Mars 2020, le discours du président de la République, je rentre de mon travail exténuée comme d'habitude, ma deuxième journée m'attend , je prépare le repas du soir quelque chose de rapide et qui plaira à tout le monde parce que satisfaire les goûts de chacun n'est pas une mince affaire mais j'essaye malgré tout.Mes enfants sont excités pas d'école pendant un mois et moi j'ai un mauvais pressentiment qu'est ce que c'est cette histoire, j'ai l'impression que ça durera plus longtemps.Le weekend arrive je propose aux enfants d'aller à la librairie pour acheter des livres et des jouets, un de mes enfants n'est pas très enthousiaste,je lui dit à mon avis c'est votre dernière sortie et peut être plus qu'un mois. Tout de suite son visage devient sombre , il accepte de nous suivre . J'oublierai jamais cette sortie, les adultes regardaient mes enfants comme s'ils étaient un virus sur pattes . Un regard plein de mépris et de méchanceté. J'ai fait vite , rentrons à la maison.

Juste après mon ex mari qui appelle plein de gentillesse et si on emmenait les enfants chez tes parents ,ah bon je crois que c'est vraiment une mauvaise idée.

Je fais partie du corps paramédical, rester à la maison c'était pas prévu pour nous. Le confinement était pour les autres, j'étais envieuse, parce que j'aime mon métier je vais peut être finir sacrifiée, c'est la guerre non , et pendant la guerre les soignants ne rechigne pas.

J'essaye d'apprendre sur ce Covid 19, je regarde les chaînes d'information pendant 24h ça m'a suffit pour avoir une crise d'angoisse la nuit, j'ai jamais eu une crise d'angoisse de toute mon existence, dès 8h du matin j'appelle ma mère, elle m'a remis sur les rails, qu'es ce que tu nous fais? ça mérite pas de l'angoisse tout ça, il faut rester confiant. J'ai repris des couleurs, merci maman. C'était mon besoin de réconfort, d'être rassurée, et qui peut me le permettre à part ma mère.

Les masques on les porte pendant le service à l'hôpital et même après. Une collègue passionnée de couture nous a fabriqué des masques en tissu selon les normes. Ça c'était avant l'arrivée des masques en tissu aux supermarché.

J'avais peur de l'attraper, je décortiquais tout mes faits et gestes si je respectait bien une hygiène au top.

Tout ce que j'achètais , était désinfecté, et mes habits direct la machine à laver dès que je rentrais chez moi.

J'avais peur de l'attraper parce que j'étais seule avec mes enfants, il fallait que je tienne pour eux . Et il fallait que je tienne pour ne contaminer personne au travail.

J'ai respecté le confinement pour mes enfants à la lettre , pas de sortie heureusement qu'il y avait Netflix. Mais après deux mois sans activité physique ni marche ni rien du tout, leur première sortie était triste, ils avaient mal partout, effrayés surtout le plus jeune au moindre bruit.

J'ai eu un pincement au cœur, qu'es ce que j'aurais pu faire je voulais les protéger.

J'aimais courir le weekend, mais l'impression d'être un hamster faire des petites boucles, je ne dépassais pas la distance de 1km même pas à un mètre près. Je mettais tantôt le masque tantôt pas , comment courir et prendre plaisir avec autant de restriction, j'avais pas le choix c'était mon moment à moi .

L'école à la maison au secours, après mes journées de travail, il fallait travailler les cours avec mon enfant au CP qui mettait en doute toutes mes réponses, j'arrivais pas à suivre le programme et dès que son école en mai était proposée pour les enfants de parents soignants ou excercants quelques métiers précisés, j'ai sauté sur l'occasion, il faut que mon enfant se resocialise rapidement et retrouve un semblant de vie scolaire normale.

J'ai toujours gardé espoir,mais un espoir étouffé, flou par rapport à l'avenir avec cette pandémie. Toute la terre est touchée, l'attente des chiffres chaque jour , combien d'hospitalisations,  combien de réanimations.

La peur, le déni, le deuil d'une vie d'avant, l'espoir d'un retour à une vie normale, tout était imbriqués.