Il est 19h30 quand Jean-Marc entre dans le salon. Une douce chaleur émane de la cheminée.

 – Fred vient de m’appeler. Sandrine et lui nous invitent à venir diner chez eux samedi prochain.

Mélodie, confortablement installée dans le canapé, sent son cœur se replier sur lui-même. Sans lever les yeux de son livre, elle réfléchit à comment s’extraire de cette situation. Fred et Sandrine sont leurs amis de toujours, mais comme toutes les bonnes choses du passé, ce qui était autrefois un moment de plaisir et de légèreté est devenu pour elle une impossible torture. Cela fait six mois maintenant que tout a basculé, et depuis ce jour maudit elle n’a fait que fuir.

– Mélodie ?

– Oui ? répond-elle sans lever la tête.

Elle perçoit l’inquiétude de Jean-Marc qui se tient debout devant elle.

– On est invité chez Fred et Sandrine samedi prochain et ils veulent savoir si nous pourrons venir.

– Comme tu veux, ment Mélodie dans un haussement d’épaules.

Jean-Marc s’accroupit devant elle et pose délicatement ses mains sur ses genoux. Après une lourde hésitation, Mélodie insère son marque-page dans son livre, le dépose tout près d’elle et se force à lever la tête. Le regard emplit d’affection de son mari la bouleverse.

 – Je sais que tu ne te crois pas prête, mais j’aimerais que l’on essaie d’y aller cette fois ci s’il te plait. On est les seuls invités et Sandrine est ta meilleure amie.

Mélodie sent les larmes lui monter aux yeux. Elle baisse la tête dans l’espoir de pouvoir les retenir encore un peu.

 – Je ne peux pas. Je n’y arriverai pas chuchote-t-elle.

 – Tu ne peux pas rester cachée pour l’éternité. Je t’aime et j’ai besoin que nous redevenions nous-mêmes s’il te plait.

Elle réfrène un gémissement. La peine de cet homme qu’elle a toujours connu si fort, fait écho à la sienne et les larmes qu’elle avait désespérément tenté de retenir coulent en silence sur ses joues.

 – Mélo, ce n’était pas de ta faute. Le docteur a dit qu'on n'aurait rien pu faire... cela arrive à beaucoup de bébés.

Le corps de Mélanie se crispe. Elle sent chacune de ses cellules prête à exploser sous le poids de la douleur et de la culpabilité. Une vraie mère aurait du savoir. De longues minutes se passent quand enfin elle hurle dans un murmure serti de douleur.

 – J’ai tellement mal.

Jean-Marc la prend dans ses bras.

 – Je sais Mélo, je sais. 

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