Retirement (confinement) désiré
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Retirement (confinement) désiré
Notons-le bien. Il est question ici du temps de « confinement » d’un retraité avancé. Le repli vécu, le retirement dans un lieu déterminé n’est pas subi, mais désiré. Choisi ou assumé.
Voilà effectivement plusieurs jours que je ne suis pas sorti hors de l’appartement. La semaine passée, je devais honorer quelques rendez-vous près de chez moi. Mais maintenant que tout est en place dans le sens du « confinement », il n’y a plus qu’à rester chez soi. Désormais, des rencontres urgentes, par exemple dans le cadre de la Coordination Urgence migrants (CUM) se font via skype ou par téléphone en réunion.
À la maison, c’est comme si je me trouvais en vacances/retraite dans un village oasien ou dans le quartier targui distant de Djanet de 3 ou 4 kilomètres. Il n’y a rien à faire dans le secteur. Se promener dans la montagne est certes toujours possible, seulement à proximité du logement ou plus au loin, c’est sans cesse le même paysage. Et puis, il y a la crainte de se perdre dans le désert, une montagne pouvant cacher le repère observé. Autrement dit, confinement volontaire.
Programme quotidien
Maintenant comme avant au Sahara, je ressens le besoin de respecter le règlement quotidien que je me suis fixé. À savoir pour aujourd’hui…
Réveil en douceur à partir de 6 h. Écoute des informations à 7 h. Petit déjeuner, soin du corps, lecture du journal (souvent des jours précédents).
8h 15 ou 8 h 30 : étude d’Évangile, avec l’évangile du jour ; méditation, oraison, contemplation (dans quel ordre? Dans quel sens ?) et office du matin puis office des lectures. Je lis les nouvelles données sur le site du Vatican. Ce temps de prière, distractions et rêveries incluses, se termine à 10 h.
10 h - 12 h 30 : temps de « travail ». À savoir : rédaction de la revue du Prado Quelqu’un parmi nous, le blogue, tâches pour la CUM, Résurgence(s), la paroisse, correspondance…
Repas - Repos (sieste/info).
14 h - 17 h : lecture d’un ouvrage de philosophie, théologique, sociologie économie… Actuellement : Jean Barbier, L'alternance féconde - Une philosophie de la contemplation et de la création.
18 h - (approximativement) : regard sur les courriels, articles divers
vers 19 h : offices de vêpres puis repas.
20 h 00 : informations et émissions diverses prises sur Arte.tv ou Fr 2/3… .tv
22h 15 prières du soir. Gand silence de la nuit.
Parlons de la prière
Les cataclysmes naturels ne sont que naturels. Comment imaginer qu’ils pourraient être une punition de Dieu infligée aux humains qui se comportent mal ? Un tremblement de terre, un tsunami, une éruption volcanique dépendent uniquement des forces de la nature. Alors faut-il prier pour que le Créateur écarte les fléaux qui écrasent les humains ?
À Lyon, en 1643, la peste qui avait envahi le sud de la France connait un temps d’accalmie, les consuls-échevins résolurent alors de s'adresser à Notre-Dame de Fourvière. Les échevins de Lyon, le prévôt des marchands et les notables firent vœu de rendre hommage chaque année à la Vierge si l'épidémie de peste cessait. Comme l'épidémie cessa, le peuple tint sa promesse et rendit hommage à la Vierge, chaque année.
Certes, il convient de prier. Prier pour qu’hommes et femmes se comportent comme il convient dans la détresse. La conversion de tous est requise pour qu’advienne une victoire contre l’adversaire. Là Dieu apporte son aide. Il n’agit pas directement contre les éléments naturels. Je sais que la question de « l’efficacité » de la prière est délicate et que je peux facilement passer pour mécréant. Ce que, en un sens, je suis assurément. Mais quand même, comment accepter les idées d’absolution collective, Saint-Sacrement en tête de procession ; comment percevoir que puisse être donnée une bénédiction sur le monde entier à laquelle serait « attachée la possibilité de recevoir l'indulgence plénière » ; une bénédiction « qui peut être accordée de façon collective pour les personnes directement menacées par les guerres et les épidémies ».
« L’indulgence plénière est une grâce offerte par Dieu… Elle est réparation, effacement du désordre causé par le péché ».
L’Église dit : « Une indulgence nous dévoile la manière d’agir de Dieu : il réordonne toute l’histoire, toute notre histoire selon son amour. Le vocable d’ « indulgence » porte en français une connotation de faiblesse qui est étrangère avec la réalité de ce que Dieu opère. Il nous redit la proximité du Royaume en vivant, dès à présent, de la plus importante des réalités : la charité. Bénéficier d’une indulgence, c’est éprouver avec reconnaissance l’heureuse disproportion entre notre petitesse et la grandeur de Dieu qui peut remettre l’humanité dans sa grâce. (cf. Prière eucharistique pour la réconciliation I) ».
Cette définition colle mal, selon moi, avec l’idée de recevoir une indulgence plénière seulement si je me trouve au bon endroit au bon moment.
Indulgence plénière, c’est-à-dire, effacement total du péché commis par l’homme et victoire contre la pandémie. Le site du Vatican précise : « Pour accompagner ce moment de prière particulier, il y aura l'icône de la Salus Popoli Romani et le Crucifix de l'église de San Marcello al Corso, les deux images que le Pape est allé vénérer le dimanche 15 mars pour invoquer la fin de la pandémie. La fin de la Grande peste de 1522 à Rome est associée à la procession de ce Crucifix dans les rues de la Ville éternelle, qui vit sa première épidémie de grande ampleur depuis plusieurs décennies, mais a déjà traversé, dans sa longue histoire, de nombreuses épreuves dont elle s’est finalement relevée ».
Bref, ayant écrit ceci, comment ne pas vous partager mon propre questionnement, qui demeure, j’imagine, celui de nombreux chrétiens. L’article de Charlie-Hebdo, Une petite prière pour lutter contre le coronavirus (24 mars 2020) instruit la réflexion.
Il importe de prier
Ce temps de confinement que j’assimile à mes temps de retrait dans une région désertique -une façon de prendre des vacances- est un temps de prière. Temps de méditation, de contemplation, d’intercession, de réflexion pour une création réussie. Pour le vivre pleinement, il est urgent de se protéger afin de ne pas attraper le virus de la paresse. L’emploi du temps vécu au quotidien en est l’arme essentielle.