Chapitre 4
On Panodyssey, you can read up to 30 publications per month without being logged in. Enjoy29 articles to discover this month.
To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
Chapitre 4
Clara et Raoul quittaient la salle de bains, Julia avait mis le couvert. Fabrice ne voulait pas parler avec Julia, la musique de Francis Cabrel rompait le silence. Intimidé, Fabrice était replié sur lui-même. En attendant le repas, Julia lisait un livre. Clara s'orienta vers elle et posa ses mains sur les genoux. Julia baissa son livre et découvrit le visage de Clara avec son sourire.
- Alors, c'était bien avec ton papa ?
- Oui !
Raoul posa sa main sur l'épaule de Julia.
- Ah, c'est bien, tout est prêt !
- Oui, j'ai enfourné les lasagnes dans le four !
- Fabrice, arrête ta guitare ! À table !
À ces mots, Clara s'installa à sa place, Julia s'amusa pour sa rapidité, elle avait déjà sa fourchette dans la main. Fabrice rangea son instrument de musique dans sa chambre. Julia posa son livre sur la table basse.
- Je vous apporte l'entrée. Ce ne sera pas un plat italien mais breton.
- Ah ! Je suis déçu.
Raoul rit.
- J'ai pris dans tes réserves !
- Je plaisante !
- Taquin !
Raoul ôta sa main et se joignit à sa fille, Julia se leva et se dirigea vers la cuisine. Fabrice en profita pour venir s'asseoir avec son père et Clara.
- Alors Fabrice, tu as un peu parlé avec Julia.
- Non, et je ne sais pas ce qu'on aurait pu se dire.
Fabrice croisa les bras un peu agacé.
- De ta vie.
- Mouais, tu comptes refaire ta vie avec elle.
Raoul constata que Fabrice était récitent avec Julia. Il fut surpris par sa réflexion, mais il ne se projetait pas dans l'immédiat à long terme. Cependant, cette perspective ne lui déplaisait pas.
- C'est envisageable pour un essai. Pourquoi serais-tu contre ?
Julia entendait la conversation et se précipitait avec son plateau de rillettes de sardines sur des biscottes.
- C'était une blague pour l'entrée bretonne, Julia, une double déception !
Le rire de Raoul mettait fin à l'air bougon de Fabrice. Raoul versa du cidre dans le verre de Julia et le sien. Il leva son verre en l'air et annonça :
- Je trinque à Julia, l'italienne bretonne qui va s'installer chez moi pour un temps indéterminé pour l'instant avec une période d'essai.
Fabrice passa sa tête entre ses mains. Julia eut un sourire perturbé par la réaction de Fabrice. Clara ne comprenait pas tout ou n'écoutait pas, elle se servait déjà et dévorait à pleines dents sa biscotte. Julia était perdue où se mettre ni comment se comporter.
- Julia, ici, nous sommes des pinces sans rire, on blague beaucoup. Non, ne t'inquiètes pas, il n'y a pas de période d'essai, ce n'est pas un contrat d'embauche ! Je sais que tu as beaucoup de travail avec tes clients. Tu peux venir quand tu veux. Tu es d'accord, Fabrice ?
- Oui, bien sûr !
Julia posa le plat et Fabrice reprit.
- Julia, il faut qu'elle sache qu'il me faut une période d'adaptation. Il faut bien aller dans les deux sens.
Fabrice observa Julia qui se fermait complètement. Il se met à rire.
- Mangeons à la mode bretonne, car j'ai très faim.
Clara se régalait dans son coin et le repas débuta.
- La prochaine fois, je vous ferai une pizza italienne ! Ce plat de rillettes de sardines est délicieux, je n'avais jamais goûté !
- C'est une chance que vous appréciez, vous pourriez trouver ça dégoûtant !
Tout le monde riait aux éclats. Julia se détendit par l'humour de Fabrice. Il osait s'ouvrir devant son père, mais dès qu'il était sans lui, il ne parlait plus, il fuyait son regard en fixant son assiette avec un air absent ou en se penchant sur son téléphone portable. Raoul s'absenta le temps de couper des tranches de pain. Le temps de cuisson des lasagnes se termina, elle surveillait l'heure comme du lait sur le feu. En pleine conversation, elle sortit de table pour sortir son plat du four. La cuisson était parfaite, bien dorée au fromage coulant. l'aide d'un couteau, elle divisa les parts. Fabrice continuait avec ses blagues qui fusèrent tandis que Raoul l'appuyait dans ses délires. Julia ne s'ennuyait pas avec eux, elle était constamment à rire. Fabrice désirait même la déranger lorsqu'elle les servait.
