Congratulations! Your support has been successfully sent to the author
avatar
Stigmates

Stigmates

Published Dec 9, 2025 Updated Dec 9, 2025 Drama
time 19 min
0
Love
0
Solidarity
0
Wow
thumb 0 comments
lecture 3 readings
0
reactions


-Stigmates -

Camille Delille

« Quand il n’y a plus de solution, reste la vengeance »

Daniel Pennac

« Plus la patience est grande et plus belle est la vengeance »

Massa Makan Diabaté



Ma famille, mon cercle, ma vie, le « S »… Merci d’être là.

Merci aux Fatals Picards et à Indochine



Pleine lune, le bateau se balançait sous les étoiles. Mat regardait ce bateau de papier voguer sur ce petit cours d’eau… Il l’avait fait lui-même : il avait pris une feuille blanche de son imprimante, écrit ce qu’il avait à écrire dessus et plié la feuille en se rappelant des conseils de son grand-père maternel. Il commençait à sérieusement tanguer. Ces pliages de fortune allaient-ils passer la nuit ?

Mat observait les ondulations de l’eau autour de sa création. Qu’allait-il décider ? Laisser faire le destin ou lui donner un ultime coup de main ? Les mains jointes entre ses jambes, il tentait de rester calme, d’apprécier l’air frais et de rassembler ces idées. Dans quelques minutes, qu’importe son choix, il allait devenir un meurtrier.


20 ans avant.

Toute la famille était là. Ce qui devenait le devoir annuel pour Mat était respecté par la majorité des membres de la famille. Petites cousines, petits cousins, neveux, nièces, oncles, tantes, grands-parents…Sous le soleil, les embrassades, les tapes dans le dos, les verres de bières et de punch étaient tendus à qui le souhaitait. « Tu as changé, qu’est-ce que tu as grandi ! C’est ta copine ? Je ne t’aurais pas reconnu… » Toutes ces phrases, Mat les connaissait par cœur et il les appréciait ! Il était toujours heureux de revoir ses cousins, ses cousines avec qui il avait passé du temps quand il était en vacances chez ses grands-parents. Sous le soleil de juillet et les rires familiaux tout ce petit monde passait un excellent moment.

-Je t’ai pas dit ? Tobias passera nous voir cet après-midi ! Dit Mat à son frère Jérôme.

-Cool ! ça fait un bail qu’on s’est pas vu !

-5 ans… Répondit Mat.

Les deux frères ne se ressemblaient pas du tout. Jérôme, 24 ans, était grand, les cheveux bruns bouclés, les yeux marrons typiques de la famille paternelle. Mat, 16 ans, était plus petit que son frère, châtain et les yeux bleus.

Vers 16h Tobias arriva. Il ne faisait pas partie de la famille mais il en connaissait quelques membres. Une fois les salutations et les accolades faites, les 3 copains se mirent à une table un peu à l’écart pour discuter et boire un verre.

-Une bière Tobias ? Demanda Mat

-Yes ! Avec plaisir !

-Alors ? Quoi de neuf Tobias !? Interrogea Jérôme

-Ben, rien de spécial, j’ai trouvé un boulot comme informaticien à 15 minutes de chez moi et…

-Une petite Belote ?! ça vous tente les gars ?

Cousine Irène venait de faire irruption, un jeu de cartes à la main.

-Pourquoi pas ! Répondit Tobias.

-C’est parti ! Dit Irène

Ils commencèrent à jouer aux cartes.

-Tu comptes les points Tobias ? Demanda Mat

-Ok mais j’ai rien pour écrire…

-Tiens ! j’ai un stylo si tu veux, lui dit Irène en lui tendant son crayon.

-Et j’écris où ?

-Sers-toi de la nappe, elle est en papier, lui répondit Jérôme.

Leur partie fut interrompue quelques minutes plus tard par la tête de Tobias, écrasée par une main avec des ongles sales, là où il venait d’écrire le résultat de la précédente partie.

-ON N’ECRIT PAS SUR LA NAPPE !!!! LECHE !!! NETTOIE !!!!

Les yeux rougis par la pression, Tobias se débattait et essayait de se dégager de cette emprise. Les trois autres incapables de réagir et tellement surpris restaient figés sur leur banc. Enfin, après d’interminables secondes pour Tobias, la main se retira…

De nos jours

Mat se retourna vers sa voiture. Les bruits qui venaient du coffre venaient de cesser. Son regard se porta de nouveau sur son bateau. Le reflet de la lune était apaisant. J’ai demandé à la lune, et le soleil ne le sait pas. Je lui ai montré mes brulures et la lune s’est moquée de moi… Mat adorait chanter et il lui semblait qu’en cet instant, c’était la réponse la plus appropriée.



