Accroche aux murs des palangrottes de fortune. 

Jette l’encre une fois encore. 

Les poissons attendront. Ils suivront le cours du temps.

Je voudrais prendre ta main, ton coude, ton épaule. 

Te soutenir sur les chemins branlants. 

Ton âme est en flammes. Heureuse d’être damnée. 

Etreinte par les fusions du monde qui se cherchent et se répandent. 

Voilà le fil de soie tendu qui donne la lumière à ceux qui errent. 

Ce n’est pas celui d’Ariane, morte d’avoir trop errée.

Voilà les routes qui soupèsent leurs chants de joie tissés d’amour pour bien mesurer le monde.

Voilà les apparitions sommaires qui visitent les vivants pour mieux se délivrer. 

Et celles qui, soucieuses de notre devenir, entament les cantiques, larges ailes déployées.

Voici enfin venir le berger et son loup.

Anubis porte un pagne, le berger un bâton.

Plus loin dans les rochers siffle la flûte de Pan. 

Des femmes sortent de terre des quatre coins du vent. 

Elles s’adonnent à une danse d’abord douce, puis fiévreuse, puis sauvage. S’arrachant aux épines des acacias et mordant la poussière.

Ton âme en a assez de ce désert aride. 

Elle ne veut pas de ces furies qui sifflent, langues de vipère.

Elle se jette à l’eau. 

Détache l’encre une nouvelle fois. 

Relâche les palangrottes. 

Les poissons sont revenus et avec eux, la fortune.