La pause des harpies
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La pause des harpies
Les escaliers tambourinent sous les pas lourds de Josiane qui descend, il est 10h00. Je fais semblant de sourire lorsqu’elle nous répète sa blague classique et insipide : « Alors je sais pas vous mais moi j’ai besoin parce que là ça ne va plus ». Non, ce n’est pas une allusion à faire tutu-panpan mais simplement une invitation à prendre la pause café.
Je ne lève pas les yeux en espérant qu’on m’oublie mais je devrais songer à utiliser un nouveau stratagème : celui-là a trop peu de résultats positifs. Je suis donc contrainte de rejoindre les harpies qui sont déjà accoudées sur la petite table ronde, prêtes à jaser ou à caqueter (cela dépend des jours).
Qu’on s’entende : Je n’ai pas l’habitude de faire preuve de faux-culterie mais le directeur de l’agence m’a assigné à prendre ma pause café avec les autres, question d’intégration.
Plutôt que de faire la potiche autour de la table, je me place volontairement en retrait, à une distance suffisante pour écouter quelques bribes des absurdités qui sont dites.
Augustine, qui porte très mal son prénom soit dit en passant, jacasse en permanence telle une bécasse et, comme à son habitude, n’accorde de l’importance qu’à sa propre vie : tout le reste n’éveille aucun intérêt pour elle. Elle jubile en montrant une photo de son horrible cuisine repeinte en bleu océan devant les « oh » et les « ah » de Giselle et Josiane – reines des artifices.
Mes yeux parlent à ma place et Giselle, couarde et hypocrite, n’ose même pas me regarder. La conversation dévie et les harpies jacassent de plus en plus fort sur des sujets qui font saigner mes oreilles (et je me demande si celles-ci ne sont pas littéralement endommagées depuis que je travaille ici !).
« Mais si tu sais, Carine Lezter, elle est mariée à untel – roh elle a grossit quand même, c’est dommage elle était tellement jolie »
Mais bon sang Giselle : FERME LA !