Le Poème Inachevé
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Le Poème Inachevé
ALAIN 5 BA’ABA
Le poème inachevé
Poésie
"Dieu a créé des hommes inachevés dans un monde inachevé pour les laisser être. Les hommes doivent se réaliser eux-mêmes"
Jacques Duquesne
Alain 5 Ba’aba
texte protégé !
Tel: 656 39 89 81
© Mai 2020
Toute reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par le code de la propriété intellectuelle.
Le poème inachevé
I
Je connais Balanda, une fillette abandonnée par ses propres parents.
Vous vous imaginez que l’on puisse un jour laisser son propre nez par terre, son petit cœur au sol dans la poussière ?
C’est ainsi que j’ai connu Balanda.
Bien-sûr, je connais Balanda, je connais aussi Micca, fille d’une migrante, elle fut adoptée par un père qui fit d’elle une esclave sexuelle,
Elle n’avait que cinq ans !
Je connais aussi plein de petits garçons et de nombreuses petites filles qui portent sur leurs si petites épaules le poids millénaire d’un monde qui leurs brise les os.
Il y a tant de noms, tant de Balanda et Balanda n’est qu’un nom d’enfant, un nom pour tous ces gosses qui pleurent.
C’est ici que le poème se met en marche !
II
Par tous les enfants de la terre, j’implore tolérance et pardon pour ne plus briser les innocences !
La plus grande force est dans la force d’aimer !
Le poème est en marche,
Mon poème est une sorte de parole saccadée,
Qui a mal de marcher à travers cette prose mal agencée,
Se heurtant contre des douleurs fraîches comme celles sur le Robb du Texas,
Il patauge dans cette broussaille ignorée, où sans les voir, l’on entend pleurer une multitude d’enfants.
Dans cette forêt des pleurs,
Le poème s’arrête pour observer et pour voir :
Il y a des traces de luttes sur le front du NOSO, des luttes atroces !
L’herbe a une coloration rouge au Yémen ; tant de sang a été versé,
Et tous ces enfants qui pleurent de faim en Somalie, appellent leurs mamans,
Ils appellent leurs parents
Qui les ont fait tomber dans la course.
III
Je crois qu’il y a erreur. Je tiens mon poème fort dans la main,
Je le serre fort pour qu’il ait la force de continuer.
Oui ! Je répète ! Je crois qu’il y a erreur. Personne n’écrit jamais un poème qui marche.
Le mien marche tellement qu’il m’échappe. Ce qui se passe réellement c’est que mon poème est en larme,
Il pleure son impuissance, de ne pouvoir conforter ces enfants.
Voilà l’erreur : normalement, un poème ne pleure pas. On l’écrit juste, et on le lit simplement.
De nombreux enfants tombés, et dans leurs larmes, je nomme celles de Balanda.
IV
Le poème observe de toute part, cherche et fouille
Dans cette forêt monstrueuse, le poème cherche,
Mais ne retrouve aucun de ces enfants.
Dans la forêt du génocide rwandais ; cette broussaille difficile, le poème cherche,
Retournant la broussaille,
Dans ce brouhaha de pleurs, mon poème cherche,
Puis, subitement, à Kiev, sous un arbuste ensanglanté, il trouve Balanda; des pleurs d’agonie.
Elle devrait avoir quinze ans, deux trous sur le front...
La respiration haletante, comme un cœur frêle qui souffre, qui s’arrache, qui se meurt,
Balanda mourut de l’affrontement des Peulhs contre leurs frères Dogons, devant ce poème écarquillant des yeux.
IV
A ceux qu’on a fait tomber dans la course,
Comment enterre-t-on un enfant, lorsqu’on n’est qu’un poème ?
Choqué, mon poème se mit à suivre une piste semée parmi la broussaille,
Une si longue piste qui s’allongea longtemps, et qui le mena jusqu’à la pirogue.
C’était de longues nuits de marche à travers les sillons ensanglantés des champs de guerres, esquivant des poignards surgis vifs de vives querelles.
C’était une piste lugubre et sombre où gisait des cadavres sans tombe,
Et le poème marchait, regardant les vautours et les chiens errant raffolant des viandes de la désolation,
C’était une piste imprononçable à travers laquelle certains hommes avaient mis en cavale d’autres hommes,
Et c’était cette longue piste pleine d’effroi, qui mena le poème jusqu’à la pirogue.
C’était la longue piste de fuite de ceux qui avait fait tomber leurs enfants dans la course.
Nagasaki était à nouveau habitable ; il fallait rattraper les déplacés, leur dire que la guerre était terminée,
Que leurs enfants étaient seuls,
Les pauvres enfants de Tripoli et ceux des Yézidis sont seuls.
V
Mon poème saisit la pirogue, la poussa dans cette eau immense, et prit place.
Ne sachant se diriger, il dit à la vague :
« Montre-moi les parents de Balanda ».
La vague se jetant sur la pirogue, relata au poème :
« (…) Ils ne sont pas partis à cause de la guerre,
Ils sont partis bien avant la guerre, laissant seule leur fillette,
Pour cela, nous les vagues, avions renversé leur pirogue ! (…) »
La vague continua, et raconta toute l’histoire de Balanda.
Puis, elle indiqua au poème le lieu des parents des autres enfants de la forêt des pleurs,
Afin qu’il aille quêter leur courage pour aller sauver leurs progénitures déchirés par la broussaille.
Ce qui chagrine dans la course folle ou dans la fuite,
Ce n’est jamais souvent ce que l’on trouvera au-devant de soi,
C’est que l’on est préparé à boire n’importe quel autre breuvage que celui qui nous a mis en cavale.
VI
Le poème navigua,
La pirogue bondit,
Jusqu’à ces pays-là ;
Il existe des pays fermés, qui vous larguent un « non ! » à la figure de votre race, de votre sexe, de votre religion...
