Des signes qui ne trompent pas

Aux États-Unis, en 2025, des mots sont en train d'être déconseillés voire interdits.

Que des mots apparaissent ou disparaissent n'a rien d'étrange: les langues sont vivantes, elles évoluent par la pratique. Cependant on peut noter cette fois un changement assez majeur dans la rhétorique préconisée par l'exécutif américain.

En effet, les diverses administrations ont communiqué sur les mots et expressions à éviter ou à bannir. Si cet exercice est commun lorsqu'un pays sort d'une élection, aujourd'hui la différence est que les choix ne sont plus seulement sémantiques, mais bel et bien idéologiques.

Comprenez: Qu'une administration, soucieuse de bien maîtriser sa communication, conseille d'éviter certains termes pouvant être mal interprétés ou des sujets brulants... ça n'a rien d'étrange. Tous les gouvernements le font. Il s'agit souvent de remplacer un mot par un autre, considéré comme moins tendancieux. En France, "Interdiction du foulard islamique" devient ainsi "Interdiction des signes ostensibles d'appartenance religieuse". Alors que soyons clair: c'est la même chose. Mais comme toute mangeaille étouffe-chrétienne, ça passe mieux si on ajoute du miel.

Quelle est la différence alors?

La différence est ici que les mots attaqués sont tout simplement les sujets que Mr Trump ne veut plus voir.

Et si Mr Trump ne les voit plus, alors ça n'existe plus, c'est évident!

Prenons le changement climatique, sujet que déteste le 47e président des USA. Si on n'en parle plus: ça n'existe plus. logique imparable.

Afin de vous faire une idée, je vous ai sélectionné une petite liste des mots concernés. À noter que toutes les administrations n'ont pas communiqué de la même manière sur tous ces mots. Le gouvernement Trump les a tout simplement pris en grippe. Et vous pouvez aujourd'hui avoir des ennuis s'il vous prend l'envie de publier quoi que ce soit contenant par exemple:

Activisme - solidarité - antiracisme - "Assigné à la naissance" - biais - BIPOC - noir - énergie propre - crise climatique - travailleur du sexe - discrimination - diversité - égalité -ethnicité -exclusion - expression - féminisme - genre - golfe du Mexique - discours de haine - identité - minorité hispanique - immigrants - inclusif - minorités -"Hommes ayant des relations homosexuelles" - LGBT - Natif américain - oppression - pollution - privilège - pronoms - race et ethnicité - ségrégation - transgenre - victimes - femmes.

Oui vous avez bien lu. Le mot "Femmes" est dangereux désormais et donc à éviter! C'en serait presque drôle si ce n'était pas la réalité.

Autodafés numériques

Ne vous y trompez pas: si la forme a évolué, c'est bien à un autodafé que nous avons à faire. La destruction de milliers de pages web "problématiques" est toujours en cours. Les journaux encore indépendants (pour combien de temps) ignorent à quoi les engage le fait d'utiliser les mots déconseillés... Mais cela n'augure rien de bon. À savoir que Donald Trump sélectionne déjà les journalistes à qui il accepte de parler, il n'y a donc plus aucune pluralité dans les interview du président en direct. Personne pour poser les vraies questions. Celles qui fâchent.

Les USA sont désormais divisés en deux: Ceux qui appliquent la politique de Trump et ceux qui y résistent.

On dénombre déjà des milliers d'américains ayant entrepris de sauvegarder les documents menacés d'être détruits par le DOGE d'Elon Musk.

Des américains lambda qui deviennent des résistants à l'oppression obscurantiste.

Car oui que cela plaise ou pas à Mr Trump, ce n'est pas en se cachant les yeux avec ses mains que les choses disparaissent. Les transgenres existeront toujours tout comme les gays et les ... femmes (apparemment elles sont un problème?) que vous les fassiez disparaître de l'espace public ou pas.

Cette politique revient à "ranger le bazar inconvenant sous le tapis". On fait mine devant sa maman d'avoir bien rangé sa chambre sauf que là ce sont des millions d'êtres humains qui sont invisibilisés. Et les êtres humains n'apprécient que rarement l'invisibilisation. Les nombreuses manifestations à travers le pays qui ont lieu en ce moment même semblent n'avoir absolument aucun effet sur les résolutions du président...

Je pense que je peux prédire sans trop de risque de me tromper des passages à l'action violente dans peu de temps.

Oh tiens tant que je vous tiens, vous vous rappelez de l'interdiction de l'avortement aux USA? Eh bien au Texas, le nombre de décès de femmes en couche a bondi de 54%. Des femmes qui il y a peu encore auraient pu être simplement sauvées.

Pour une loi censée protéger la vie, elle fait de bien nombreuses morts.

Bisou

Sources

The New York Times (Pour la liste non-exhaustive de mots "déconseillés")

Ouest-France

20 Minutes