25 ans avant

Mat appuie sur le bouton power de sa console NES et le jeu de football WORLD CUP se lance sur l’écran du salon. La partie est intense, Mat est tantôt debout, tantôt assis. Les doigts crispés sur la manette rectangulaire, il enfonce les boutons afin de déclencher sa spectaculaire attaque de tir retourné.

On sonne à la porte. Sa mère va ouvrir et il est là. En short et tee-shirt sale, il est debout devant la porte d’entrée.

-Tu veux faire une partie ? Demande Mat. Il est trop heureux d’avoir trouvé un partenaire de console.

-Si tu veux, lui répond-il.

Il vient s’assoir dans le fauteuil en face, prend une manette et entame une partie en un contre un. Mat joue sa vie chaque seconde qui passe mais il n’arrive pas à déclencher sa super attaque. Il aurait tellement aimé lui mettre une raclée… Le jeu se termine : 2-1. Mat a perdu. Il saute du canapé et se laisse retomber si fort qu’une latte du canapé vint se briser. Sa mère arrive en hurlant et en le disputant. Il est puni et incompris. Mat ne voulait pas « simplement gagner ».


De nos jours

Et comme le ciel n’avait pas fière allure et que je ne guérissais pas, je me suis dit « quelle infortune » et la lune s’est moquée de moi… Mat continuait de chanter en regardant son navire de fortune. Tellement fragile face à tout ce qui l’entoure. Il en était arrivé là. Seul. Il n’avait pas eu besoin d’aide. Jamais personne ne lui avait donné de l’aide, pourquoi en aurait-il besoin aujourd’hui ?

BOUM. BOUM. BOUM.

Il entendait ce bruit sourd de temps à autre depuis qu’il était arrivé.

-Tu n’es pas dans le rythme ! Lança-t-il.


12 heures avant

Il reconnut l’endroit. 20 ans qu’il n’était pas revenu. Les lieux avaient changé. Une nouvelle route, de nouveaux bâtiments mais l’essentiel était là : lui.

Il avait tout répété depuis si longtemps. Enfin, il y était. Il avait tout prévu pour que tout se passe le plus vite possible. Mat se gara, prit sa batte de baseball et descendit de sa voiture. Il vint se placer devant la porte d’entrée, sonna et se décala à droite de la porte. Il entendit les chaussons frotter contre le sol, il vit la poignée se diriger vers le bas et la porte s’ouvrir. Une silhouette apparut : malgré l’âge il le reconnut, il n’avait pas changé.

La silhouette, surprise de ne voir personne fît deux pas en avant. Tout son corps était à l’extérieur à présent. La batte de baseball fendit l’air et vint s’abattre sur le crâne de la silhouette. L’opération ne se déroula pas comme prévu : du sang apparut sur le haut du crâne mais le corps ne s’effondra pas.

-Qu’est ce qu…. Le regard hébété, il se tourna vers Mat. Je..

Deuxième coup de batte. Le bon cette fois-ci. Sa tempe fut écrasée par le bois, le corps perdit l’équilibre et s’écrasa au sol. Mat saisi les jambes et le tira jusqu’à sa voiture.

En 15 minutes, Mat déshabilla entièrement le corps, utilisa du scotch haute sécurité pour lier les poignets et les chevilles, musela la bouche et le mit en position du fœtus dans son coffre. Mat remonta dans sa voiture, l’a mis en route et tourna le bouton de l’autoradio.

C’était l’été, il avait chaud. Il venait de beaucoup suer et… Il était heureux ! Malheureusement, personne avec qui partager sa joie. Il se trouvait dans le trou du cul du monde et c’était son histoire. Il devait lui-même écrire la fin.


De nos jours

J'ai demandé à la lune, si tu voulais encore de moi, elle m'a dit "j'ai pas l'habitude de m'occuper des cas comme ça"… Mat avait le regard dans le vide. Pas de retour possible. A la lueur de la lune et de la lampe torche de son Iphone, il se leva, se dirigea vers sa voiture et ouvrit le coffre.

-Mmmmmhhhhh !!!!

-Excuse, je prends une canette de coca. Désolé. Je pensais les avoir mises sur la banquette arrière…

Mat sorti une canette qui se trouvait juste à côté de la tête de la silhouette et il referma le coffre.