Et l’on fait courir des nations, des tribus, des familles,
Et tant de Balanda victimes !
Ne laisserons-nous pour l’avenir qu’un bien-être en lambeaux ?
Un avenir aux mille pneumonies, un monde aux poumons fébriles ?
Quels sont ces terroirs où même l’oxygène a mal ?
Ces pays dont les enfants meurent d’asphyxie,
Ces pays en ébullition dont la haine entre les habitants empeste à des kilomètres ?
Ces Amazonies en feu où la faune et la flore rêvent de changer de pays,
Qu’allons-nous donner à l’avenir si nous lui avons tout volé ?
J’aimerais tant, que les habitants des pays insulaires, lancent des fleurs à l’eau en guise d’hommages aux riverains inconnus ;
Comme j’aime les pays aux bras ouverts,
Qui embrassent l’étranger comme on embrasse le frère !
Le poème, dans ces pays, se raconta face aux parents des enfants de la forêt des pleurs,
Mais, tous refusèrent de retourner sur leurs pas.
VII
Le poème nomma un seul pays qui soit sans frontière, sans race, sous le contrat de la dignité des âmes : l’HUMANITE.
Un pays où l’Arc-en-ciel est plus beau,
Trousseau de dignité, liberté conquise, humains réconciliés,
S’aimant, s’acceptant, dans l’humanité qui se rassemble !
Chaque différence est une mine d’or, c’est ce qui fait que l’humanité ne soit pauvre !
Chacun y est unique, c’est ce qui fait que l’humanité se ressemble !
Il faut des écoles d’amour où l’on enseigne aux cœurs l’architecture de l’HUMANITE !
Vie et paix, pour l’humanité qui tolère !
Joie et abondance aux quatre coins de la terre !
Le poème tourna la pirogue,
Et fit chemin vers la forêt des pleurs, afin de sortir tous ces enfants de leurs larmes,
Vers ce pays de liberté.
Sauver tous les rescapés des exodes tristes, les Balanda.
Mais, sur les vagues du chemin, le poème disparut
Peut-être fut-il noyé, mangé par un requin,
Ou alors peut-être erre-t-il encore perdu dans la mer immense.
Ce poème, missionnaire des âmes en peine,
Ce poème jeté à l’eau,
Naviguant afin que plus jamais, aucune course ne fasse qu’une humanité abandonne une autre !
Une humanité unie et forte autour des valeurs humaine.
Loin des hérésies, ce poème demande force et courage pour rester debout quand soufflent les vents de la déraison.
Comment dire ce poème disparu
Dont il faut prolonger la lumière,
Vers l’humanité qui se rassemble ?
J’écris ces paroles en l’endroit des personnes qui ont encore du cœur,
Afin de tous se mettre ensemble, pour parachever l’œuvre du poème !
Postface :
Ce petit livre, prémonitoire au projet Balanda, vise à mobiliser de par le monde la famille des personnes engagées pour la préservation des droits de l’homme. Au Cameroun, une équipe de jeune s’est mobilisée déjà avec une vision cohérente et parfaite dans cette marche qui appelle l’humanité toute entière :
Surtout, ne pas laisser un être humain derrière, relever tous ceux qui tombent ou qu’on laisse tomber dans la course. Cet immense projet vise d’abord les enfants. En effet, avec la guerre et la famine dans le monde, l’insécurité grandissante et les maladies, les enfants représentent la couche de la population la plus exposée, surtout si ceux-ci viennent à se retrouver sans parent, sans tuteurs.
Notre ambition est de fournir à tous les enfants un cadre de croissance adéquat.
Plusieurs enfants portent les séquelles de la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, et plusieurs autres dans les régions de l’extrême Nord, menacés par Boko Haram. De nombreux enfants désœuvrés, qui perdent si tôt le goût du rêve et de l’espoir. Nous souhaitons réparer tous ces cœurs en délestage en commençant par notre pays, en espérant trouver des personnes qui partagent notre ambition pour mieux nous étendre partout dans le monde.
Vous pouvez vous joindre à nous, vous pouvez parrainer nos activités, vous pouvez nous faire confiance. Au moment où tout se met en place, nous lançons cet appel pour mobiliser une plus grande équipe avant la mise sur pied effective du projet. Vous pouvez rejoindre l’équipe ou obtenir plus d’information en contactant les adresses indiquées sur ce document.
© Alain 5 Ba’aba
Tel: 656398981
Email : alain5baaba@gmail.com
Mai 2022
Le poème inachevé
« J’écris ces paroles en l’endroit des personnes qui ont encore du cœur,
Afin de tous se mettre ensemble, pour parachever l’œuvre du poème ! »
Alain 5 Ba’aba, de son vrai nom Alain Abanda, est un jeune camerounais passionné d’écriture et de slam. Il est l’auteur d’un recueil de poésie intitulé « Pourquoi ? », publié en 2017 aux Editions Soleil. Formateur, il donne régulièrement des ateliers de poésie et de slam dans les espaces culturels de la cité capitale. Passionné par le social, il multiplie de nombreuses actions très souvent isolées pour que l’être humain se sente « Homme » partout. L’homme de lettre est aussi un habitué de l’univers entrepreneuriale et professionnelle, où il se construit continuellement en travaillant auprès des entreprises de son pays. Ses travaux artistiques gardent toujours ces empreintes de défenseurs des droits humains.
William Gosset 2 years ago
Bonjour Alain,
Merci pour votre publication. Je voulais vous conseiller de mettre des tags, sans #, à la fin de votre publication, afin d'aider vos lecteurs à retrouver facilement votre article.
Merci beaucoup.
Juste Alain Abanda 2 years ago
Merci William