![](/uploads/avatar/eb038dedeb0c4a2a9cac2d741ae0af51.png)
![COUP D'ÉTAT - Épisode 3](https://panodyssey.com/media/cache/765x325/uploads/article/fc411e9963006f16d3cb3af6e2f8b491.png)
COUP D'ÉTAT - Épisode 3
On Panodyssey, you can read up to 10 publications per month without being logged in. Enjoy9 articles to discover this month.
To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
COUP D'ÉTAT - Épisode 3
Le fermier était honorablement connu dans le comté et son geste sidéra tout le monde, le père des triplés le premier. Charles de Beauregard, fraîchement démobilisé, avait choisi ce moment précis pour rentrer définitivement dans sa demeure. La fille ne mit pas fin à ses jours comme l’avait espéré Maxence, mais elle en demeura irrémédiablement simplette et incapable de prononcer le moindre mot. Malheureusement pour lui, ragots aidant, Charles de Beauregard ne tarda pas à apprendre que son fils avait fauté avec elle. Sans voir une quelconque relation de cause à effet entre le décès du père et l’état de la pauvrette, l’inflexible militaire rentra dans une colère folle en apprenant la chose. Il déboula dans l’écurie où Maxence s’amusait à contraindre Jean à briquer ses bottes crottées après une de ses sorties. Charles chassa d’un geste peu amène son palefrenier, agacé par cette démonstration de servilité.
La rage et l’instabilité des sentiments qu’il éprouvait, le mettaient hors de portée du pouvoir de Maxence, trop surpris par son irruption pour réagir. Le Comte ne le blâma pas tant d’avoir troussé une fille de ferme, mais de s’être fait prendre. Il s’empara de sa badine et se mit à en cingler son fils. Clémence, alertée par les cris mentaux de son frère, déboula comme une furie et s’interposa entre eux. Son talent lui permit de stopper net l’ire de son père, lequel se sentit bien confus sa cravache à la main et étonné que son fils gise à terre devant lui. Il le releva, l’enjoignit d’aller nettoyer ses plaies - comment avait-il pu se blesser ainsi ce maladroit - et alla vaquer à ses occupations comme si de rien n’était. Clémence ne relâcha que partiellement le contrôle qu’elle exerçait sur lui, il lui fallait être certaine que le souvenir de l’altercation s’estompe totalement. C’était la première fois qu’elle usait de son pouvoir avec autant d’intensité. La tête lui tournait et elle sentait venir une méchante migraine.
Maxence demeurait prostré, adossé au mur de l’écurie. Il se releva soudainement, ignorant les douleurs dues à ses plaies et ses contusions. Clémence perçut la haine qui montait en lui comme une vague et tenta instinctivement de le calmer comme elle venait de le faire avec leur père. Peine perdue, son pouvoir semblait sans effet sur lui. Elle usa de la parole et de l’emprise qu’elle exerçait bien malgré elle sur lui pour le persuader d’en rester là. Maxence lui jura que l’incident était clos, mais il bouillait de rage et ne comptait pas laisser impuni le geste de son père. Il laissa filer un bon mois pour endormir totalement la défiance de Clémence. Le temps nécessaire pour fomenter son plan. Il pouvait sans problèmes causer à son père un arrêt cardiaque ou l’entraîner dans une chute fatale, mais Clémence et Gabriel auraient vite éventé la supercherie. Il fallait trouver autre chose. C’est alors qu’il eut l’idée : cela devait se passer sur le lieu même de son martyre. Et il ferait en sorte que durant ses derniers instants, son géniteur comprenne pourquoi il se mourait… Son juste châtiment serait exécuté par l’être qu’il chérissait peut-être plus que sa femme et ses enfants.
Maxence se persuada que son père n’éprouvait aucune affection pour lui et que son acte était plus que légitime. Un soir qu’il revenait d’une visite en ville, Charles de Beauregard trouva l’écurie bien vide. Jean, pourtant toujours prompt à accueillir son maître pour l’aider à desseller sa monture, était curieusement absent. Le comte ne s’en émut pas outre mesure, mais en bon militaire, il nota dans un coin de sa tête de le rappeler à l’ordre. Alors qu’il déposait la selle qu’il venait d’ôter, il sentit son cheval piaffer avec une vigueur inhabituelle. Avant d’arriver au château, il avait pourtant donné des signes d’indolence, qui pouvait faire croire que les lieues parcourues durant la journée l’avaient un tant soit peu fatigué… Ce fut la dernière pensée cohérente qui traversa l’esprit de Charles de Beauregard lorsqu’il s’était retourné.
L’équidé se mit à rouler des yeux hagards, à écumer à foison et il se démena pour briser la lanière qui le maintenait attaché dans son box. Effrayé par ce comportement inexplicable, Beauregard recula face à la furie de l’animal. Ce dernier se mit à se dresser sur ses jambes arrières, brisant le lien qui l’entravait et il chargea l’homme. Ses sabots s’abattirent sans pitié sur lui, Beauregard n’eut pas le temps d’esquisser la moindre tentative de fuite. Frappé au torse et au ventre, il tenta de se rouler en boule pour se protéger. Mais son bourreau n’entendait pas en rester là et s’acharna à viser la tête. Beauregard parvint à esquiver une première attaque, mais la seconde le sonna pour le compte. Loin d’être satisfaite, la bête furieuse s’acharna sur son visage qui éclata bientôt comme un fruit trop mûr. La scène n’avait pris que quelques minutes.
Alertés par le bruit, Gabriel et Clémence firent irruption en même temps dans l’écurie. Clémence poussa un cri déchirant et s’écroula sur le corps de son père. Gabriel resta les bras ballants, incapable de la moindre réaction. Il parvint à grand peine à regarder le cheval. Hormis la sueur qui recouvrait ses flancs, nulle trace chez lui d’une quelconque agressivité. Lorsque Gabriel s’empara de sa bride pour le remettre dans son box, il n’opposa aucune résistance. Clémence sanglotait au-dessus du cadavre de son père. Leur mère arriva à son tour et avisant la scène, elle défaillit sur-le-champ. Ses deux enfants se précipitèrent auprès d’elle. Gabriel la souleva et la porta dans sa chambre. Pendant que Clémence demeurait à son chevet, il se chargea tel un somnambule de faire emmener le corps de leur père dans la chapelle, où il entreprit de le veiller la nuit durant. Tout comme Clémence, passé le choc qu’ils éprouvaient tous deux, il se demanda où était Maxence. Un de leurs chevaux manquait effectivement à l’appel et cela pouvait signifier qu’il était une nouvelle fois parti en chasse. Sans lui, ce qui n’était pas dans ses habitudes... Était-ce dû à l’interdiction formelle de leur père de sortir ou jugeait-il qu’il ne valait décidément rien comme guetteur ?
Gabriel n’arrivait pas à se débarrasser d’un sentiment de malaise généré par ce tragique accident. La monture de leur père, qui l’accompagnait depuis plusieurs années, lui vouait une obéissance et une fidélité sans bornes. Quelle mouche avait piqué cet animal pour qu’il se transforme en tueur implacable ?
La suite prochainement dans l'épisode 4 !
![lecture](/build/img/icon/icon-lecture.b660bbfc.png)
![thumb](/build/img/icon/icon-comment-mini.92c17529.png)