

J'ai appris (poème)
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J'ai appris (poème)
J’ai appris que les tragédies
Sont le début de toute histoire
Qu’il y a dans chaque frisson une mélodie
Posée sur le guéridon de la mémoire
Que la vie n’est qu’un pli
Dans le long vêtement du réel
Qu’il faut parfois que les autres nous oublient
Pour que tout semble illuminer le ciel
J’ai appris que le vent souffle toujours
Dans le sens de la nuit
Qu’il ne suffit pas de quelques brins de jour
Pour que la clarté sorte du puits
Que parfois il faut aller chercher loin l'eau
Comme si la soif était un maître avide
Que le désert est trop souvent en notre peau
Comme un soleil brûlant aux voies arides
J’ai appris que l’existence n’est pas un fleuve
Plutôt un torrent destructeur
Une coulée de douleurs emportant tous les rêves
Appris que l’univers ploie sous le poids des couleurs
Que ce qui vient des hommes est gorgé d’esclavage
Que le monde n’accueille pas la miséreuse liberté
Mais qu’il englue la vie dans un pétrin sauvage
Où tous les horizons sont mélangés
Comme d’étranges rivages.
J’ai appris qu’il faut savoir être vrai
Pour ôter tout artifice aux paysages
Que le sourire parfois est le seul secret
Dans lequel repose tout un visage
J’ai appris que la lumière se tend
Vers l’avenir comme un arc de bois tendre
Que la musique n’est pas vraiment ce qu’on entend
Plutôt ce que le feu laisse derrière lui de cendres
J’ai appris que les braises ne naissent pas du sang
Mais de la pierre vivante où toute sueur se pâme
Qu’au dos de cette roche le parfum de l’homme absent
Rompt l’écueil aveuglant de la rime sans âme.
© Khamylle-Abel Delalande
in L'immobilité de la danse
Janvier 2020

