Ma première manifestation. Ensemble dans un but commun. Des personnes toujours plus différentes qui se réunissaient pour une cause. Un ensemble incohérent qui devient cohérent. Une identité collective, plus sélective. Spectatrice pour une première, je ne pouvais que remarquer les discordances, les conflits internes mais la vision externe. Un ensemble unifié qui avance, fait son tour. Être au milieu de la foule et me dire que ce n'est pas ce qu'on lit dans les médias. Ce n'est pas un bazar où les agressions incombent, où rien n'est contrôlé. Ils savent tou.te.s ce qu'ils risquent, prennent tou.te.s leurs précautions. Mais marchent tou.te.s vers un objectif commun. Criant leur peine, leur souffrance, le changement. 

Manifester, non plus comme acte politique mais comme nécessité. L'inflation, la baisse des salaires, l'insécurité face à l'existence, le climat, le féminisme, vivre comme personne LGBT. Vivre comme femme, vivre comme humain, comme personne lambda. Manifester, faire grève est un acte citoyen en temps d'incertitude et de difficulté. Ce n'est pas une révolte passagère sur un sujet de société qui nous préoccupe le temps d'un instant. Ce n'est pas un moment fun à passer pour ne pas aller au travail ou en cours, surpasser les obligations du quotidien. C'est un appel au secours. Une alarme lancée à l'Etat pour lui dire que ça ne va pas, qu'on ne peut continuer comme ça. Si tu ne nous écoute pas l'Etat, toi non plus tu n'iras pas. Aucune menace, seulement de la prévention. Un Etat ne peut pas tourner si son peuple va mal, s'il a peur, s'il ne peut plus vivre et plus faire vivre (commerçants, marchands, agents). L'Etat capitaliste ne fonctionne pas, reléguer les contraintes ne fonctionne pas. La vie est ce qu'elle est à cause de lois qui sont ce qu'elles sont. Laissez-nous la possibilité de vivre décemment, comme vous le faites. 

Les conditions de vie diminuent. La surpopulation dans cette ville où se déroulait ma première manifestation. Des préoccupations de la vie quotidienne qui touchent de nombreux foyers, de nombreuses familles. Nous ne pouvons l'ignorer parce qu'elle existe et bien plus nombreux que ce que l'on pense. Parce qu'elle fait partie intégrante de la société qu'on construit. Parce que nous voulons vivre dans un Etat coordonné fait de paix et de possibilités. Il n'est plus possible de sortir en ayant peur de se faire agresser. De croiser un groupe d'hommes et penser que nous n'aurions pas dû suivre ce chemin qui risque de nous mener droit à l'hôpital... ou pire. Sortir avec une bombe au poivre dans son sac, un taser même s'il est illégal, une alarme faite en cas d'agression. Le besoin de créer des alarmes en cas d'agression ?! Sérieusement ?! La cause : des personnes qui se pensent en toute possession de l'espace public que ne peut avoir une autre catégorie de personnes. Nous en sommes encore là. Les féministes sont encore là parce que les inégalités de genre le sont encore. Des homosexuel.le.s se font encore insulter lors de passages télévisuels, lors de passages dans la rue, lorsqu'ils.elles se découvrent à autrui dans les cours décole ou au travail. Il y a encore trop de SDF à la rue qui ne l'ont pas décidé.e. Il y a encore trop de personnes qui peinent à régler les fins de mois et à manger à leur faim, trop d'enfants qui souffrent de voir leurs parents dans de telles situations. Si nous ne faisons rien qui le fera ? Si nous nous laissons faire à chaque répression du gouvernement, à chaque loi contraignante pour la vie de tous, que deviendrons-nous ? 

Je ne veux plus entendre que certaines causes sont dépassées et qu'elles ne servent plus aujourd'hui, de la part de personnes qui ne pourront pas les vivre car non-concernées. Je ne veux plus entendre des personnes se plaindre de manifestatnts alors qu'eux-mêmes se plaignent de leurs conditions sans ne jamais rien tenter. Nous pouvons dire beaucoup lorsque nous n'agissons pas, mais essayez de faire quelque chose et vous verrez que ce n'est pas aussi simple. On se heurte à des personnes réclacitrantes, des personnes qui nous font la morale à chaque parole car bien-sûr leur opinion est plus importante et se pensent meilleur.e.s connaisseurs.se. Mais aussi aux "hors-Etat", ces personnes qui se disent en dehors de ces problèmes et ne contribuant pas à la société. Retenez bien cela : Vous consommez, vous vivez et vous vous épanouissez dans une société, alors vous y participez. Il n'y a pas d'autres choix, d'autres solutions ni d'autres opinions.