C’est au détours d’une visite à la cathédrale Saint-Gatien de Tours que la curiosité est attirée, comme parfois, par une inscription, parmi quelques autres, au crayon noir sur l’un des dais de la façade occidentale.
On peut lire :
Trait (marque de charpente ?) T
Tarrible Georges
dit Montauban
Pas de chance
Ouvrier charpentier
Beaumont
Parti pour (illisible) le (illisible)

Forcément il y a là matière à éveiller la curiosité et la magie d’internet permet en quelques clics d’avoir quelques éléments de réponses sur ce citoyen.

Sur le site du Grand Mémorial du ministère de la Culture à la rubrique des registres militaires on retrouve donc la trace d’un dénommé Odet Georges Tarrible né le 27 avril 1869 à Beaumont (Tarn-et-Garonne) et exerçant la profession de charpentier. On apprend ainsi qu’il mesure 1,76m, qu’il a les cheveux et sourcils châtains, le nez moyen et la bouche grande, et qu’il sait lire, écrire et compter. Georges Tarrible est réformé le 22 novembre 1890 par la commission spéciale de Seine et Oise pour « infirmités », il a en effet des « varices volumineuses à la jambe droite ».
On retrouve sa trace à Reims où il est condamné par le tribunal correctionnel en date du 1er juillet 1903 à 25 francs d’amende pour délit « d’entretien de concubinage au domicile conjugal ».
Le 21 avril 1915 Tarrible est classé en service auxiliaire (non-combattant) par le conseil de division de la Seine. Il réside alors au 158, rue de la Croix Nivert à Paris. Il sera libéré définitivement du service militaire le 30 novembre 1918.
A partir de là d’autres recherches restent à faire…

Odet Georges Tarrible n’apparait pas dans la base généalogique du musée du compagnonnage de Tours (ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas Compagnon pour autant). Cependant, la manière de signer en ajoutant « dit » Montauban pas de chance laisse penser une certaine connaissance des usages compagnonniques.
Il ne signe pas « Compagnon Charpentier » mais « ouvrier charpentier » et son surnom « Pas de chance » ferait plutôt penser à un diminutif propre au groupe des charpentiers Renards Libres, Joyeux et Indépendants.

La marque de passage, le graffiti au crayon ou gravé dans la pierre est le témoignage d'une existence, d'une vie. Elle témoigne de la volonté de laisser une trace, un nom, un statut et de dire aux passants : "Voyez ! je suis vivant et demain vous vous souviendrez de moi en lisant mon nom."

Georges Tarrible, dit Montauban pas de chance, natif de Beaumont, était ouvrier charpentier, et fier de le faire savoir.

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