant mieux ! tant mieux !
Quel idiot à avoir été ainsi suspicieux !
Blanche , nous allons enfin revivre !
Eh bien je vais arrêter là mes écrits, mon histoire ne se termine pas trop mal finalement,
et puis là j’ai une envie pressante, je ne peux plus tenir !
»
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3h passé…
Des bruits de pas…
Oui, il y a bien des bruits de pas.
C’est Blanche, elle descend les escaliers.
Ces bruits résonnent dans sa tête, une angoisse sourde commence à se faire jour, cette même femme qu’il aime démesurément serait-elle capable d’en arriver là ? D’en arriver où ?
Pourquoi s’inquiéter ?
Ce n’est que Blanche, et l’ échéance est passée…
«Où es-tuuu ? où eeeesssss-tu ? » dit-elle de sa voix doucereuse.
« Viens, j’ai envie de toi, c’est la nuit la plus longue de l’année aujourd’hui, viens que l’on en profite »
La nuit la plus longue…
La plus longue... la plus longue…
Mais oui ! son visage devient livide.
Il n’est pas 3h passé maintenant, mais 2h passé…
Il fallait reculer l’heure, et il l’avait complètement oublié, et Blanche n’en avait pas parlé… peut-être à dessein…
Et maintenant, il se retrouve là, enfermé dans les toilettes..
Blanche est peut être juste en face, attendant sans doute qu’il se manifeste…
Que doit-il faire ?
Que peut-il faire ?
Rester là une heure de plus et être sûr que l’échéance serait cette fois vraiment passée ?
« Je ne vais pas très bien, je vais rester un peu là, je ne sais pas ce que j’ai… »
Mais Blanche ne répond pas.
5 minutes passent, 10 minutes, un quart d’heure...
Blanche ne dit pas un mot...
Des gouttes de sueur perlent sur son front.
Quelque chose va se passer, c’est inévitable.
Quelque chose, "je ne sais pas"…
On sonne.
Il eut un haut le cœur.
La sonnerie…
Marlène… qui d’autre ?
L’heure est venue, tout est fini…
Rester ainsi dans ces toilettes ? Dérisoire.
De toute manière maintenant Blanche va tout savoir, tout est fini…
La vie a-t-elle encore de l’importance, il va perdre la femme qu’il aime par-dessus tout ?
Quitte à mourir, autant ne pas le faire en lâche.
Il regarde par le trou de la serrure, il voit une forme, apparemment il s’agit de Blanche.
Il ouvre lentement la porte, peut-être peut-il encore calmer le jeu…
« Ah tu te décides enfin à sortir »
Mais le ton est clairement menaçant cette fois.
Il entrevoit son bras droit, sa main est derrière son dos... elle doit cacher quelque chose.
« Allez sors de là, sors de là ! » crie-t-elle
Un dernier effort, il doit affronter la mort en face, il sort, Blanche brandit sa main.
Elle la lève vers lui, son cœur bat de plus en plus en fort.
« NOOOONNNN !! »
Sa raison vacille, il s’affaisse...
*
« Eh ! réveille-toi ! mais réveille-toi »
Il ouvrit les yeux.
« Je ne suis pas mort ?
« Mort ? mais comment as-tu pu penser une chose pareille ?
« Dans ta main, ce couteau…
« Un couteau ? oui c’était bien une arme, mais pas un couteau : il s’agit du texte que tu as écrit, je l’ai lu, je sais tout maintenant.
Il en fut abasourdi... Laisser traîner ses papiers sur la table… quel idiot il avait pu être…
« Tu ne savais donc rien.
« Comment aurais-je pu savoir ?
« Mais nos rapports, on a repris comme au début, et de plus belle...
« Et alors? je m’étais simplement dit que tu t’étais rendu compte que tu m’aimais, que tu t’étais rendu compte qu’il fallait que notre couple fonctionne vraiment à nouveau. Il n’y pas besoin de paroles pour ça, mais qu’est-ce que tu crois à la fin, je t’aime !
Elle disait ça les larmes aux yeux.
« Mais… la sonnerie ?
« Pour te faire peur, te faire croire que ta copine Marlène allait débarquer..
« Ce n’est pas ma copine, pardonne-moi, je t’en prie, pardonne-moi »
« Il va me falloir un peu de temps, tu m’as trompée, et presque pire encore, tu as douté de moi.
Comment as-tu pu voir en moi une meurtrière ?
Comment as-tu pu douter de moi à ce point ?
« C’est cette échéance, c’est cette voyante idiote... cela m’a influencé… je pensais à cette échéance...
« Tu sais elle ne s’est pas trompée ; tu n’as pas fait attention, et maintenant ta vie va bien changer, en effet...
« Tu veux me quitter ?
Elle hésita.
« Je ne sais plus, cela me fait mal de penser qu’il a fallu que tu connaisses une autre fille pour qu’il y ait à nouveau une vraie harmonie entre nous.
« J’aurais du m’en rendre compte par moi-même, je suis désolé, pardonne-moi.
Elle sanglotait.
Il la prit dans ses bras.
« Je t’aime »
« Je t’aime »
« Pardonne-moi, pardonne-moi »
« Tu sais, il faut que je te dise quelque chose… tu n’as rien remarqué d’anormal ces derniers temps?
« D’anormal ? comment ça ?
« Réfléchis un peu… tu ne vois pas ? oui, c’est sûr, tu avais d’autres préoccupations…
« Mais qu’essaies-tu de me dire ?
« Je n’ai pas eu mes règles le mois précédent…
« Comment ça ? tu… non, ce n’est pas vrai !
« Oh si, je crois bien… eh oui, ajouta-t-elle ; la voyante avait raison, notre vie va changer... mais avant, au moins, tu en auras bien profité…»
« Pardonne-moi encore, j’aurais du faire attention… oui, faire attention…
Etre attentionné envers toi…
Il la serra le plus fort qu’il pouvait.
« Blanche, tu es mon amour, tu seras touours ma femme, je t’aime»
Elle pleurait, mais ses pleurs étaient un mélange de peine et de joie.
« Tu ne veux pas finir ton histoire ? tu pourrais écrire la suite...
« Non, ne me parle plus de cette histoire, ne me parle plus de tout cela, je regrette tant de choses, et cette nuit je préfère rester avec toi, surtout cette nuit… cette nuit si particulière… »
Cette longue nuit…

