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L'apocalypse(... et à la fin restera le verbe)

L'apocalypse(... et à la fin restera le verbe)

Published Jan 10, 2022 Updated Jan 10, 2022 Culture
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L'apocalypse(... et à la fin restera le verbe)

Pour commencer mes publication de nouvelles, je vous propose ce texte, faisant partie d'un recueil que j'ai écrit à l'âge de 19 ans... ha, la jeunesse !

 

An deux mille cent vingt-neuf, six juillet, quatre heure A.M.

PC principal.

- Vérification première phase !

- Ok !

- Hyper-générateur ?

- Ok !

- Turbines ?

- Ok !

 

Le Général Straydu poussa un soupir. Jour J moins quatre. Il aurait voulu être plus vieux d’une semaine.

D’autant plus que… Toujours ce truc dans la tête. Une question qui l’empêche de dormir, ou bien qui l’éveille en sursaut, le corps baigné de sueur. Et là, il cherche ce qui a bien pu le tirer brutalement de son sommeil. Mais il ne trouve pas. Et il reste, assis dans son lit, fixant le vide, comme pour en extorquer une réponse. Et comme rien ne vient, il attend que le jour se lève. Il essaie de ne pas penser pour trouver l’apaisement. C’est comme toutes les nuits depuis le début. Le sentiment d’avoir oublié quelque chose d’important.

À tel point même qu’il refuse parfois de s’endormir. Juste par peur de s’éveiller avec la même angoisse qui lui tenaille le ventre, avec la même question : j’ai oublié quelque chose… quoi ?

Peur de s’endormir par peur de s’éveiller, stupide !

Et là, il vérifie, contre-vérifie, sur-vérifie, inlassablement. Mais il ne trouve rien.

Et puis maintenant, c’était décidé. J moins quatre. Le monde entier avait tranché. Ou plutôt les dirigeants du monde entier. Il y a vingt ans. Pas de regrets. Et puis, de toute façon les regrets…

 

 

Yoko était en train de jouer dans les champs quand le Gyro se posa près de la ferme. « Tiens, de la visite ! »

La fillette de huit ans se précipita vers le véhicule.

Trois « Monsieurs »  d’allure sévère descendaient du Gyro. Ils étaient drôles, tous les trois habillés « pareil ».

Avec un costume sombre fermé jusqu’en haut et une médaille qui représentait un soleil.

Le plus vieux d’entre eux s’avança :

- Dis-moi fillette, tu habites cette maison ?

Yoko se tourna vers la ferme.

Ils sont bêtes, se dit- elle, c’est la seule maison du coin ! Où est-ce que j’habiterais ?

Elle fit un signe affirmatif de la tête. Pas la peine de se donner le mal d’ouvrir la bouche !

 

- Nous voudrions voir ton papa ! reprit le monsieur.

 

Il était bizarre ce monsieur, il se tenait très droit, comme s’il avait mal quelque part.

 

- Mon papa, il est aux champs ! répondit Yoko.

 

Les trois messieurs éclatèrent de rire.

Le fermier Dubridge, trente-huit ans, race blanche, était le DERNIER fermier du globe. Une sorte de réfractaire un peu fou qui mangeait les produits de sa ferme !

« Être aux champs », cela faisait longtemps que le major Straydu n’avait pas entendu cette expression.

C’est vrai qu’il y avait des champs alentour. Pas des champs oxygénants, des champs avec des légumes, des fruits, des céréales. Des champs d’herbe avec même des animaux.

Et au beau milieu des champs, cette vieille bâtisse, une ferme à stabulation libre, comme on en faisant dans les années 1970. Un vestige de l’ancien temps. À très haut indice de pollution.

Une cheminée avec de la fumée, un comble. Une insulte à la civilisation !

 

Il avait fallu passer d’erreurs tragiques en erreurs tragiques pour en arriver là.

