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Mon histoire face à la pandémie

Mon histoire face à la pandémie

Published Jul 13, 2022 Updated Jul 13, 2022 Offbeat
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Mon histoire face à la pandémie

Les balades confinées étaient des ritournelles d’abord agréables, puis rébarbatives. Sauf un jour. Je m’arrêtais près du mur de mes voisines pour échanger quelques mots lorsqu’arriva Jules. Il avait la petite quarantaine, une posture d’apparence solide. Nous l’observions avec méfiance déposer quelques choses dans les boites aux lettres. 
Notre regard l’attira. « Bonjour, je suis votre voisin du 15, je peux vous remettre le journal de la rue que je viens d’éditer ? ». Surprises, nous avons écouté son initiative : éditer un feuillet A4 d’anecdotes qui concernent les habitants de cette légendaire rue. Il avait collé au ruban adhésif, une graine de potimarron et avait appelé cela « une graine d’espoir ». Au bas de la feuille, une adresse email que chaque habitant pouvait utiliser pour lui transmettre des récits, mais aussi toute information spontanément disponible. Il se chargerait de trier, organiser les articles puis éditer les feuillets et les distribuer. Le tout, bénévolement. Quant au nom du journal, cela avait été tranché. « La roue svelte » allait travestir le nom de notre rue…
Mon esprit d’alors était serein. Voilà plusieurs semaines que je ne travaillais plus. La vitesse du monde avait eu raison de ma pauvre tête, qui ne comprenait plus grand-chose ! J’étais, depuis mon arrêt de travail en marge de ce monde. En stop. Et la pandémie m’avait  donné une justification héroïque. Lorsque Jules arriva. J’étais prête. A quoi, je l’ignore probablement toujours. Mais disponible pour agir comme je l’entendais enfin. De cela, je n’ai aucun doute.
J’avais ressenti beaucoup d’émotions lors du confinement. Pesté çà et là contre moult choses. L’inquiétude ne me gagnait cependant pas. La maladie ne me semblait pas menaçante. J’étais étrangement tranquille pour mon sort. 
De retour dans mes pénates, je parcourais avec frénésie le journal et estimait qu’un de mes textes pourrait enfin être édité. La roue svelte était un canal providentiel pour mes pensées. Pourtant, passer à la postérité m’angoisse un peu. J’ai une très grande marge que cela arrive car la rue et les voisins ne sont pas le monde. Mais ils sont mon monde. Ils sont ceux qui m’ont aidé pendant mes heures sombres. Ils sont ceux qui m’ont emmené dans la forêt pour ressentir la terre et les arbres, arpenter les sentiers pour m’épuiser afin que le sommeil redevienne un refuge. Ils sont ceux qui s’inquiètent lorsque les volets sont baissés, qui passent boire un café, ou déposer une corbeille de fruits. 
J’ai ainsi écrit à Jules et s’en est suivie une collaboration de onze semaines. Pour le remercier de son implication, je lui ai déposé un jour, une pile de feuilles blanches et deux tickets de grattograttes comme je les appelle. Je préfère de loin offrir le suspens ou la surprise que ce qui est attendu. Le désir qui pointe au moment de gratter, l’imaginaire qui se mobilise tout à coup quelques secondes valent toutes les déceptions de ne pas gagner un argent pourtant nécessaire à nos survies. 
Parmi les découvertes de cette pandémie, il y a eu Jules et ses utopies bien nécessaires, sa compagne que mon chat allait visiter bien avant notre rencontre. Puis, les mémoires de la rue ont parlé. Nous avons retrouvé des anciennes photos de la rue, appris qu’Auguste Bartholdi, créateur de la statue de la liberté, avait habité derrière un mur d’enceinte bien mystérieux à deux enjambées de chez moi. A la place de mon immeuble, vivait un sculpteur.
 Je crois que les lieux attirent à eux des âmes capables de les comprendre et de les respecter. Et tout cela m’émeut. La lumière passe bien dans les fissures. 
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