Introduction — (ou comment écrire une fable sans finir en crise existentielle)

Ecrire une fable, c'est simple. Il suffit d'un héros (souvent poilu) d'un anti-héros (généralement insupportable), d'un brin d'action (une bousculade entre un poisson et un éléphant peut suffire, (peu probable, je vous le concède, mais c'est moi qui écrit...),

Et hop! une morale! (bon, en vrai, on la pond à la fin, en espérant que tout ce bazar veuille dire quelque chose...)

Il faut aussi des personnages bien caricaturés — le genre qu'on reconnait tout de suite (et qu'on déteste parfois un peu trop parce qu'ils nous ressemblent, mais chut).

Ajoutez un style libre (libre, hein, pas illisible) , quelques apartés (comme celui-ci, parce qu'on aime se faire remarquer), une pointe d'humour cynique, et surtout...de la mauvaise foi et de la vengeance bien dosée.

Ceci dit, il est temps de se mettre à l'œuvre.

Réussite ou pas, à vous de juger

La tortue et le mouton

(Ou les aventures moyennement palpitante de deux bêtes têtues)

Dans un champ pas bien tondu (le jardinier était en grève)

Vivait une Tortue — prudente, lente, sans trêve —

Qui, chaque jour, comptait ses pas avec rigueur,

Et pestait dès qu'un brin d'herbe lui chatouillait le cœur ...

Un peu plus loin, un mouton, laineux comme un nuage,

Broutait sans réfléchir, sans carte, sans courage.

Il allait droit devant, ou parfois un peu de travers.

(J'vous jure, j'ai essayé de lui donner du caractère.)

— "Tu perds ton temps", dit la tortue grognonne,

"Chaque brin d'herbe mangé, c'est une histoire qu'on abandonne." (???)

(Je ne sais pas trop ce qu'elle voulait dire par là.)

Peut-être une métaphore? Enfin bref, on verra.)

— "Mais non!"

Bêla le Mouton avec bonne humeur,

"L'herbe, c'est la vie! Et les histoires, c'est pour les rêveur!"

(A ce stade, j'aurais pu insérer

un orage, un glissement de terrain

, ou une chasse au trésor.

J'ai opté pour... une barrière. Simple, efficace.)

Une vieille barrière, tordue comme un vers mal écrit

( je sais, j'en ai fait pas mal...)

Séparait les deux bêtes, qui avaient prévu de piqueniquer....

Le Mouton, plein d'élan, sauta (mal) et se coinça.

La tortue solidaire, s'approcha, mais...n'avança pas .

( Il faut dire qu'à cette vitesse, on a le temps de faire trois siestes.)

— "Tu vois? Tu vas te casser une côte!"

— "Je n'en ai pas!" dit le Mouton (ce qui est faux, mais drôle).

Alors ils discutèrent, assis là des heures entières,

De fromage, de limace, et de vie sans barrière.

(Et de tout ce de quoi, peuvent discuter ces deux animaux là...)

Puis le Mouton, par miracle se décoinça tout seul

(Oui, je n'étais pas très inspirée, là...

Un ours qui fait tomber la barrière,

Un tremblement de terre...)

Peut importe , le mouton est décoincé et c'est tout ce qui compte!

et la Tortue déclara: " Voilà. Tout est résolu."

(Même moi je ne sais pas ce qui a été résolu, mais on va dire que c'est profond.)

Moralité.

Il vaut mieux une barrière qu'un précipice.

Et deux têtes pleines de vent qu'un seul vieux préjudice.

(Ou bien : quand l'histoire part en vrille, continue, ça fera fera peut-être rire."

Et c'est là que nous voyons que l'ingrédient essentiel pour une bonne fable est :L'inspiration.