Les grandes crises économiques des années deux mille, la surpopulation, le chômage. Tous les ans des catégories entières de professions disparaissaient, supprimées par la galopade effrénée de la technologie. Les paysans d’abord, puis les ouvriers des usines, l’automatisation détruisait peu à peu la volonté des hommes.. on avait conquis le cosmos, les mers, pas une once de la surface du globe n’était restée vierge.. et on avait trouvé que l’ennui.. il n’y avait plus aucune matière première…il fallut aller chercher dans l’espace les minéraux qui manquaient.. pour construire des habitations souterraines, des habitations aériennes , sous- marines..

Chacun avait une case d’habitation et un code d’espace vital… contrairement à ce que les futurologues avaient prédit, le globe n’était pas devenu une gigantesque zone urbaine… on avait pris soin de limiter l’étendue des villes à quatre cent kilomètres de diamètre.. mais toute l’humanité vivait dans ces villes démesurées et monstrueuses…

On avait préservé d’immenses «  zones vertes » pour renouveler l’atmosphère terrestre qui s’appauvrissait et s’empoisonnait peu à peu…

Les hommes qui pour la plupart d’entre eux n’avaient plus aucune activité professionnelle, passaient leur temps, pour lutter contre l’ennui, à se livrer aux « arts »…

Imaginez la Rome décadente à l’échelle du monde !

 

Les cases dans lesquelles on vivait étaient devenues des «  prisons ».

On avait le droit de sortir bien sûr, mais qui donc en aurait eu l’envie ?

Dans ces cases on avait tout à portée de main : cuves hydroponiques individuelles, télé-cinéma relié au central par ordinateur ; chacun pouvait communiquer avec chacun et personne ne sortait de «  chez soi ».
Sauf peut-être pour les relations sexuelles….

La prostitution avait, elle aussi, changé de visage : fini les hôtels de passe, fini les « trottoirs brûlants ».. les prostituées font du porte à porte ; foulard rouge autour du cou ( signe de reconnaissance obligatoire) elles sonnent aux portes.. l’occupant appuie sur un bouton et voit l’image sur son «  écran- portier ».. sourire.. oui… entrez.. le reste n’a pas changé ! …

On peut tout voir et tout savoir de chez soi..
Alors ! Pourquoi sortir ?

D’autant plus qu’il est dangereux de sortir car les classes défavorisées n’ont droit qu’à une case d’habitation que douze heures par jour et, le reste du temps, les hommes errent dans les rues ; comme les manifestants du vingtième siècle..

Sans compter avec les bandes de voleurs, pilleurs, et délinquants en tous genres..

 

Yoko observait les fourmis ; c’était peut- être comme cela que l’on vit dans les villes… un flux serré sort d’un petit trou tandis qu’un flux identique entre par un autre…

En fait, elle se force à observer la fourmilière, elle la connaît par cœur..

Mais elle ne veut pas entendre ce qui se passe dans la maison : sa maman qui pleure ; son papa qui crie, le grand monsieur sévère qui crie encore plus fort :

« Ecoutez Dubridge, vous étiez le seul homme au monde à bénéficier de ce régime de faveur par dérogation exceptionnelle ! il est de l’intérêt du monde entier de récupérer la zone que vous occupez…

 

«  Je ne dis pas le contraire, Major, mais pourquoi ? Quelle est cette fameuse » grande réalisation » ?..

« Vous voulez me chasser de chez moi et vous ne voulez pas me dire pourquoi »…

« Vous le saurez en temps voulu, coupa le Major ; la réalisation de ce projet prendra une quinzaine d’années et je n’ai pas le droit de vous en dire plus pour l’instant… nous vous avons réservé un module d’habitation de première catégorie, vous ne manquerez de rien ! vous bénéficierez d’un confort mille fois supérieur à tout ce que vous pouvez imaginer, vous n’aurez pas à travailler, vous aurez tout à votre disposition .. même votre fille sera prise en charge par le central éducatif.. et puis de toutes façons, vous n’avez pas le choix..

