Il était une fois un petit loup qui s’appelait Pipoli.

Jusqu’à présent, il n’avait jamais eu de soucis, mais malheureusement, cette année à l’école, les autres louveteaux s’étaient mis à l’appeler « Pipioli ».

Alors Pipoli, très triste, mais aussi très en colère, répondait en criant : « Je m’appelle Pipoli, pas Pipioli ! »

Mais le pire, c’était que depuis que ses camarades l’appelaient Pipioli, il s’était remis à faire pipi au lit la nuit… comme un bébé !

Un jour, il dit à ses parents en pleurant, alors qu’ils lui changeaient encore une fois ses draps pleins de pipi :

— Mais ce n’est pas de ma faute ! C’est juste qu’ils m’ont jeté un sort !

Sa maman regarda alors son papa d’un air un peu surpris et lui répondit :

— Un sort ? Peut-être que tu devrais aller voir ta grand-mère Louvoyante. Elle connaît absolument tout sur les mauvais sorts !

Pipoli regarda sa maman avec de grands yeux, et une lueur d’espoir au fond de son cœur :

— Grand-Mère est une sorcière ?! dit-il, émerveillé.

Lorsque le week-end arriva, il fonça chez sa grand-mère et lui raconta toute l’histoire.

Celle-ci, après une pause d’environ… heu… une très longue pause, lui répondit :

— Bon, c’est bizarre cette histoire. Mais tu sais quoi ? Je vais te prêter ma baguette magique, et comme ça, tu pourras jeter des sorts toi aussi.

— Jeter des sorts ?! 

— Tout à fait. Pour jeter un sort sur un prénom, il suffit de dire le vrai prénom et le prénom modifié tout en agitant ma baguette…

— Et hop ! Après ça marche !

— … Après rien du tout, Pipoli, tu ne m’as pas laissé terminer ! Après, il faut que l’enfant sur qui tu as jeté le sort répète le surnom ou la moquerie, et qu’un troisième enfant fasse pareil. Il faut au total que l’insulte soit prononcée par trois personnes différentes pour que la magie fonctionne.

— D’accord ! C’est facile ! répliqua Pipoli, sûr de lui.

Et il repartit chez lui avec la baguette magique.

Le lendemain à l’école, à peine arrivé, on l’appela : « Pipioli ! Pipioli ! ».

Et il hurla « Je m’appelle Pipoli, pas Pipioli ! ».

Rouge de colère, il arrêta ensuite de crier, observa attentivement les enfants qui l’avaient embêté et se mit à lancer des sorts à tout va :

— Patachou est aussi gros qu’un chou !

— Lilipouss suce encore son pouce !

— Zatipupu a les pieds qui puent !

— Lélé ne connaît pas son alphabet !

— Lolichanchan est toujours méchant !

Et ainsi de suite. Il disait tout ce qui lui passait par la tête, se vengeait de tous ceux qui l’appelaient Pipioli. Et à vrai dire, même de ceux qui ne lui avaient rien fait.

Certains enfants trouvaient cela très marrant, et ils le suivaient en répétant bêtement. Tant et si bien que la magie opéra avant la fin de la journée sur tous les enfants qu’il avait insultés.

Autant dire que c’est une bonne partie de l’école qui rentra en pleurant ce jour-là.

Sauf Pipoli, qui rentra chez lui très content.

Mais pendant la nuit, il se réveilla dans son lit tout mouillé… Alors lui aussi il pleura comme une madeleine dans les bras de maman loup. Puis, tout en parlant longuement à ses parents, il se rappela tout d’un coup comment fonctionnait le sort, et il s’exclama :

— Mais ! Normalement, peut-être que si je ne dis plus jamais le méchant surnom qu’ils m’ont donné, le sort ne marchera plus !

Alors le lendemain, il partit à l’école déterminé, et il ne s’énerva pas de toute la journée, ou tout du moins, lorsqu’un enfant l’appelait Pipioli, il serrait les dents, ne répondait rien du tout, et ne répétait surtout pas cet horrible surnom.

Il rentra chez lui très fatigué, et cria un peu après les murs de sa maison pour faire partir toute sa colère. Finalement, après un bon repas dans le calme suivi de quelques câlins, il alla se coucher puis s’endormit comme un bébé… Mais sans faire pipi au lit !

Image de l'article générée à l'aide de DALL-E.

Si un-e illustrateurice souhaite dessiner sur cette histoire, ne pas hésiter à me le signaler, je partagerai l'illustration ici avec grand plaisir !