Dans le confort douillet de son canapé
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Dans le confort douillet de son canapé
Quand on parle de voyage, quelle que soit la forme sous laquelle on l'envisage, la première chose à laquelle on pense naturellement, c'est à un (ou plusieurs) individu(s) qui se déplace(nt) physiquement d'un point A à un point B. Le point B étant en règle générale passablement éloigné du point A.
Mais il est des voyageurs immobiles qui ne quittent jamais leur point A, ou qui ne s'en éloignent jamais beaucoup. En tout cas pas physiquement. Mais dans leurs têtes, par contre, ils accomplissent des périples dont ceux qui voyagent physiquement ne connaîtront jamais l'équivalent.
Dans sa tête, on peut voyager jusqu'à des étoiles lointaines que la plus perfectionnée de nos fusées ne pourrait pas atteindre avant au minimum plusieurs années (sachant que l'étoile la plus proche, adéquatement nommée Proxima du Centaure - autrefois Alpha du Centaure - ne pourrait pas être atteinte avant un an si la technologie nous permettait d'atteindre la vitesse de la lumière, et pour ce que j'en sais, le vaisseau intersidéral le plus performant actuellement n'en atteindrait pas le quart, voire le cinquième - autant dire que l'ère de ce genre de voyage n'est pas encore pour demain, ni même pour après-demain). On peut se représenter le fond des océans jusqu'à des profondeurs où aucun bathyscaphe ne descend encore, et émettre des hypothèses à leur sujet (que va-t-on trouver tout au fond de la fosse des Marianes, onze kilomètres sous la surface de l'eau dans la nuit éternelle ?). On peut visiter des contrées lointaines à des époques passées (la Chine du douzième siècle, qui sait, c'était peut-être cool) ou futures (que pourrait être le monde en l'an 3000, ou peut-être même seulement dans un siècle ?) et les peupler de personnages dont on se raconte les aventures. On peut même visiter des mondes imaginaires qui n'existent que sur le papier, sur l'écran (Poudlard, la Terre du Milieu...) ou même dans les replis de son propre cerveau ("the sky is the limit" comme disent les Anglo-Saxons). On voyage dans l'espace, dans le temps et même dans des univers alternatifs. Et les distances ainsi parcourues, comme la quantité de mondes visités, feraient pâlir d'envie le plus intrépide des aventuriers ou le plus curieux des touristes.
Comme si cela ne suffisait pas encore, on se paie le luxe d'une destination à tout jamais inaccessible à n'importe quel voyageur physique : la vie de quelqu'un d'autre. Une vie autre que la sienne. Et à partir de là, tout est permis, les seules limites étant celles de son imagination, de sa curiosité, et celles du nombre de livres qu'on peut lire, de films qu'on peut visionner ou de jeux auxquels on peut jouer pendant un laps de temps donné (et aussi celles de la disponibilité que laisse pour de telles activités une vie réelle dans laquelle on a en principe bien d'autres choses à faire que s'inventer des histoires, lire des livres, visionner des films et/ou jouer à des jeux vidéo ou à des jeux de rôles). Le voyageur immobile change de personnalité, de lieu, d'époque, vit des centaines de vies et accomplit des dizaines de destins parsemés d'exploits extraordinaires dont il ne réalisera probablement jamais un seul dans la vie réelle qui est la sienne.
Bien entendu, lectures, films, jeux vidéo et autres médias y aident beaucoup, en suppléant au manque d'imagination des uns ou en stimulant celle des autres. Et je ne parle pas uniquement des récits ou romans d'aventures. Ni de la façon dont les récits de fiction situés en d'autres lieux ou à d'autres époques peuvent éveiller la curiosité de leurs lecteurs pour ces époques ou pour ces lieux (et leur donne ainsi un aperçu de cultures différentes qu'ils n'auraient peut-être jamais eu autrement). Les littératures de l'imaginaire - science-fiction, fantasy - libèrent l'imagination et ouvrent comme aucune autre le champ des possibles. Et qu'il s'agisse de témoignages vécus ou d'histoires inventées, tous ces récits offrent aussi matière à s'interroger, à réfléchir sur soi-même, sur la condition humaine et sur le monde dans lequel on vit, et à remettre en question certaines choses que l'on pensait acquises.
Et combien d'aventures ont été inspirées par la lecture des récits de celles d'autrui ? Combien d'études et de recherches sont nées de la curiosité d'esprits éveillés par la lecture ou le visionnage d'une présentation des choses qui les a fait voyager dans leurs têtes ?
Par ailleurs, combien d'écrivains, de J.R.R. Tolkien à Joanne Kathleen Rowlings en passant par George R.R. Martin, sont ou ont été avant tout des voyageurs de l'imaginaire ? Des voyageurs immobiles assis derrière le bureau où ils inventaient les histoires qui ont ravi tant d'entre nous ?
Crédit image : © lagano - stock.adobe.com - image générée par IA
Snakecroqueur 4 months ago
je voyage fréquemment.... dans mon esprit, mes univers... et le pire, c'est que je le fait aussi en marchant ^^
Jackie H 4 months ago
Pareil... bienvenue au club !
Chantal Perrin Verdier 7 months ago
L'idée du voyage m'emballe souvent plus que le voyage lui-même. Ce que j'ai imaginé de mon futur voyage peut ne pas correspondre à sa réalité (quelle que soit la qualité de l'organisation). Voyager réellement par la pensée serait peut-être la solution 😉
Jackie H 7 months ago
Ou voyager en virtuel via le Web 3.0 par exemple 😆😆😆 non mais c'est vrai qu'entre l'idée qu'on se fait d'une chose et sa réalité, il y a souvent tout un monde et loin de la coupe aux lèvres... 😏