Yoko, qui avait entendu qu’on parlait d’elle, était entrée dans la maison…

-«  Qu’est- ce que c’est que le central éducatif ? dit-elle avec une pointe d’inquiétude.

Sa mère la prit dans ses bras :

-«  Ce n’est rien, tu verras…

-«  Tu y seras très bien, ajouta le Major Straydu, il y aura des centaines de petites filles de ton âge avec qui tu pourras jouer… »

- «  Mais moi.. je veux rester avec papa et maman…

 

Alors, un fou génial, un illuminé de la technologie avait eu une idée..

L’idée la plus folle, la plus colossalement absurde, la plus monstrueuse que l’esprit humain ait jamais pu concevoir..

Oh ! Bien sûr, on en avait parlé dans les romans de « Science-fiction », mais sans donner de détails et, surtout, en traitant le sujet avec dérision..

Un jeune Major diplômé de l’Institut omnisciences avait commencé un marathon qui devait durer plus de vingt ans..
Un gigantesque et épouvantable chemin de croix..

 

Yoko, ne sachant pas très bien si elle devait pleurer, regardait ses parents s’éloigner ; elle ne les reconnaissait plus ;

Ils avaient des vêtements bizarres, une tête bizarre.. ils s’éloignaient d’un pas souple sans regarder derrière eux..

Ils n’osaient pas regarder derrière eux..

Déjà, une immense foule d’enfants entourait Yoko.. Le plus spectaculaire était le regard des enfants devant la longue chevelure de Yoko..

Les enfants n’avaient jamais vu des cheveux aussi longs ; ils ne soupçonnaient même pas que cela puisse exister… par mesure de précaution sanitaire, on rasait le crâne des enfants…

La fillette, effrayée, cherchait tout autour d’elle un adulte qui la protégerait….

Mais elle ignorait qu’il n’y avait pas d’adultes…

Le central éducatif était relié à l’ordinateur central qui s’occupait de tout : éducation, apprentissage de la vie quotidienne, alimentation etc …il n’y avait aucun encadrement ; la discipline était automatiquement respectée, du moins, en principe, car l’ordinateur ne connaissait pas la pitié.. mais hélas, l’ordinateur ne voyait pas tout. Cette vaste communauté d’enfants était livrée à elle-même ou plutôt, à l’ordinateur.. cela, les parents de Yoko l’ignoraient.

Bien qu’âgée de huit ans, Yoko avait été affectée dans un département du central éducatif regroupant les enfants de dix à quinze ans.

 

En effet, la place manquait ailleurs…

Elle se fit violer trois fois avant d’apprendre à se servir d’un couteau…

 

 

Rien de plus qu’une vie morne, faite de dépravation, de laisser aller, d’oisiveté.

Les hommes engraissaient dans des proportions désastreuses… le poids moyen de chaque individu était de cent trente kilos..

L’abondance alimentaire et l’inaction entraînaient une obésité généralisée, et, bien que la plupart des maladies aient été vaincues depuis longtemps, l’espérance de vie diminuait..

Les meurtres étaient nombreux, certes, mais ce qui décimait le plus la population, c’étaient les maladies de cœur.

Le cœur humain n’était pas capable de s’adapter à l’envahissement de l’organisme par les tissus graisseux et, l’artério- sclérose, l’infarctus et toutes les maladies dérivées opéraient des ravages que les débordements sexuels ne faisaient qu’augmenter…

D’autant plus que soixante quinze pour cent de la ration alimentaire des hommes était composée d’éléments aphrodisiaques surpuissants.

Sans compter les suicides..
La vie… avec rien dedans… c’est très long..

Alors !.... pas de solution :

L’ennui, l’obésité, les cœurs trop fragiles…

L’ennui….

 

 

«  Réfléchissez.. reprit le major Straydu ; c’est la solution à tous les problèmes de la civilisation : l’ennui, les journées qui paraissent trop longues, l’incapacité de mouvement provoqué par l’obésité.. les cœurs qui lâchent.. tout !.. ».