Raoul était pensif, c'était comme s'il recréait une deuxième famille avec les échecs vécus avec son ex-femme, il revivait ces moments de bonheur au départ. Il redoutait de revivre la déconvenue encore une fois. À chaque fois, il avait tendance à croire vivre une histoire différente, pour ensuite finir dans la fâcherie, la déception ou la tromperie. L'euphorie était présente et Julia fut rassurée par le déroulement de la soirée, mais elle appréhendait à chaque plat, c'était un examen qu'elle devait passer. Elle n'avait pas tout à disposition pour un dessert italien. La sortie et la préparation lui avaient donné un coup de barre et de stress. Clara était très excitée par l'ambiance qui régnait, puis elle se frottait les yeux.
- Clara doit aller au dodo ! Dit Raoul.
Raoul la dégagea de sa chaise et la prit dans ses bras. Elle ne discuta pas, car elle était fatiguée et elle ne se battra pas pour refuser. Elle adressa un geste de sa main.
- Bonne nuit, petit cœur ! Déclara Julia.
Raoul entra Clara dans sa chambre et la déposa sur le bord du lit. Elle leva les bras vers lui, il lui retira son haut, puis elle s'allongea pour qu'il retire son bas et sa culotte. Il lui enfila son pyjama. Clara était toute calme et docile, elle ouvrit son lit et s'installa.
- Un petit bisou ?
Raoul se pencha, elle l'entoura de ses bras et l'embrassa.
- Pa ! Pa !
- Dors bien, Clara, à demain.
Elle enleva ses bras, elle attira sa peluche contre elle et son pouce sur sa bouche. Raoul éteignit la lumière et s'en alla.
Julia se leva de table et, avec Fabrice, ils desservirent les plats et les couverts pour les déposer dans l'évier. Julia commença à nettoyer la vaisselle. Fabrice avait retrouvé sa vieille habitude d'être plus distant avec elle. Julia devait l'accepter comme il était, elle ne le forcerait pas à avoir des confidences ou à être plus bavarde avec lui. Après avoir rangé chaque couvert dans l'égouttoir, Fabrice les essuya au fur et à mesure et les rangea dans leurs emplacements. Une fois cela terminé, Julia vida l'eau. Julia passa à côté de Fabrice, ils se frôlèrent, elle retourna le salon. Il était vingt heures trente. Elle était éreintée, elle s'affalait dans le canapé, fermant les yeux. Elle sentait un souffle près d'elle, une odeur de tabac qu'elle reconnaissait et la douceur de ses lèvres. Raoul était si proche que Julia ouvrit les yeux, son cœur sursauta.
- Dis ma belle, la soirée ne vient que de commencer.
- On ne sortira pas à l'extérieur, ta fille est ici et sa mère sait que tu l'as abandonnée, elle ne te ratera pas !
- On ne va tout de même pas se coucher à l'heure des poules !
- Et que proposes-tu ? Une partie de jeu d'échec ?
- Non ! Pas plus qu'un film à la télévision.
Fabrice passa à côté d'eux, il les observa sans rien dire. Il se demanda si elle coucherait ce soir-là.
- Pas question que tu me quittes pour aller dormir chez toi.
- Dommage, on s'enverrait des messages.
Le téléphone portable de Raoul vibrait sur la commode. Il se déplaça et sur l'écran, il était écrit par Estelle : demain, je récupère ma fille ainsi que la pension alimentaire, j'ai besoin d'argent pour la fin du mois. À demain.
Alors qu'il soupira, il ne se détacha pas du message, il n'avait pas beaucoup d'entrées d'argent, il était même dans le rouge. Il avait oublié toute cette réalité qui lui frappait à la tête. Il n'avait pas de salariés dans son entreprise, il se serrait la ceinture tous les mois. C'était comme un mouton noir dans son horizon, il ne répondit pas.
- Rien de grave ?
- Non.
Raoul ne désirait pas s'étendre sur le sujet, il gardait tout pour lui cette responsabilité sur ses épaules. Il examina ses comptes et se demanda comment résoudre ce souci ? Julia vit son attitude soucieuse et Raoul se fermait à elle. Elle se leva pour s'approcher de lui et entoura son cou. Elle lui déposa un baiser dans le cou.
- Tu sais que tu peux tout me dire ! On est deux à présent et peut-être qu'un jour… un petit être supplémentaire viendra entre nous.
Raoul pensa comprendre, mais voulut s'en assurer.
- Tu veux un bébé avec moi !
- Mio amore ! Ce serait mon rêve !