Medusa
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Medusa
Image de couverture par David Clode sur Unplash
Image source par Clara Dapitan
Les yeux mi-clos, il paressait au soleil, les écailles verdâtres de ses tempes et de ses pommettes luisantes sur sa peau d'ébène. Il les sentait apprécier le moment, déroulant lentement leurs anneaux, chacun à son tour, lovés les uns contre les autres. Il les entendait siffler, susurrer.
Mais tout bon moment a une fin et la faim commençait à se faire sentir. Il se releva, ignorant leurs protestations chuintantes. Il s'étira nonchalamment. Un bâillement lui échappa.
Ses yeux s'ouvrirent soudainement, ses pupilles verticales se rétrécirent légèrement sous la lumière de midi. Il tourna lentement la tête, tous ses sens aux aguets. Il inspira profondément et se tourna. Là, vers la droite, un petit bosquet. D'entre les arbres émanait une odeur animale, un chevreuil. Un repas.
Il commença sa traque à pas feutré. Il sentait leur excitation face à la chasse qui commençait. Eux aussi avaient faim et se réjouissaient d'un bon repas. Il se coula précautionneusement dans les ombres, se laissa tomber à quatre pattes pour rester dissimulé et s'approcha sous le couvert d'un buisson.
Il la voyait, sa proie. Un petit chevreuil. Un jeune, inexpérimenté, isolé, était venu se désaltérer à la mare qu'abritait le petit bois. Ses lèvres se retroussèrent en un sourire carnassier, ses pupilles se contractèrent. Il se ramassa sur lui-même, attendant le bon moment, celui où l'herbivore serait le plus vulnérable. Il n'eut pas à attendre longtemps. Inconscient du danger, l'animal baissa la tête pour s'abreuver. Il bondit brusquement. Le chevreuil n'eut même pas le temps de relever la tête. La dague avait trouvé sa gorge et le petit cervidé s'effondra au sol.
De la main, il calma sa chevelure surexcitée. Les sifflements s'apaisèrent. Mais il ne pouvait pas encore les laisser manger. Il fallait s'assurer que l'animal était bien mort et préparer le repas.
Il sourit. Il aurait assez à manger pour lui et ses serpents pendant plusieurs jours.
Contrairement à la croyance populaire, la vision de sa chevelure serpentine ne statufiait personne. Mais la peur avait tendance à pétrifier ceux et celles qui croisaient sa route. La transformation n'arrivait qu'à la condition qu'un de ses serpents morde la victime. Il avait gâché un certain nombre de proies ainsi, avant de réussir à maitriser sa chevelure.
Tout en continuant à dépecer le chevreuil, il repensait à tout cela. Il ignorait pourquoi il était comme cela. Il ne se rappelait pas de sa vie avant son réveil dans cette grotte sombre et humide. Il les avait sentis tout de suite. Après tout, ils étaient liés, lui et eux. Quelque part, ils ne formaient qu'un seul être. Et pourtant, lui et les serpents étaient des entités distinctes.
Une fois la viande découpée, il donna la becquée à ses reptiles, caressant doucement leurs écailles au passage. Il les sentait ronronner sous ses doigts. Ils étaient contents, repus. Il allait pouvoir manger à son tour.
Pendant qu'il faisait cuire son repas et commençait à se nourrir, il regarda en direction des montagnes, à l'Est. Il lui restait encore beaucoup de route mais il fallait qu'il aille à la recherche de ce sorcier. Il était le seul à même de lui apporter des réponses. Et ses questions étaient nombreuses.
Il fourra les restes de sa chasse dans son sac et se remit en marche.