-T’inquiète pas, c’est bientôt fini ! Dit Mat.


5 heures avant

Mat roulait depuis plusieurs heures maintenant. On est, tu sais, seul à sauver. On est, tu sais, seul à s’aimer. On est, tu sais, tout seul… tu sais…chantait l’autoradio. La vie était belle. Il pensait à sa vie de jeune adulte et d’adulte. Il avait maintenant 36 ans. Il était marié et avait 3 enfants magnifiques. Toutes les bonnes choses ont une fin et Mat préférait écrire le dernier mot plutôt qu’un destin trop clément s’en charge.

Dans moins d’une heure il arriverait à destination. Au bord de cette rivière, à côté de cette falaise, il serait bien. Non, ilS seraiENT bien.


7 jours avant

Mat, sa femme et ses enfants étaient invités à déjeuner chez les parents de Mat. Tout le monde était à table en train de se restaurer.

-Il faut que je vous parle à toi et ton frère. Dit le père de Mat. C’est concernant l’héritage de papy et mamie. Nous devons voir pour la division des bâtiments agricoles et…

-Fait comme tu veux papa. Franchement je m’en fous, lui dit Mat.

-Oui mais c’est important, l’idée c’est de faciliter le rachat des bâtiments à votre oncle. Il n’a pas trop d’argent. Si on peut lui faciliter la rachat…

-Mat vient de te le dire papa, tu fais comme tu veux, nous on s’en fout ! Si tu veux lui céder tes parts : tu le fais. Renchérit Jérôme.

Cette dernière phrase résonna dans la tête de Mat : « On s’en fout »… On s’en était foutu toute sa vie. On pouvait continuer un peu, non ? Mat regardait ses enfants boire du sirop de citron. C’était décidé, comme son père voulait faciliter la vie de son oncle, Mat allait faciliter sa propre vie.


De nos jours

Le bateau tanguait dangereusement. L’embarcation commençait à absorber l’eau. Des tâches d’encre se répandaient ici et là. Mat sirotait son soda et continuait de chanter sa chanson. « Et toi et moi, on était tellement sûrs et on se disait quelquefois que c’était juste une aventure et que ça ne durerait pas… » Il n’avait jamais compris les paroles de cette chanson et ce soir, sous la lune, à côté de lui, elle devenait une évidence.

Il se dirigea vers sa voiture et ouvrit le coffre. Le corps ne bougeait plus. Mat vint positionner son index sous le nez de la silhouette. De l’air circulait. Un regard noir apparut, il fixait mat avec toute la haine dont il disposait.

-Tu as l’air contrarié ? J’espère que tu n’as pas trop été balloté dans le coffre ? Tu remarqueras que j’ai voulu quand même prendre soin de toi ! Je t’ai mis à poil afin que tu n’aies pas trop chaud et te rappeler le bon vieux temps. Tu te souviens ?

-Mmmmhhhh !!!!

Il y a 26 ans

-Allez, on va rentrer du bois ! Tu vas te mettre ici et tu nous passeras le bois !

-D’accord tonton ! Répondit Mat.

Mat n’aimait pas trop le travail manuel mais il n’avait pas trop le choix dans cette famille. Ils étaient trois. Mat, son oncle et sa tante. Du haut de ses 10 ans Mat rapprochait le bois vers sa tante. Au bout de 2 heures sa tante lui dit

-Mat, tu as déjà vu le zizi d’un homme ?

-Non ! Il n’a jamais dû en voir ! Hein Mat ? Intervint son oncle.

-Regarde, ça ressemble à ça ! Dit sa tante et joignant le geste à la parole baissa le short de son mari.

De nos jours

Mat entamait un des derniers couplets : « Je n’ai pas grand-chose à te dire et pas grand-chose pour te faire rire. Car j’imagine toujours le pire et le meilleur me fait souffrir. » Mat était devant le coffre, debout. La silhouette, tapie dans l’ombre, le fixait avec rage et folie.

-Ça fait un bail hein ? 20 ans… ça passe vite. Bon tu as vu, on est loin de chez toi ! Dit Mat en regardant le ciel étoilé. Ça doit te changer, toi qui ne sors pas beaucoup… !? Je me suis dit que tu serais content de voir du paysage après toute une vie à trimer !

Mat le fixait de nouveau. Il avait un regard plein de bonté et d’empathie et une mine désolée.

-Je vais te détacher les pieds pour que tu puisses sortir du coffre. Ne cherche même pas à t’enfuir… Regarde !

Mat lui montra une laisse qu’il vint attacher au collier qu’il lui avait mis autour du cou.

