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Contre les violences conjugales

Contre les violences conjugales

Published Feb 12, 2022 Updated Feb 12, 2022 Politics
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Contre les violences conjugales

Les femmes bleuets

(13 juin 2021)

 

Sous les verrous de la violence,

Derrière les barreaux de l’impuissance,

Elles sont prisonnières

Du patriarcat et de la loi du silence.

La défiance face au système judiciaire

Convertit un dépôt de plainte en épreuve

Et parfois, assignées à résidence,

Ou par crainte de représailles ou par méconnaissance,

Elles ne le peuvent.

 

Trop souvent encore elles renoncent

Au parcours du combattant

Amorcé dès lors que l’on dénonce

Insultes, humiliations et sévices récurrents.

Elles livrent déjà un combat de titans

Sans flancher, sans fléchir,

Pour simplement « rester debout » ;

Essuyant larmes et coups

Portés par un « prince charmant » mutant

Devenu Grand Méchant Loup,

Contrecoup d’un amour aveugle et « fou ».

 

Sous emprise psychologique

Et de la dépendance affective et financière

Elles endurent le calvaire

Des violences domestiques

Qui peuvent mener au cimetière

Après force menaces, brûlures, agressions physiques

Sans oublier le tabou des viols —

Toutes atteintes aggravées par l’alcool.

 

Ce n’est pas ça être « fleur bleue » !

Regardez donc le corps bleu pervenche

De ces femmes bleuets

Passées maîtresses

Dans l’art de la dissimulation

Pour camoufler leur sort

En maladresses ;

Camoufler leur corps

Maltraité, privé de tendresse ;

Camoufler les torts

En « dérapages ponctuels »,

En « Il n’est pas si cruel,

Il n’a pas voulu

Mes yeux au beurre noir, mes lèvres fendues »…

Pour continuer à croire,

Avec l’énergie du désespoir,

Que « ça ne se reproduira plus ».

 

Sachez déceler l’alibi qui ne « tient » pas,

L’excuse trop fréquente du « faux mouvement »

Ou du « faux pas »

Qui a tout du faux semblant,

Mesdames, Messieurs,

Si vous ouvrez plus grand les yeux.

Ces « j’ai trébuché dans une ornière »

« J’ai glissé dans l’escalier »

« J’ai pris un coup de portière »

Doivent être interrogés

Avec courage et sans crédulité délibérée

Socialement (et savamment) organisée

Car « ça ne nous regarde pas »,

Et « On ne se mêle pas de ces choses-là ».

Sans quoi, elles seront condamnées

À la répétition de blessures

Qui doivent alerter :

Blessures évitables si l’on ose

Déchiffrer les ecchymoses.

 

Femmes fantômes furtives, discrètes,

Transparentes et muettes :

Au-dedans honteuses et en miettes

Au dehors, maquillées et « blindées »

Pour « faire semblant »,

Pour donner le change,

Faire écran à une réalité qui dérange.

 

Aujourd’hui, nos sociétés deviennent lucides.

Ces gestes fatals ont même

Reçu un nom à glacer le sang…

Les « féminicides »

Désormais tragiques emblèmes

Du sexisme le plus extrême,

Véritables prises de contrôle

Sur celle que l’on « aime mal » et malmène,

Ad mortem.

 

On prend conscience collectivement (trop tardivement)

Que sans éviction de domicile,

Sans bracelets anti-rapprochement,
Sans téléphone grand danger,

Sans éloignement du conjoint-bourreau,

Ni soins ordonnés par le barreau,

Les femmes iris ou myosotis

Seront meurtries (lèvres coquelicots) — sinon martyrs

De ces scènes de ménage

Basculant dans le carnage,

Bousculant tout préjugé de classe sociale,

De catégorie professionnelle et d’âge.

 

Quand le mot « maison »,

Havre et sanctuaire de l’intime,

Ne rime plus avec « protection »

Mais se transforme en scène de crime,

Combien d’êtres abîmés par déraison,

Par sadisme, par machisme ?

Combien de déflagrations, de victimes

De ces gifles suivies de bouquets

De fleurs pour effacer

Les pleurs versés ?

Cycle infernal de promesses (vaines),

De « Je recommencerai plus jamais »

De « Je t’aime » dits puis parjurés,

De rappels à la loi sans peine (ferme),

De soumission en galères

De « pas le choix »

En « marre de se taire »,

De peurs de la même couleur

Que leur peau tatouée

À l’encre indélébile

De l’amour dans la douleur ;

Cette peur bleue coagulée dans leur cœur

À tout jamais.

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