Cent francs le dernier tango
Cent francs le dernier tango
Cent francs le dernier tango
Une vieille station thermale,
infestée de vieilles rombières,
aux souffrances rhumatismales
et aux relents de pissotières.
Les seins et les bajoues coulant,
pleins de suint et d’arrogance,
sur des fleuves de diamants
dégoulinant d’outrecuidance.
Entre deux bains dans l’eau soufrée,
elles se noircissent au champagne
et ne cessent de se goinfrer,
masquant leur graisse sous un pagne.
Et puis le soir, elles vont danser
dans les jardins du gouverneur :
il faut les voir se trémousser,
tout en guenon et en lourdeur.
Et moi, je sers de cavalier,
je suis gigolo bienveillant ;
pour des mémères délaissées,
je leur en donne pour cent francs.
Et lorsque parfois elles meurent
d’un trop plein de contentement,
je m’acquitte de quelques pleurs
en suivant leur enterrement.
Mais aussitôt la messe dite,
je rejoins la piste de danse,
chercher une autre décrépite
qui saura m’offrir ma pitance…
C’était il y a bien longtemps.
Laid et graisseux dans l’eau soufrée
je suis curiste maintenant,
et le tango c’est terminé.
Contribute
You can support your favorite writers