L’Etat Major était silencieux..

Au début, on l’avait pris pour un fou ; mais maintenant, il expliquait.. et c’était logique..

Alors ? …

 

Alors, petit à petit, il avait gagné la partie.. on avait conçu ce projet ;

Le projet le plus dément qui puisse être conçu.
On avait répertorié les zones d’implantation des turbines géantes ; tout autour du globe..

On avait commencé à construire :

  • sous-terre les centres de contrôle..
  • - A la surface les pylônes de huit cent cinquante mètres de haut..
  • Cinq pylônes par turbine , et trois turbines par centre de contrôle.. tout autour du globe…

 

La jeune femme, grande, belle, foulard rouge autour du cou, sonne… sourire vers la caméra…

-«  Entrez !...

Encore un adipeux ! se dit-elle.. de toutes façons, il n’y avait que des adipeux…

Mais celui là, il était particulièrement énorme ; une masse informe qui transpirait…les yeux injectés de sang.

Il doit avoir pris une sérieuse dose d’aphro se dit- elle encore.. Ca promettait d’être « dur »..
Elle sourit en pensant au jeu de mots qu’elle venait de faire involontairement…

-«  Comment t‘appelles tu ? «  dit l’homme.

- «  Yoko ! »

-«  Quel âge ? »

-«  Vingt huit » !...

 

Le général Straydu ( tout ceci lui avait valu ce grade) ; le général donc, reprit le «  check-list »… Heure  « H » moins deux… encore trois cent soixante vérifications et des milliers de turbines seraient mises à feu pour exactement quarante sept secondes … tout autour du globe…

 

Le vieux Dubridge était en train de mourir….le cœur…l’aorte avait claqué…le muscle cardiaque en fibrillation….

Rien à faire ! … un paysan… ça crève de devenir un robot !!...

 

Yoko fatiguait… jamais elle n’avait rencontré un client qui soit si long à conclure.. il ahanait puissamment, soufflait, gémissait et transpirait… Quelle vie !

 

Inquiet le général Straydu.. sûr d’avoir oublié quelque chose d’important… trop tard pour revenir en arrière.. plus que trois minutes…

 

Le vieux Dubridge poussa son dernier soupir.. un cadavre de cent cinquante kilos…

 

Ca y-est, se dit Yoko..

L’homme haletait de plus en plus fort.. pourvu qu’il n’y laisse pas sa peau se dit- elle encore….

 

Mise à feu ! Attention !

dix.. neuf.. huit.. sept.. six.. cinq.. quatre.. trois.. deux.. un.. top !

...

Mon Dieu ! Quel bruit !!

C’est cela qu’on a oublié.. le bruit !

...

J’espère que ça ne va pas faire trop de…

 

Le vieux Dubridge était mort..

Un cadavre ça n’entend pas…

 

Qu’est ce que c’est que ce boucan ! se dit Yoko… mais c’est insupport…..

 

Partout sur la planète, le bruit.. un bruit fondamental.. le plus épouvantable fracas qui ait jamais été émis.. comme cent mille millions de bombes atomiques… un bruit absolu, définitif, quasi cosmique, insoute...

 

Il avait du mal à se souvenir de son rêve.. juste quelques détails..

… Bon le ciel et la terre.. les galaxies… l’univers.. l’homme..

Et puis d’autres détails encore plus insignifiants … il avait rêvé longtemps.. sûrement !.. il avait rêvé qu’il créait le monde.. plein de choses, des océans, des continents, des montagnes et des vallées, des animaux de toutes sortes.. puis des hommes, qui vivaient, pendant des milliers d’années , n’importe comment !

Un peu confus ce rêve ; mais pas mal.. cela faisait comme si tout avait existé..

Et puis il y avait eu ce bruit..

Oh ! Pas un gros bruit, mais un bruit tout de même………..

Alors… alors, Dieu s’était éveillé et avait cessé de rêver…..

 

OH MON DIEU… QUELLE FARCE !

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