Il lit. Lentement.
Il lit. Lentement.
Un silence subtil s’installe.
Puis, il s’arrête au milieu d’une phrase, relève les yeux vers moi et dit :
« C’est exactement ce que je voulais dire. »
Ce moment-là, je le connais : c’est le point où les idées trouvent enfin leur forme, où la pensée cesse de se débattre.
Ce qu’il ne voit pas, c’est le travail derrière.
Et c’est là que commence mon métier.
Je n’invente rien, c’est une mécanique fine : écouter, recueillir, disséquer, décanter, trier, comprendre.
Pour résumer, j’analyse...
Je prends ses mots bruts, ses hésitations, ses contradictions, et je les agence pour qu’ils disent ce qu’il pense, pas ce qu’il croit penser.
Tout ça se joue dans les détails : un rythme, une nuance, une respiration cachée.
Écrire, c’est choisir. Alors chaque mot est choisi avec soin.
Et choisir, c’est trancher. Pour être juste, là où il faut.
Parfois brutalement.
Parfois subtilement, comme une vibration qui s’installe sous la peau et fait sens sans qu’on sache pourquoi.
Alors oui, je suis prête-plume.
Un métier souvent sous-estimé.
Pourtant, c’est de la précision, du rythme, de la cohérence.
C’est laisser l’autre se reconnaître dans un texte qu’il n’a pas écrit lui-même.
Quand il relève la tête et qu’il dit « c’est moi », je sais que j’ai réussi.
Parce qu’à ce moment-là, ma présence disparaît.
Et la langue, elle, respire enfin comme elle aurait toujours dû le faire...

Crédit Photo : IA Adobe Firefly
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