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Qui décide que je suis une femme ? Moi, pas les Community manager...

Qui décide que je suis une femme ? Moi, pas les Community manager...

Published May 18, 2021 Updated May 18, 2021 Politics
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Qui décide que je suis une femme ? Moi, pas les Community manager...

Le Vendée Globe, épreuve sportive que je suis depuis la première édition, s'est terminé sur cette note surannée de sexisme de base. En fait, c'est souvent ceux qui se veulent les plus modernes qui sont à mes yeux les plus réacs. Première femme, deuxième femme, premier japonais, premier finnois, combien y-a-t-il de catégories dans le classement du Vendée Globe exactement. Que reflètent ces catégories à mes yeux ? De la fainéantise...

 

La catégorisation comme affirmation du leader, quel qu'il soit

 

Je pense que j'aurai hurlé si, en finissant le Vendée Globe, un journaliste m'avait félicitée en me disant que j'étais la troisième femme, ou la première costarmoricaine, ou que sais-je encore !

En fait, ils trouveront toujours cet élément de charité mal déguisé, pour nous faire comprendre que dans leurs têtes, une femme ne peut pas gagner, donc faisons-leur un sous-classement, comme ça, elles se battent entre elles et c'est déjà pas mal.

Quand un homme dit à une femme qu’elle est la première femme à finir cette course, il lui dit qu’elle n'est pas vraiment dans le classement, elle ne joue pas dans la même catégorie, et qu’elle devrait se réjouir d'être la première femme, et surtout ne pas se réjouir d'être 12ème, d'avoir fini mais qu'elle aurait pu faire mieux, il y a une marge de progression tangible. On la félicite comme un petit enfant qui aurait besoin d'être félicité quoi qu'il fasse... Elle est la première femme...la belle affaire !!

Mais mon incompréhension et ma colère ne s'arrête pas juste au sexisme.. Que faire du premier japonais ? Surtout quand il n'y en a qu'un seul ? A-t-il fait le Vendée Globe comme japonais ?

 

Toutes ces catégories ne viennent ni des femmes, ni du Japon, ni des handicapés ( il y avait aussi le premier handicapé..), ce ne sont jamais eux qui hurlent leur sexe, leur nationalité, leur handicap. Non, ce sont les journalistes, les Community manager, les rédacteurs qui ont autant de perspicacité et de clairvoyance qu'un cendrier vide.

 

L’uniformisation des écrits comme moyen de survie pour les rédacteurs ?

 

Trop de concurrence ? Pas assez d'expérience de vie pour avoir un avis personnel, voire original ? Je ne trouve pas la raison qui pousse les rédacteurs et autre chargés de communication à uniformiser leurs écrits, à ne jamais vouloir bousculer les pré-requis, et à utiliser encore et toujours les mêmes schémas de pensée.

Les Community manager du Vendée Globe ont écrit tellement de banalités, de poncifs et de lieux communs sur les femmes dans le monde de la course au large que j'ai, à un moment, pensé qu'ils le faisaient exprès...

J'ai été skipper pendant presque 20 ans et pas une fois je me suis servie de mon identité sexuelle pour naviguer, pour glander, ou pour ne pas faire les mêmes gestes que faisaient mes coéquipiers. Et les skippers du Vendée Globe ne l'ont pas toutes fait! Car c'est moi, et seulement moi, et encore maintenant qui décide quand je suis une femme, et comment je dois l'être.

Je ne veux pas de la Journée des droits de la femme, et l'argument qu'un seul jour ne suffit pas est dépassé. Tous savent que évidemment un jour ne suffit pas, et chaque année, quelques abruties ressortent cet argument...

Je n'en veux pas car elle catégorise définitivement les femmes, et leurs droits. Je sais qu'être femme dans certains pays, dans certaines circonstances est un danger, je ne suis pas dupe, j'en ai même été victime quand j'ai dû déposer plainte et qu'un gendarme m'a demandé si je n’étais pas un peu sanguine, si mon œil au beurre noir, je ne l'avais pas un peu provoqué...Mais plus qu'une journée de défense du droit des femmes, j'adorerai vivre une journée d'éducation des garçons, du démantèlement de la philosophie sexiste.

Car à mes yeux, il ne faut plus de foyers pour femmes battues, mais bien des foyers pour hommes violents.

Community manager, rédacteurs, journalistes, vos écrits ne sont pas là pour relayer un discours facile, mais sans aucun doute pour divulguer une parole nouvelle, une éclaircie, un point de vue.

Soyez audacieux !

#feminisme #conditionfemme #

 

 

 

 

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