-C’est un collier étrangleur ! Tu sais ce que c’est. Ne tire pas trop dessus…

Le regard qui brillait dans le coffre changea. La haine fit place à la surprise. Mat coupa le scotch au niveau des chevilles et la silhouette se déplia. Mat tira un petit peu sur la laisse pour lui rappeler qu’il ne devait rien tenter.

-Tiens, mets-toi à genoux ici, intima Mat.

La silhouette s’exécuta.

-Les cailloux et les branches doivent faire un peu mal aux jambes… Enfin j’espère !

-Mmmmhhh…

-Tu dois te demander ce que tu fais ici… Te faut-il réellement une explication ? En fait je ne pense pas t’en fournir ce soir. Je vais simplement te dire que ce soir tu vas mourir.

Le regard de la silhouette changea de nouveau pour faire place à la peur. « Et toi et moi, on était tellement sûrs et on se disait quelquefois que c’était juste une aventure et que ça ne durerait pas… » La chanson touchait à sa fin dans la tête de Mat.

-Enfin je vois ce regard ! Mat le fixait avec intensité. Jamais il n’avait ressenti ça. Le pouvoir et la peur.

La silhouette commençait à bouger ses jambes. Mat tira sur sa laisse. Les crochets du collier pénétrèrent un peu la chair. De fines gouttelettes de sang apparurent. La silhouette prit peur et se projeta sur son ravisseur. Mat fit un pas de côté et tira d’un coup ample et sec sur la laisse. Cette fois-ci, le collier s’enfonça plus profondément dans le cou. Un bout du collier étrangleur pénétra profondément dans la carotide.

-Je t’avais pourtant dit de ne pas bouger, dit Mat d’une voix calme.

-Mmmmhhh…

La silhouette se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Le sang jaillissait de son cou.

-Tu viens de te tuer ! Putain !!! Je voulais te proposer de choisir ta mort et toi… Tu choisis une troisième voie !

Sous la lueur de la lune, la silhouette devenait de plus en plus pâle. Mat le toisait de toute sa hauteur.

-Tu ne m’étonnes même pas… Toujours à passer entre les mailles du filet !

Il s’effondra à plat ventre sur le sol. La tête sur le côté.

-Mmmmhhh…

Le regard de la silhouette devenait de moins en moins intense pour laisser place au vide. Mat le regarda mourir. Il vint ensuite lui retirer le scotch restant et le collier étrangleur. Il lui remit son short et son tee-shirt puis il roula le corps jusqu’au bord du ravin et le poussa.


Il y a 26 ans

A la lisière d’une forêt, une fin d’après-midi de juillet.

-Bon ça y est on a fini ! La silhouette regarda et se félicita du travail bien fait.

-Cool ! On va pouvoir rentrer manger ? Demanda Mat.

-Attends… D’abord regarde.

Le regard de Mat de figea.

-Ne t’inquiète pas ! Tu peux toucher si tu veux… Lui dit-il en lui prenant la main…


Feuille de l’imprimante / Origami du bâteau

Aujourd’hui tonton est mort

Son cœur battait hier encore

Il aura traversé le temps

Loin des soucis, loin des tourments

Aujourd’hui tonton est mort

Son cœur battait hier encore

Il est parti petit bonhomme

Sans fleurs, ni justice, ni couronne

Tonton était un homme bien

Pour qui le connaissait de loin

« Tu ne diras rien à tes parents »

Me disait-il en s’éloignant…

Fin



lecture 3 readings
thumb 0 comments
0
reactions

Comments (0)

You must be logged in to comment Sign in

Are you enjoying reading on Panodyssey?
Support their independent writers!

Prolong your journey in this universe Drama
Islamisme
Islamisme

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joieTelle anagramme dérangeante de "...

Bernard Ducosson
1 min
Garde-à-vue
Garde-à-vue

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joieAntichambre de la prison : une d...

Bernard Ducosson
1 min
Contrariété
Contrariété

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie...

Bernard Ducosson
1 min
Compassion
Compassion

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joieOffrande aux malheurs d'autrui,...

Bernard Ducosson
1 min
Impuissance
Impuissance

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joieDans tous les cas pour un gars p...

Bernard Ducosson
1 min
La tâche
La tâche

Des mois qu’elle passe devant cette boutique qui l’intrigue, qui l’interroge qui parfois l’obsède. Comment peut-e...

Emilie Yelow
15 min

donate You can support your favorite writers

promo

Download the Panodyssey mobile app